Croissance
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2024 5,1 %
2025* Entre 4 % et 6 %
Une croissance de 4 % à 5 %. C’est ce que prévoit Sanjay Matadeen comme taux pour cette année. Manisha Dookhony s’attend, elle, à une croissance entre 5 % et 6 %. « Nous restons optimistes, car le tourisme fait bien ainsi que le secteur financier. Il faudra, cependant, apporter plus de valeur dans certains sous-secteurs comme l’assurance, la réassurance, le ‘fund management’, entre autres », soutient Manisha Dookhony. Elle prévient, toutefois, que la croissance dépendra aussi de la conjoncture internationale. De son côté, Vinaye Ancharaz se montre plus prudent et il table sur une croissance de 4,8 % en 2025. « Si le gouvernement relance les secteurs et réalise divers projets, on peut atteindre une croissance de 4,8 %. À la longue, la croissance atteindra sa moyenne d’avant la pandémie, soit de l’ordre de 3,5 % », fait-il ressortir.
Dette publique
2024 Rs 559,1 milliards (83,4 % en termes de PIB)
2025* Autour de 80 % du PIB
Vinaye Ancharaz ne se berce pas d’illusions. « L’ancien gouvernement se targuait que la dette était de 77,6 %. Or, d’après le rapport State of the Economy, la dette est de 83,4 %.
Malheureusement, la dette continuera d’augmenter. Le gouvernement devra mener une politique fiscale prudente. Il devra moins emprunter et contrôler la dette. Il est possible qu’il ramène la dette autour des 80 %. Si c’est en-dessous de cela, ce sera extraordinaire », souligne l’économiste.
Sanjay Matadeen penche lui pour une dette à plus de 80 % du PIB. « Divers fonds ont été vidés. Il faudra emprunter. La dette est donc appelée à rester au-dessus de la barre des 80 % du PIB », avance Sanjay Matadeen. « Le gouvernement va essayer de réduire la dette. L’argent que le pays obtiendra pour les Chagos peut aider en ce sens. On s’attend aussi à ce que le gouvernement rééchelonne une partie de nos dettes », ajoute, pour sa part, Manisha Dookhony. Il est important, poursuit-elle, d’identifier de nouvelles sources de revenus, comme l’imposition des taxes sur le jeu en ligne, les achats en ligne, entre autres.
Inflation
2024 3,7 %
2025* De 3,5 % à plus de 5 %
Sanjay Matadeen tout comme Manisha Dookhony prévoient que l’inflation dépassera la barre des 5 % cette année. « Avec les nouveaux tarifs que le président Trump souhaite mettre en place, il faudra s’attendre à des effets inflationnistes à l’international. Certaines de ces propositions vont aussi renforcir le dollar cette année et, par conséquent, mettre notre roupie à risque. Comme nous importons une grosse partie de nos produits, cela risque de créer de l’inflation importée », fait ressortir Manisha Dookhony. Vinaye Ancharaz est d’avis que l’inflation devrait baisser à 3,5 % cette année, sauf en cas d’imprévu comme une guerre.
Chômage'
2024 (troisième trimestre de l’année) 5,9 %
2025* aux alentours de 6 %
Le taux de chômage devrait s’élever à environ 6 %, selon Sanjay Matadeen. « Le pays fait face à un manque de travailleurs dans tous les secteurs. Les ressources humaines ne sont pas utilisées à bon escient. Nous avons aussi des cas où les gens sont trop qualifiés pour certaines postes », souligne Sanjay Matadeen. Vinaye Ancharaz abonde dans le même sens. « Il y a un paradoxe à Maurice. En même temps que nous avons le chômage, nous importons de la main-d’œuvre. Il y a donc quelque chose qui cloche. Nous faisons aussi face au phénomène d’‘underemployment’ (Ndlr : une situation dans laquelle les personnes faisant partie de la population active occupent des emplois inadéquats par rapport à leur formation ou à leurs besoins économiques) », souligne l’économiste qui prévoit un taux de chômage de 6,5 % cette année. Manisha Dookhony table, pour sa part, sur un taux en dessous des 6 %. « Le chômage continuera à baisser. Parallèlement, comme le pays est en phase de croissance, il faudra s’attendre à plus d’importation de main-d’œuvre », fait-elle ressortir. Et d’ajouter : « À compétence égale, mieux vaut avoir quelqu’un du pays que quelqu’un venant de l’étranger ». Manisha Dookhony ajoute au passage qu’il faudra s’attaquer à un autre problème qui ronge le monde du travail. « Des jeunes mais aussi des moins jeunes sont affectés par la drogue. Ils ont du mal à travailler ou travaillent en deçà de leur capacité réelle. Il est important d’avoir des données sur le nombre de personnes concernées. Il faut les identifier et trouver des solutions pour les aider », suggère-t-elle.
Les maître-mots pour 2025
Se mettre au travail
Sanjay Matadeen : « Les élections sont derrière nous. Il est temps que tout le monde s’attèle à travailler, car c’est l’année de tous les défis économiques. Nous devons absolument augmenter la productivité, la production et l’efficience du pays. Plus important encore, nous devons venir de l’avant avec une loi sur le Public Accountability. Toute faute doit être sanctionnée. Le gouvernement doit envoyer un signal fort. Parallèlement, il faut des gens capables dans des institutions importantes. Il faut cesser cette gangrène qui pourrit nos corps paraétatiques. Il faut revoir toutes les institutions, les fusionner ou les éliminer là où cela est nécessaire. Ces institutions doivent devenir plus efficientes, mais aussi ‘accountable’. Il faut, par ailleurs, plus de transparence et de méritocratie. »
Un changement du modèle économique
Manisha Dookhony : « Le moèle économique actuel a fait son temps. Il faut revoir tout notre écosystème. Dans certains secteurs, il faut deux, quatre, voire six mois pour obtenir un permis que l’on obtient en deux semaines dans d’autres juridictions. Par ailleurs, un seul document doit être vu par une dizaine d’entités différentes. Il nous faut impérativement alléger notre modèle et introduire des plateformes efficientes. Il faudrait parallèlement développer de nouveaux secteurs, comme l’industrie pharmaceutique à titre d’exemple. »
La responsabilité fiscale
Le Dr Vinaye Ancharaz : « L’ancien gouvernement a prôné une politique de dépense à outrance. Il faut que le nouveau gouvernement cesse cette frénésie de dépenses. Il faut un meilleur contrôle des dépenses et mobiliser plus de revenus tout en contrôlant le déficit budgétaire. »
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