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Santé : Vers des soins modernes et centrés sur le patient en 2025

Anil Bachoo visite des h◄ôpitaux.

Le ministère de la Santé va intensifier ses efforts pour un service de santé plus efficient en 2025. Des avancées sont ainsi annoncées : greffes des yeux, modernisation des infrastructures, formation médicale renforcée et dialogue direct avec les patients pour une meilleure prise en charge et des soins adaptés. Les hôpitaux régionaux bénéficieront davantage d’autonomie tout en étant guidé par l’administration centrale du ministère. 

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Le ministère de la Santé met l’accent sur une approche centrée sur le patient (patient-oriented) pour améliorer la qualité des soins et renforcer la relation entre les patients et le personnel soignant. Parmi les initiatives notables, le ministère annonce la réalisation d’une première à Maurice : le greffe de l’orbite oculaire, ainsi que d’autres projets de modernisation des infrastructures et de renforcement des compétences du personnel médical.

Les hôpitaux mauriciens disposent désormais d’une autonomie administrative pour effectuer leurs propres approvisionnements sans dépendre excessivement de l’administration centrale. Le ministère de la Santé va continuer toutefois d’offrir des directives stratégiques pour orienter les établissements.

Avancées au NCC

Le National Cancer Centre (NCC) bénéficie d’améliorations majeures. Dès ce mois de janvier, une des quatre salles d’opération sera fonctionnelle pour des interventions courantes par des oncologues. Deux autres salles seront réservées à des chirurgies oncologiques complexes, comme les interventions neurologiques ou celles de la tête, du cou et des membres. Une équipe du Adyar Cancer Institute (Chennai) et une autre du Healthcare Global Enterprises Ltd (Bangalore) viendront régulièrement à Maurice pour effectuer des opérations spécialisées et former le personnel local. Une équipe multidisciplinaire continuera d’encadrer les patients atteints de cancer

Le ministère prévoit la réorganisation de plusieurs hôpitaux régionaux, notamment le SSRN Hospital à Pamplemousses, le Jawaharlal Nehru à Rose-Belle, et le Victoria Hospital à Candos. Le Brown-Séquard Mental Health Care Centre sera également modernisé. Une branche de l’hôpital ENT de Vacoas sera établie au SAJ Hospital, qui deviendra un « teaching hospital » comme prévu pour la formation post-graduée des médecins, en collaboration avec des institutions locales et internationales. Le ministère n’a pas souhaité attendre la deuxième phase du projet de construction de cet établissement pour lancer la formation des médecins.

Par ailleurs, des sessions de formation continue sont prévues pour renforcer les compétences du personnel médical. Le ministère vise à attirer des spécialistes mauriciens de la diaspora pour partager leurs connaissances et expériences. 

e-Health

Le ministère relancera le système e-Health pour une meilleure gestion des données médicales dans les différents centres de santé. Un numéro WhatsApp sera également mis en place pour recueillir les doléances des patients, facilitant ainsi le traitement rapide de leurs problèmes. Avec ces initiatives, le ministère de la Santé entend moderniser les services de santé et améliorer la prise en charge des patients tout en offrant des soins de qualité à l’ensemble de la population mauricienne.

Greffe des yeux

Pour la première fois, Maurice se dotera d’une banque des yeux et proposera des greffes oculaires, y compris la transplantation de la cornée. Ces interventions se feront à l’hôpital ophtalmologique de Moka, dont l’ouverture est prévue dans deux à trois mois. Une équipe d’experts étrangers formera les spécialistes mauriciens, et une branche de cet hôpital sera établie au SAJ Hospital pour offrir des services similaires.

Examens des décès suspects

Le ministère envisage de mettre en place un « mortality meeting », composé de divers médecins afin d’analyser les causes de certains décès, d’identifier les éventuelles lacunes ayant conduit ou précipité le décès du patient, et de favoriser la prévention. Ceux reconnus responsables d’éventuels manquements dans l’exercice de leurs fonctions, ayant entraîné la mort d’un patient, seront rétrogradés. Des sessions de formation sont prévues pour renforcer les compétences et l’expérience des médecins.

Un renforcement du système de santé plébiscité

Le Dr Abeeluck et Ram Nowzadick plaident pour un recrutement accru et une meilleure formation du personnel. Ils soulignent l’importance de la décentralisation, de la qualité des médicaments et de la révision des infrastructures pour un service de santé optimal.

La priorité du ministère de la Santé devrait être le recrutement du personnel. Le nombre actuel d’employés n’est pas suffisant pour accomplir toutes les tâches nécessaires dans les divers centres de santé, ce qui nécessite une meilleure planification du service, avec une vision plus claire, selon le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Association (GMDOA). Il espère que le nouveau ministre de la Santé prendra le temps de rencontrer les syndicats des employés pour écouter leurs propositions et mieux restructurer le système de santé en vue d’améliorer les services dans l’intérêt des patients.

De son côté, Ram Nowzadick, président de la Nursing Association (NA), plaide pour le renforcement de l’effectif du personnel afin d’offrir un meilleur service. Il rappelle que tous les établissements de santé satellites récemment construits doivent fonctionner à plein régime, avec le personnel et équipements nécessaires, pour garantir une prestation de qualité aux patients. « Il faut également veiller à la formation du personnel pour qu’il puisse dispenser des soins spécialisés », insiste-t-il.

Il est nécessaire de redynamiser le système de santé public, poursuit le Dr Abeeluck, que ce soit du côté administratif ou du personnel soignant, qui, selon lui, est démotivé. « Il faut remotiver tout le monde pour qu’ils retrouvent l’engouement nécessaire à leur travail, car le soin des patients ne sera pas à la hauteur sans cela », précise-t-il. 

Le Dr Abeeluck souligne également l’importance de se pencher sur les raisons pour lesquelles de nombreux patients se tournent vers les cliniques privées et pourquoi il y a autant de plaintes concernant le service de santé public. Pour lui, une table ronde serait nécessaire pour identifier les problèmes et chercher les solutions les plus appropriées pour améliorer le service et la qualité du système de santé public.

Le Dr Abeeluck suggère que le ministère de la Santé aurait tout à gagner en fournissant des médicaments de meilleure qualité, même s’ils sont plus chers. Il préconise également des analyses aléatoires des médicaments arrivant à Maurice, afin de garantir leur qualité et vérifier que le dosage des principes actifs correspond aux indications. Si ce n’est pas le cas, il recommande de radier le fabricant et de chercher un autre fournisseur. « Il faut instaurer ce type de mesures strictes », affirme-t-il, soulignant que les médicaments de qualité inférieure peuvent avoir des effets néfastes sur la santé des patients. 

Selon lui, améliorer la qualité des médicaments du service de santé permettrait d’éviter aux patients de se tourner vers les pharmacies privées.

Ram Nowzadick évoque aussi la nécessité d’éviter la duplication des services, citant l’hôpital de district de Mahébourg comme exemple. Ce dernier pourrait offrir davantage de services pour soulager et décongestionner l’hôpital Jawaharlal Nehru de Rose-Belle. « Il faut renforcer la décentralisation des services de santé et ainsi optimiser les services offerts par les divers centres de santé dans les différentes localités : Area Health Centres (AHC), Community Health Centres (CHC) et Mediclinics, tout comme les hôpitaux de district, notamment celui de Mahébourg ou celui de Yves-Cantin à Rivière-Noire », explique-t-il. De cette manière, les hôpitaux régionaux seraient mieux à même de gérer les cas urgents.

Personnel insuffisant

Réagissant aux propos du ministre de la Santé qui souhaite une prise en charge « centrée sur le patient », Ram Nowzadick explique qu’il est favorable à cette approche, mais que si le personnel est insuffisant et épuisé, cela affectera la qualité des soins et la concentration des soignants. « S’il pense qu’il y a assez de personnel, il se trompe. Dans moins de deux ou trois ans, le service va s’effondrer s’il n’y a pas un recrutement suffisant et une formation continue », affirme-t-il. 

  • defimoteur

     

 

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