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Sir Anerood Jugnauth: «Heritage City me tenait à coeur»

Dans un discours d’une heure, le Premier ministre a exprimé sa satisfaction quant au Budget présenté par le ministre des Finances. Il en a profité pour clarifier les choses sur les gros dossiers que sont Heritage City et le métro léger.

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« Un leadership mature »

C’est en congratulant son fils, le ministre des Finances Pravind Jugnauth que le Premier ministre a démarré ses commentaires sur le Budget 2016-17. «Je suis fier car le ministre s’est montré à la hauteur de la confiance que j’ai placée en lui,» a-t-il déclaré dès l’entame de son allocution avant d’enchaîner sur les perspectives pour l’avenir.

« Je suis fier que le leadership que je léguerai à ce pays est mature, sage et clairvoyant et est imprégné de la touche humaine qui fait la différence dans le cœur des gens. »

Se félicitant d’un Budget qui réalise un parfait équilibre entre le social et l’économie, le Premier ministre s’est appuyé sur les commentaires du leader de l’opposition pour pousser davantage sa thèse. «Je n’ai jamais entendu l’honorable Paul Bérenger, comme leader de l’opposition, dire ‘C’est un budget intéressant.’ Je le complimente pour cela !»

Métro Express: «Un projet que j’avais envisagé en 1995»

En ce qui concerne le métro léger, rebaptisé Métro Express, le Premier ministre a passé de longues minutes à rappeller qu’il ne s’agit pas d’une idée piquée au Parti travailliste (PT), mais bien d’un projet du Mouvement socialiste militant (MSM). « En 1995, j’envisageais d’aller de l’avant avec le projet de métro léger, mais il y avait beaucoup de critiques de l’opposition », a-t-il déclaré. Il a expliqué qu’il avait décidé de ne pas donner suite à ce dossier en raison des accusations de pots-de-vin que l’opposition faisait circuler à l’époque.

Sir Anerood Jugnauth a fait l’historique de toutes les tergiversations autour du projet : de son abandon sous le gouvernement PTtr, qui avait préféré le Bus Way System, à l’insistance du MSM, en alliance en 2010, pour le retour du métro léger dans le programme gouvernemental. « Le coût, à l’époque, ne devait pas dépasser les Rs 15 milliards », a rappelé le Premier ministre. Sauf qu’après une mission à Singapour, l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam serait devenu le défenseur le plus zélé du projet « dont le coût à peine trois ans plus tard, a grimpé à Rs 24,8 milliards ». « À ce prix, le projet n’était pas viable », a soutenu le chef du gouvernement.

Ce n’est qu’en mars dernier, selon ce dernier, que de nouvelles informations ont indiqué que le coût pourrait être moindre. Ce qui l’a incité à donner son feu vert pour que le projet soit ravivé.

Heritage CIty: « Je suis vraiment attristé par la tournure des événements »

Le leader de l’Alliance Lepep a affirmé qu’il était en faveur de Heritage City évoqué par Roshi Bhadain et que ce sont d’autres voix au sein du gouvernement qui ont fini par enterrer le projet. « Je suis vraiment attristé par la tournure des événements, a-t-il déclaré sans ambages. Cela aurait été une icône de notre voie de développement futur. » Le Premier ministre avoue que le projet lui tenait « à coeur ».

Sauf que les avis au sein de l’alliance divergeaient grandement sur le sujet et une décision collective a été prise de ranger Heritage City dans un tiroir. « En tant que Premier ministre évoluant dans un système démocratique et au sein d’une alliance, j’ai laissé la majorité l’emporter et je m’en tiens à cette décision collective », a-t-il conclu.

« Les Britanniques n’ont aucune intention de rendre les Chagos à Maurice »

Sir Anerood Jugnauth a délaissé le texte qu’il avait entre les mains lorsqu’il a abordé le volet Chagos. Il a eu du mal à cacher son exaspération envers les Anglais et a indiqué son intention de porter le cas devant la Cour internationale de justice. Il avait pourtant démarré cette partie de son discours en félicitant Pravind Jugnauth pour avoir mentionné les Chagos dans son discours du Budget, mais a bien vite changé de ton.

Il a commencé par évoquer sa première rencontre avec Margaret Thatcher au début de son premier mandat comme Premier ministre. La Dame de fer lui aurait alors assuré que les Chagos devaient être utilisées comme base militaire en raison de la menace que représentait l’Union soviétique. « L’Union soviétique n’est plus une menace, a rappelé le chef du gouvernement, mais on nous parle maintenant de défense contre la piraterie et le terrorisme. » à l’entendre, il ne fait aucun doute qu’il a mal digéré de telles explications.

« Ils veulent préserver la paix et la sécurité dans l’océan Indien ! a-t-il ironisé. Ils se comportent comme les chefs! Ce sont les maîtres et nous devons nous agenouiller! Je suis arrivé à la conclusion qu’ils n’ont aucune intention de rendre les Chagos à Maurice. » Sir Anerood Jugnauth s’en est ensuite pris directement aux politiciens britanniques : « Ce sont des hypocrites! Ils nous mènent en bateau en prétendant être les sauveurs de la démocratie. »

S’il a reconnu que le jugement de la Cour internationale de justice n’engagerait en rien les Britanniques sur le plan légal, il est cependant d’avis que Maurice pourrait l’utiliser « comme un outil politique ». « Même l’Organisation des Nations unies les condamnerait », a avancé le chef du gouvernement. Il a également annoncé qu’un représentant de la communauté chagossienne fera partie de la délégation officielle qui se rendra à l’Assemblée générale de l’Onu, à New York, en septembre.

DTAA: « Les opérateurs sont malhonnêtes et égoïstes »

Au moment de commenter les changements apportés à l’accord de non double imposition entre l’Inde et Maurice, le Premier ministre s’en est pris avec virulence aux opérateurs du secteur offshore. « Ils sont malhonnêtes et égoïstes, ne pensant qu’à leurs propres intérêts », s’est-il indigné. Il a rappelé que cela fait plusieurs années que l’Inde tente de renégocier l’accord, y compris sous l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam. « Il n’a pas eu le courage de le faire », a regretté sir Anerood.

« Nous devons faire face à la réalité : l’Inde a déjà voté une loi qui sera effective en 2017 qui annulera le traité. Nous avons négocié et sommes arrivés à un accord », a-t-il déclaré. Il a lancé un appel à tout le secteur : « Cessons d’être comme des parasites. Nous devons nous tenir debout ». Quant à ceux qui prédisent la mort du secteur financier offshore, le Premier ministre n’avait qu’une chose à leur dire : « Qu’ils aillent en enfer! »

« Le précédent budget était irréaliste »

Le discours du Premier ministre a également été l’occasion d’un aveu étonnant : il n’était pas satisfait du précédent exercice budgétaire présenté par Vishnu Lutchmeenaraidoo. « Je suis moi-même arrivé à la conclusion que c’était irréaliste », a déclaré sir Anerood Jugnauth. Il faut également noter que durant le discours, il a flatté le présent Budget qui s’est, dit-il, gardé de placer tous les « oeufs dans le panier du développement foncier ».

Les mesures visant les Petites et Moyennes entreprises, l’économie océanique, l’économie verte, ainsi que le développement de l’économie numérique ont aussi été effleurées par le chef du gouvernement. Sur ce dernier point, il a notamment déclaré : « Être premiers en Afrique ne suffit plus. Nous devons viser plus haut. »

 

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