Les propositions d’amendement à la Sugar Industry Efficiency Act font la part belle au sucre importé. L’introduction d’une section facilitant le raffinage et la réexportation de ce sucre pourrait mettre l’industrie locale en péril, selon certains détracteurs.
L’initiative d’Omnicane d’importer 42 000 tonnes de sucre brut destinées à la réexportation pourrait être pérennisée dans les textes de loi. Dans les amendements à la Sugar Industry Efficiency Act (SIEA) en préparation, le ministère de l’Agro-industrie suggère l’introduction de tout un paragraphe pour faciliter le raffinage de sucre importé. Un paragraphe propose même d’annuler le monopole de la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) sur le stockage du sucre raffiné localement et celui du Syndicat des sucres comme agent chargé de la vente de ce même sucre.
L’amendement à la SIEA propose l’ajout d’une nouvelle section 15 intitulée «Fostering value addition and refining in Mauritius». Selon les dispositions de cette section, le raffinage du sucre importé se fera pour satisfaire les besoins locaux, optimiser les capacités de raffinage et encourager la réexportation vers les pays du COMESA et la SADC. La section précise également que le sucre, s’il est destiné à la réexportation, sera considéré comme un produit du port franc.
Des changements qui reflètent fidèlement la stratégie adoptée par le groupe Omnicane, qui avait causé des remous en décidant d’importer 42 000 tonnes de sucre pour sa raffinerie, sans consulter personne. Auparavant, ce rôle revenait au Syndicat des sucres qui importait pour combler les éventuels manques de la raffinerie d’Omnicane et Altéo. Omnicane vise également le marché des pays membres du COMESA. C’est à travers le port franc que le groupe a choisi de réexporter son sucre pour bénéficier des avantages fiscaux.
« Les deux raffineries ont une capacité de 350 000 tonnes», explique une source. « La production locale peut satisfaire cette capacité. Maintenant, si ces deux raffineries veulent raffiner leur propre sucre, cela gênera l’industrie.» Cette source rappelle qu’en 2009, avec la décision de miser sur la valeur ajoutée à travers le sucre blanc, les deux raffineries devaient servir pour toute l’industrie locale.
C’est surtout le dernier paragraphe de la section qui suscite l’émoi des planteurs : «Section 7 of the Mauritius Cane Industry Authority Act shall not apply to sugar transformed under this section.» La section 7 de la MCIA Act stipule que la MCIA détient le monopole du stockage et du transbordement du sucre raffiné localement.
« Cette section protège l’industrie locale », explique Salil Roy, président de la Planters’ Reform Association.
« Cette importation pouvait être faite par le Syndicat des sucres. Les revenus du raffinage seraient revenus à toute l’industrie. Dans un tel cas de figure, les revenus iraient au seul raffineur. »
Le Défi Quotidien a sollicité Devesh Dukhira, directeur du Syndicat des sucres, pour une réaction sur ces changements, mais il n’a pas souhaité commenter. «Le Syndicat des sucres n’a pas été consulté de ces changements que vous évoquez», a-t-il toutefois précisé.
Salil Roy remet aussi en question l’éligibilité du sucre importé pour le certificat d’origine. Ce certificat est décerné aux produits comprenant 35% de valeur ajoutée locale, ce qui leur permet d’être exportés vers les pays du COMESA à travers le port franc. Or, sur la page Facebook ‘Mauritius Finance’ est justement mis en exergue : «To promote regional trade flows, the COMESA and IOC Rules of Origin should be amended so that the minimum local added value required for a product to qualify as ‘originating’ be reduced from 35% to 25%». De quoi inquiéter davantage les planteurs, d’autant que Ken Poonoosamy, directeur du Board of Investment, a déjà indiqué qu’il verrait d’un bon oeil que Maurice se transforme en plaque tournante du raffinage du sucre importé, à l’image de Singapour pour le pétrole.
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