Les victoires électorales impressionnantes d’un nouveau président de gauche et de son parti ont bouleversé le paysage politique du Sri Lanka. Cependant, les nouveaux dirigeants de cette île en manque de liquidités réalisent rapidement qu’il est bien plus facile de faire des promesses électorales que de les tenir. C’est ce qui ressort d’un article de la BBC, publié le 1e janvier.
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La victoire remarquable d’Anura Kumara Dissanayake à l’élection présidentielle en septembre a été rapidement suivie par un raz-de-marée de son alliance, le National People's Power (NPP), aux élections législatives.
Alors qu’une nouvelle année commence, lui et ses partisans espèrent faire de ce moment un tournant pour le pays, qui tente de se remettre d’une crise économique dévastatrice et de plusieurs années de mauvaise gouvernance.
Cependant, leur marge de manœuvre pour tenir les engagements pris envers les électeurs, qui attendent beaucoup de ce nouveau gouvernement, demeure très limitée.
Depuis l’effondrement financier de 2022, la reprise économique reste fragile, et le Sri Lanka est encore loin d’être sorti d’affaire. En novembre, le NPP a remporté 159 sièges sur les 225 que compte l’Assemblée, obtenant ainsi une majorité des deux tiers sans précédent, offrant à Dissanayake un mandat clair pour entreprendre des réformes économiques et constitutionnelles majeures.
Cependant, dès que les résultats ont été annoncés, le nouveau président a dû se préparer à une rencontre avec une délégation du Fonds monétaire international (FMI), avec lequel le gouvernement sortant avait négocié un plan de sauvetage de 2,9 milliards de dollars (2,31 milliards de livres sterling).
Cet accord avec le FMI est devenu controversé, car il a entraîné des mesures d’austérité sévères, des hausses d’impôts et des réductions des subventions énergétiques, impactant durement la population.
Pendant sa campagne, Dissanayake et son alliance avaient promis de renégocier certaines clauses de l’accord avec le FMI. Mais dans son discours devant le nouveau parlement, il a opéré un revirement.
Le verdict écrasant des électeurs en faveur du NPP est perçu comme l’aboutissement d’un soulèvement populaire déclenché par la crise économique. Ce soulèvement a renversé le président Gotabaya Rajapaksa à l’été 2022, lorsque le Sri Lanka a épuisé ses réserves de devises étrangères et peiné à importer nourriture et carburant.
Le pays avait précédemment déclaré faillite après avoir fait défaut sur sa dette extérieure, qui s’élève à environ 46 milliards de dollars. Parmi les principaux créanciers figurent l’Inde, la Chine et le Japon, qui ont prêté des milliards de dollars.
Les récents résultats électoraux reflètent également la colère de la population envers les partis politiques traditionnels – ceux des anciens présidents Mahinda Rajapaksa, Ranil Wickremesinghe et d’autres – pour leur incapacité à gérer l’effondrement économique.
« Une des priorités de Dissanayake sera d’apporter un certain soulagement économique à la population face à l’excès de taxation et à la crise du coût de la vie. La gestion de la dette représente un autre défi de taille », explique le professeur Jayadeva Uyangoda, analyste politique chevronné, à la BBC.
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