Le président de la Blood Donors Association, est mal à l’aise avec la décision du ministère de la Santé de permettre à certaines cliniques privées de stocker du sang.
Il sollicitera une rencontre dans les prochains jours avec Anil Gayan pour en discuter.
La banque de sang est dans le rouge. Il n’y aurait que cinq jours de stock. Comment expliquez-vous cette situation ?
À la Blood Donors Association (BDA), je dois dire que nous sommes assez perplexes. Car, pas plus tard que la semaine dernière, on parlait d’un stock de 1 400 pintes. À lundi, il y en avait apparemment moins de 500. Normalement, la banque de sang a besoin d’au moins 150 pintes par jour pour pouvoir fournir tous les hôpitaux publics.
Récemment, une clinique privée a fait savoir, à travers la presse, qu’elle stockait du sang dans ses services. Cela n’est-il pas la prérogative de la banque de sang ?
Effectivement, la nouvelle nous a un peu pris de court. Nous ne sommes qu’une association qui aide le ministère, selon les moyens dont nous disposons, pour sensibiliser les Mauriciens afin qu’ils deviennent des donneurs volontaires. Une telle décision des autorités compromet nos efforts.
Vous estimez que le ministère aurait dû consulter la BDA ?
Oui. C’est nous qui faisons la sensibilisation. Le plus gros travail est abattu par nous. Quoique nous n’ayons aucun ‘say in the matter’, nous aurions quand même apprécié d’être mis au courant. De plus, la banque de sang étant un département extrêmement important sous la tutelle du ministère de la Santé et de la Qualité de la Vie, nous pensons qu’elle devrait conserver et gérer la totalité de son stock.
Avez-vous partagé vos appréhensions avec les autorités concernées ?
Oui. Nous avons eu une rencontre avec les responsables de la banque de sang. Cette question a été évoquée. Il y a eu des éléments de réponse, sans plus.
Et, avec le ministre de tutelle ?
Pas encore. Nous allons le solliciter pour une rencontre.
Qu’est-ce qui vous dérange concernant cette facilité offerte aux cliniques privées ?
Déjà la facturation de ce sang pose problème. Un donneur régulier inscrit à la banque de sang a certains privilèges, dont le fait qu’il ne paie pas pour sa pinte. Est-ce que les cliniques privées prennent ce fait en considération ? On apprend aussi que les cliniques vont eux-mêmes faire le ‘cross matching’. C’est un service payant que la banque offre normalement aux cliniques. Donc, il y a un manque à gagner pour l’État. Il y a aussi le fait qu’il risque d’avoir un gaspillage avec des pintes inutilisées qui seront retournées à la banque en sachant que la durée de vie d’une pinte n’est que de 35 jours.
À part un donneur régulier, qui sont ceux qui ne doivent rien débourser pour leur pinte de sang dans le privé ?
La famille proche d’un donneur, qui aurait fait au moins cinq fois don de son sang, bénéficie aussi de ce privilège. De même que les patients qui ont besoin de transfusions régulières et les personnes du troisième âge.
Comment la BDA sensibilise les Mauriciens à donner leur sang volontairement ?
Quand l’association des donneurs de sang a été créée en 1998, il n’y avait que 25 % de donneurs volontaires. Aujourd’hui, nous avons atteint la barre des 90 %. Notre objectif, c’est qu’en 2020, nous ayons 100 % de donneurs volontaires. Aujourd’hui grâce à nous, il y a le ‘Mega Blood Donation’ annuel où nous recueillons au minimum 1 500 pintes en une seule journée. L’idéal pour nous serait qu’un jour personne n’ait à payer pour une pinte de sang et qu’il y ait un donneur par famille.
Nous ciblons actuellement les jeunes et les femmes. Beaucoup de personnes ne savent pas ceci : quand on fait un don, le sang est remplacé dans les 24 heures. Faire don de son sang permet de lutter contre les maladies et les risques qu’une personne soit atteinte de thrombose, diminue sensiblement. Une personne, qui donne son sang au moins cinq fois, a moins de risque d’être terrassé par une crise cardiaque. Nous lançons un appel aux autorités pour que le groupe de sang soit inscrit sur la carte d’identité, le permis de conduire et le passeport.
Êtes-vous satisfait de la manière de fonctionner de la banque de sang ?
Elle travaille de façon très professionnelle. Elle est d’ailleurs certifiée ISO 9002. Tout le système est informatisé. Il serait aussi temps de revoir les heures d’ouverture de la banque de sang. Actuellement, la banque de sang s’ouvre à 8 h 30 et ferme à 15 h 30. Beaucoup de personnes ne peuvent venir pendant ces heures. Il serait bien que les autorités en appellent aux centres commerciaux pour qu’ils aménagent un lieu en vue de la collecte de sang après les heures de bureaux.
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