Ils sont venus à Maurice comme étudiants, touristes ou employés. Mais à l’expiration de leur visa, ces étrangers optent de vivre au pays clandestinement et travaillent au noir. Les autorités ont noté une hausse.
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Le nombre d’étrangers sans papiers a connu une hausse conséquente selon les autorités. De janvier au 9 septembre 2016, le nombre d’arrestations s’élève à 166 alors qu’en 2015, il était de 69. Selon nos recoupements, les arrestations ont été suivies de déportations. Leur subterfuge a été mis au jour grâce au travail sur le terrain de la Tracking Team du PIO mené par le sergent Jayeprakash, les caporaux Lilloo et Jhuboo, les constables Sewsurn, Seebaluck, Roheemun, Tandrayen et la WPC Gokhul.
La dernière déportation en date remonte au début de septembre avec l’arrestation de quinze Bangladais. Les Africains, les Asiatiques et les Européens aussi sont déportés. Le mardi 30 août dernier, quatre Français, âgés de 20 à 27 ans, ont été déportés, après leur arrestation le 29 août, dans un hôtel du Sud. Nicolas Bouffart, 20 ans, Kerwan Bonnal, 21 ans, Michelle Lambert, 27 ans et Pauline Octave, 21 ans, avaient pris de l’emploi sans permis de travail comme animateurs sportifs et guides touristiques dans cet établissement hôtelier, alors que leur visa touristique avait expiré en juillet. Ils ont avoué avoir pris de l’emploi contre rémunération. Ils ont comparu devant la justice pour violation de l’article 3 (1) de la Non-Citizen (Employment Restriction) Act.
Détenu depuis deux mois
Lundi 11 juillet dernier, 15 Bangladais et trois Nigérians, âgés entre 20 et 30 ans, sont entrés sur le territoire mauricien grâce à un visa étudiant de 2014. Toutefois, ils ne sont inscrits dans aucun établissement d’enseignement supérieur. Lors de leur interrogatoire, ils ont expliqué qu’ils n’avaient pas « les moyens de financer leur retour dans leur pays natal ».
Si certains ont pu être déportés, par contre, d’autres sont toujours en détention policière. À l’instar de Temitope Ilerioluwa, plus connu comme Alex. Ce Nigérien, âgé de 30 ans, est au centre de détention de Moka depuis plus de deux mois. Il avait élu résidence en 2014 sur un campus à Camp-Levieux, mais, depuis, il cumulait de petits boulots à Helvetia et à Saint-Pierre où il s’était installé jusqu’à son arrestation en juillet dernier.
« Il avait pris de l’emploi dans une usine de la localité en semaine et les week-ends, il lavait des véhicules des habitants pour se faire de l’argent », raconte Kevin, un de ses voisins. Ceux qui ont côtoyé Temitope Ilerioluwa le décrivent comme une personne toujours prête à aider.
« Il est une personne attentive et serviable. Il est en détention alors qu’il souhaite regagner son pays. Nous avons réuni une somme de Rs 11 000 pour son billet d’avion, mais un pseudo-agent s’est enfui avec l’argent », confie une amie du détenu. Elle ajoute qu’elle a en vain demandé aux officiers du PIO de lui laisser une chance.
« J’avais proposé aux policiers de lui laisser travailler, sous surveillance policière, pour qu’il paye son billet retour. Mais ils n’ont pas accepté. »
Outre les touristes et les étudiants, il y a des étrangers qui débarquent à Maurice avec un permis de travail. Mais une fois leur permis expiré, certains de ces étrangers ne rentrent pas chez eux. Ils préfèrent travailler au noir à Maurice et jouer à cache-cache avec les autorités. Le Bangladais Ripon Mohammad Haowlader a eu plus de chances lors de son arrestation. Des volontaires ont réuni de l’argent pour son retour chez lui.
« Nous avons pu négocier avec le PIO et nous avons payé son billet retour. Aujourd’hui, il est sain et sauf avec sa famille dans son pays », affirme Noor Nuzroo.
Les policiers du PIO redoublent de vigilance, afin qu’aucun étranger sans papier ne passe entre les mailles du filet. Le PIO invite le public à dénoncer tout cas suspect sur l’Hotline 5727 66 19.
EN CHIFFRES
De janvier au 9 septembre 2016, le PIO a procédé à 166 arrestations. Ils sont 73 Bangladais, 30 Indiens, 20 Malgaches, treize Ghanéens, sept Tanzaniens, sept Nigériens, cinq Français, quatre Népalais, deux Chinois, deux Biélorusses, un Sud-Africain, un Zimbabwéen et un Sri Lankais.
SP Narendrakumar Boodhram, en charge du PIO : «nous avons mis sur pied une ‘Tracking Team’»
Qu’est-ce qui explique cette hausse cette année ?
Depuis que je suis à la tête du PIO, mars 2015, nous avons mis sur pied la Tracking Team. Nous avons remarqué que des institutions recrutent des étudiants étrangers et par la suite, elles leur font intégrer le marché du travail sans étudier. Certains étudiants sont bernés par des institutions. D’autres débarquent à Maurice comme touristes ou sont employés dans divers secteurs. Mais lors de l’expiration de leur permis, ils veulent continuer à travailler.
Après l’arrestation par la Tracking Team, sont-ils déportés automatiquement ?
Cela dépend des cas. Nous avons récemment référé 15 Bangladais au Central Criminal Investigation Division. Nous suspectons qu’il y a un trafic humain dans ce cas. Nous avons également déjà eu un cas de détournement de fonds. Au cas contraire, après leur comparution en Cour, ils sont rapatriés chez eux.
Le PIO paie-t-il le billet retour de ces étrangers ?
Ces étudiants débarquent à Maurice avec un billet retour en main. Mais bien souvent, ils l’échangent contre de l’argent à leur agence. Ce sont les employeurs qui payent leur billet. Dans certains cas, les étrangers négocient avec leurs parents. Mais très rarement, le PIO formule une requête au commissaire de police pour le Public Fund. Cela pour éviter tout abus.
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