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Souveraineté sur les Chagos : les Britanniques veulent consulter les Américains avant tout accord avec Maurice

Le bras-de-fer entre les Britanniques et Maurice sur les Chagos continue.

La délégation mauricienne, dirigée par l’Attorney General Gavin Glover, a entamé des négociations avec le gouvernement britannique concernant la rétrocession des Chagos à Maurice. Des discussions sur la durée du bail de Diego Garcia, le libellé de l’accord et l’aspect financier sont en cours.

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La délégation mauricienne dirigée par l’Attorney General, Gavin Glover, qui s’est envolée mardi soir pour Londres dans le cadre des négociations avec le gouvernement britannique sur la rétrocession des Chagos à Maurice, a fait valoir la position mauricienne sur le dossier. Il revient que les Britanniques ont indiqué vouloir faire état de cette position aux Américains avant de retourner décider de la marche à suivre.

Ces échanges s’inscrivent dans le prolongement des négociations amorcées après les élections générales, visant à réexaminer certains éléments de l’accord politique signé le 3 octobre dernier entre Pravind Jugnauth, alors Premier ministre, et son homologue britannique, Keir Starmer. Il y a environ deux semaines, une délégation britannique était à Maurice pour présenter des contre-propositions en réponse aux suggestions formulées par le nouveau gouvernement mauricien.

« Rien n’est finalisé », dit un proche du dossier côté mauricien. Les retombées de la délégation Glover seront discutées à la réunion du conseil des ministres ce vendredi.

Pour rappel, le gouvernement, dirigé par Navin Ramgoolam, cherche à revoir trois aspects clés de cet accord. Le premier porte sur la durée du bail relatif à Diego Garcia, où se trouve la base américano-britannique. Initialement fixé à 99 ans renouvelables, ce bail est considéré comme excessivement contraignant. Le deuxième point concerne le libellé de l’accord, en particulier la formulation permettant au Royaume-Uni de « maintenir la souveraineté de Maurice » sur Diego Garcia, une clause qui pourrait être interprétée comme une délégation prolongée de contrôle sur une période totale qui serait potentiellement de 198 ans (99 ans renouvelables).

Toutefois, Maurice a clairement fait comprendre, durant les nouvelles discussions, qu’il est partant pour donner « toutes les garanties nécessaires » aux Britanniques, mais aussi aux Américains, concernant la sécurité de la base militaire.

Enfin, le troisième point soulève des préoccupations sur le volet financier de l’accord, jugé insuffisant par le gouvernement mauricien.

Sur le volet financier, et plus particulièrement l’aspect portant sur le loyer annuel pour l’utilisation de Diego Garcia pour la base militaire, le gouvernement Ramgoolam estime le chiffre discuté par Pravind Jugnauth largement insuffisant. Le montant doit donc être revu à la hausse. Dans le cadre des nouvelles discussions, une proposition de « frontloading » du loyer annuel a aussi été proposée par Maurice. Il s’agit ici d’un versement d’une somme plus conséquente durant les premières années du bail et une somme réduite ensuite. À noter néanmoins que le montant du bail devrait être indexé annuellement.

La presse britannique, dont le Daily Mail, le Times ou encore le Financial Times, a avancé, mercredi, en citant des sources britanniques proches des négociations sans les nommer, une somme d’environ 90 millions de livres sterling (Rs 5,2 milliards selon le taux de change du jour) par an pour le bail initial de 99 ans de Diego Garcia.

Elle soutient aussi que Londres a émis une nouvelle proposition visant à verser une tranche initiale couvrant plusieurs années de paiements comme incitation dans l’espoir de conclure l’accord en suspens avant l’investiture de Donald Trump comme Président des États-Unis le 20 janvier. 

Du côté mauricien, l’on confie cependant que le « frontloading » n’est pas une proposition britannique. Selon la presse anglaise, les responsables britanniques restent optimistes quant à la conclusion imminente de l’accord et pensent qu’il peut être finalisé avant l’investiture présidentielle américaine dans moins de deux semaines.

Au niveau du gouvernement mauricien, l’on soutient toutefois qu’il n’y a pas de « rush » pour finaliser un accord avant l’investiture de Donald Trump.

David Lammy, Secrétaire britannique aux Affaires étrangères : « Maurice reconnaîtra que c’est un bon accord »

Le Secrétaire britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, s’est exprimé, jeudi, sur l’état des négociations, insistant sur le fait qu’un compromis restait possible. Lors de son intervention sur Sky News, jeudi, il a qualifié l’accord en discussion de « bon accord », soulignant son importance stratégique et son soutien par plusieurs acteurs internationaux. « Il s’agit d’une négociation », a-t-il rappelé, tout en précisant que « cela nécessite deux parties pour y parvenir ».

David Lammy a défendu l’entente en mettant en avant le consensus parmi les alliés du Royaume-Uni. « C’est un bon accord, et c’est pourquoi c’était un accord que le Pentagone, la Maison-Blanche, [et] le Département d’État ont dit être un bon accord », a-t-il affirmé. Il a également mentionné le soutien de l’Inde, qualifiée de « superpuissance régionale ».

Cependant, « la seule superpuissance qui a dit que ce n’est pas un bon accord, c’est la Chine. Nous en discutons avec le nouveau gouvernement de Maurice et voyons où cela nous mène ».

Le Secrétaire britannique aux Affaires étrangères a ajouté, par rapport à la position du gouvernement mauricien, « qu’au fur et à mesure qu’ils approfondissent les détails et évidemment, cela leur a pris un certain temps pour entrer dans les détails, ils ne sont en poste que depuis deux mois – ils reconnaîtront que c’est un bon accord pour eux. »

Interrogé sur la possibilité que le Royaume-Uni abandonne l’accord et maintienne sa souveraineté sur les Îles Chagos, David Lammy a évité de fermer la porte à cette hypothèse. « C’est une négociation », a-t-il répondu, insistant sur la nécessité d’un dialogue bilatéral pour parvenir à une solution.

 

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