Société

Sextorsion, chantage affectif, faux profils: les délits sur les réseaux sociaux en plein essor

Sextorsion, usurpation d’identité, faux profils, fraudes bancaires, etc. : la technologie informatique a apporté son lot de nouveaux délits. Dans la foulée, certains usagers d’ordinateurs et de portables voient leur intimité mise à mal. Sur la Toile, les arnaques et escroqueries en tous genres se multiplient, défrayant la chronique. Votre banque qui vous demande votre mot de passe, un présumé héritage qui vous attend à l’étranger, une demande d’amitié ou une déclaration d’amour via les réseaux sociaux ou les sites de rencontres peuvent déboucher sur des arnaques. Les limiers de la Cybercrime Unit des Casernes centrales mettent en garde le public et les jeunes en particulier. « Les délits en ligne sont de plus en plus communs à travers le monde. À Maurice, il y a des cas d’extorsion, des faux profils pour soutirer de l’argent ou avoir des relations sexuelles, des fraudes bancaires, entre autres », explique Robin Bhundoo, un sergent affecté à la Cybercrime Unit. La sextortion est un délit fréquent rapporté à travers l’île. Le sergent tient à mettre en garde la population : il est conseillé d’être très vigilant et de ne pas tomber dans le piège. N’envoyez pas de photos intimes, ne vous exhibez pas sur le net avec un inconnu et ne publiez pas des photos compromettantes sur les réseaux sociaux. Le danger est que cette nouvelle forme d’escroquerie est en vogue et se fait dans la discrétion.

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Un piège à la webcam

« Méfiez-vous des étrangers qui, à l’aide de photos provocantes, vous font des demandes d’amitié sur les réseaux sociaux.  Via le chat ou le courriel, le but est de vous attirer sur des conversations de type Skype. Ensuite, on vous invite à vous exhiber et à vous déshabiller. Les échanges virtuels s’axent rapidement sur le sexe. La jeune femme commence alors un striptease ou entreprend de se caresser en vous encourageant à en faire autant. Après quelques minutes, surprise ! On vous apprend que vous venez d’être filmé à votre insu. Le présumé arnaqueur vous extorquera de l’argent ou exigera des faveurs sexuelles faute de quoi on menace de partager la vidéo compromettante sur des sites comme YouTube, de même qu’à vos contacts de divers réseaux sociaux comme Facebook », ajoute le sergent Robin Bhundoo.

Relations virtuelles, sexe et arnaque

Non seulement les jeunes, mais également des femmes ou hommes mariés, séparés ou célibataires sont susceptibles d’être victimes des imposteurs sur les réseaux sociaux. Facebook est une plateforme où des gens flirtent avec des étrangers, sans se douter que ces derniers sont des escrocs. Des relations virtuelles se développent à partir de l’attirance. Le maître chanteur fera des avances sexuelles à sa proie, en vue de lui soutirer de l’argent. « Soyez vigilant et prudent quand quelqu’un vous promet monts et merveilles », avance le sergent. Les sites de rencontres font aussi partie du terrain de chasse des escrocs. Sous couvert d’une relation sincère, on vous demande de l’argent en retour. Dans certains cas, ceux qui ont été bernés font des tentatives de suicide.  



   

Prévenir plutôt que guérir

  • Ne publiez jamais des photos en tenue sexy ou compromettante sur les réseaux sociaux.
  • Sécurisez vos photos et d’autres informations personnelles.
  • Changez souvent votre mot de passe.
  • Ne vous laissez pas prendre en photo lors des ébats sexuels. Si vous êtes consentante, assumez votre responsabilité.
  • Les auteurs de faux profils utilisent souvent des e-mails fabriqués. Pour en savoir plus, faites des recherches sur la personne.
  • Si quelqu’un a piraté votre compte sur un réseau social, prévenez ses modérateurs et la police, afin de parer à toute éventualité.

Faux profils et harcèlement en ligne en tête

La Computer Emergency Response (CERT-MU), une division du National Computer Board, a pour mission, entre autres, de mettre en place des mesures proactives pour réduire les risques liés à la sécurité. Elles donnent des conseils pour de meilleures pratiques en matière de sécurité de l’information. Elle avertit et sensibilise également les utilisateurs sur les dernières menaces à la sécurité.

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Avinash Meetoo: « Les gens ne sont pas formés pour déterminer entre le vrai et le faux »

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7620","attributes":{"class":"media-image alignright size-full wp-image-12254","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Avinash Meetoo"}}]]Avinash Meetoo, directeur de Knowledge Seven, dit que les gens sont susceptibles d’être piégés par des arnaques sur internet. « Un utilisateur d’internet n’a pas forcément l’intelligence pour détecter si un eMail ou un message est réel ou faux. Ils ne sont pas formés à faire cette  différence », avance Avinash Meetoo. Le directeur explique qu’une personne peut recevoir un message sur son téléphone cellulaire concernant son compte bancaire. Elle peut être bernée par le faux logo de la banque et, sans le réaliser, divulguer au présumé escroc son mot de passe, aussi bien que son numéro de compte bancaire. Les gens ne doivent pas croire aux étrangers qui leur pro-mettent de la magie. « Les gens sont nombreux à être victimes de l’appât du gain. Les escrocs envoient des milliers de courriers aux internautes. Si 1 % ou 2 % tombent dans leurs filets, c’est suffisant », ajoute le directeur de Knowledge Seven. Notre interlocuteur souligne qu’on ne peut pas grand-chose concernant l’auteur d’un faux profil. Toutefois, il existe des mesures de prévention. Pour Avinash Meetoo, le système d’édu-cation doit être revu. Le bon usage d’internet doit être enseigné à l’école. La technologie est un outil qui permet d’approfondir la connaissance. La nouvelle génération doit être prévenue des travers de la technologie.  


   

Deeya Burnah: « Notre site de rencontre est sécurisé »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7618","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-12252","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1813","alt":"Marryme.mu"}}]] Deeya Burnah, la gérante du site matrimonial mauricien marryme.mu, affirme que ce site de rencontre est sécurisé. « Nous avons 8 000 à 9 000 abonnés sur notre site matrimonial, dont de nombreux Mauriciens. Les abonnés doivent nous faire parvenir leurs informations personnelles. On vérifie l’information prodiguée. D’abord, on passe un coup de fil à la personne et on lui pose des questions. Si on a des doutes, on annule l’abonnement. De plus, si la photo de l’abonné contient de la nudité, on ne l’accepte pas », explique Deeya Burnah. Selon cette dernière, cela fait déjà trois ans qu’elle gère ce site matrimonial à Maurice. Elle souligne qu’elle fait de son mieux pour garder le site sur la bonne voie. Elle ajoute que le site marryme.mu est fait pour les personnes qui sont à la recherche de l’âme sœur. Deeya Burnah ajoute que ses abonnés sont des personnes mûres. « On fait un compatibility test entre les conjoints potentiels. Plusieurs personnes se sont engagées et mariées via notre site matrimonial. Les cas de harcèlement entre les membres sont traités avec rigueur », poursuit la gérante de marryme.mu.

« L’apparence est toujours trompeuse »

Un autre directeur d’un site de rencontre, qui a gardé l’anonymat, dit être contraint de veiller au grain à cause des pratiques douteuses. « On ne peut pas empêcher les faux profils sur le site de rencontre. Ils choisissent cela pour attirer les jeunes filles, pour jouer avec leurs sentiments. Les gens ne doivent pas se laisser embobiner par les photos ou les belles paroles. Ils doivent se renseigner sur la personne concernée. Un effort de leur part ne coûtera rien. Nous avons décidé de mettre notre site gratuitement en ligne », explique le directeur. Ce dernier ajoute qu’il mettra des mesures de sécurité pour déterminer l’identité des utilisateurs de son site. « À Maurice, il y a maldonne sur les sites de rencontre. Après avoir payé un package, les abonnés se font berner peu après. Ils reçoivent de faux profils ou des faux numéros de contact. Il faut que la police mène une enquête sur ces sites », dit notre interlocuteur. Molamour.mu, un autre célèbre site de rencontre à Maurice, a mis la clé sous le paillasson. « Depuis le mois du janvier 2015, le site de rencontre n’est plus opérationnel », affirme-t-elle. Sollicité pour une réaction, Benjamin Moutou, responsable de communication de l’Information Communication Technology Authority (ICTA), nous a fait la déclaration suivante : « On reçoit un rapport sur tous les délits rapportés. On les envoie par la suite à la police, la Cybercrime Unit ».  


   

La section 46 de l’Information and Communications Technology Act (ICTA)

« Any person who uses an ICT service for transmitting a message which is grossly offensive, or of an indecent, obscene or menacing character, or for the purpose of causing annoyance, inconvenience or needless anxiety to any person, or which is likely to endanger State defense, public safety or public order, commits an offence and is liable to a maximum fine of Rs 1 million and to maximum imprisonment of 5 years ». Des peines sont prévues dans la section 4 du Code criminel pour ceux qui créent un faux profil dans l’intention de faire du chantage. Les coupables risquent une amende de Rs 200 000 et un emprisonnement maximum de 20 ans de prison. La police peut aussi poursuivre la personne qui a envoyé sa photo, en utilisant la section 86 du Code criminel l’accusant de « dealing with obscene matters ».

Facebook: cause de divorce

Selon des études, un divorce sur trois est lié à Facebook. Par exemple, c’est Facebook qui est devenu la nouvelle preuve irréfutable utilisée par les conjoints en instance de divorce. Lors des cinq dernières années, 81 % des avocats spécialisés dans les divorces aux États-Unis ont enregistré une augmentation des cas où on utilise les réseaux sociaux comme preuves. Une étude, en date de 2012, démontre que le réseau social n’est pas toujours tendre avec le mariage. Selon certains avocats, Facebook provoquerait même une explosion des séparations et des divorces. Lors des divorces, les messages Facebook sont utilisés comme preuves pour déterminer la pension alimentaire et la garde des enfants.

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