Pour Sen Ramsamy, directeur général de Tourism Business Intelligence, il faut revoir les lois archaïques et le « mindset » d’un temps révolu pour relancer le tourisme.
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Le 4 décembre, l’Assemblée générale des Nations unies a décrété 2017 comme l’Année internationale du tourisme durable pour le développement. Qu’est-ce que cela représente pour un pays à vocation touristique comme Maurice ?
La 70e Assemblée générale des Nations unies l’a fait dans le cadre des Sustainable Development Goals des Nations unies et l’Agenda universel 2030 pour le développement durable. Avec un peu d’imagination et des actions concrètes qui cadrent avec les objectifs visés, Maurice pourrait briller sur la scène mondiale dans le contexte de l’Année du tourisme 2017.
Je pense que Maurice a intérêt à jouer dans la cour des grands lorsqu’il s’agit de tourisme et de développement durables. Depuis un certain temps, je constate que le pays s’éloigne un peu de ce qui se passe ailleurs dans le monde.
Le secteur touristique mauricien est en essor concernant le nombre d’arrivées. L’on prévoit 1 265 000 visiteurs en 2016. Mais cela ne se reflète pas au niveau des recettes touristiques. Quelle est votre lecture de la situation ?
Les plus importants outils de mesure de performance du tourisme demeurent les recettes en devises, le nombre d’emplois créés dans le secteur, l’investissement et la valeur ajoutée. J’ai fait une analyse et comparé les chiffres réalisés chez nos concurrents directs.
Aux Maldives, les dépenses moyennes par touriste par jour – comprenant l’hébergement, la nourriture, le transport, les excursions, le shopping, etc. – sont estimées à plus de 200 dollars américains. Au Sri Lanka et aux Seychelles, les dépenses moyennes d’un touriste par jour sont environ USD 170 dollars américains.
Par contre, les dépenses moyennes visiteur à Maurice ne sont que d’USD 125. Ce qui est très peu pour une destination qui se vante d’être haut de gamme. Si nous encourageons nos visiteurs à dépenser ne serait-ce que USD 200 par jour chez nous, nous pourrons largement dépasser les Rs 56 milliards de revenus touristiques prévus cette année. Je pense qu’on pourrait même atteindre la barre des Rs 100 milliards.
Quels seront les grands enjeux pour le secteur touristique en 2017 ?
Je pense qu’avec l’entrée en fonction d’un nouveau ministre du Tourisme, il serait souhaitable qu’on définisse clairement la vision à long terme pour ce secteur. On se concentre trop sur le nombre d’arrivées touristiques par mois. Laissons cet aspect du tourisme aux opérateurs du privé qui investissent déjà beaucoup dans le marketing de leurs produits respectifs, d’où leur intérêt à se focaliser sur le volume.
Un gouvernement en concertation avec le secteur privé doit pouvoir dégager une vision sur le long terme et des stratégies de développement sur les court et moyen termes. Les enjeux se situent à plusieurs niveaux : les recettes en devises avec le Brexit en filigrane ; la sécurité des touristes ; l’amélioration de notre offre touristique, car après plus de 60 ans nous continuons à offrir les mêmes produits soleil, mer, plage, alors que la nouvelle génération de voyageurs, soutenue par la technologie, s’attend à bien mieux.
Maurice était au-devant de la scène pour le développement du tourisme intrarégional. Aujourd’hui, nous traînons les pieds au niveau du tourisme des îles Vanille. Les Seychelles, La Réunion et Madagascar ont pris les devants, laissant Maurice derrière, malgré sa position à la présidence de cette organisation. Nous faisons du lip service pour ne pas dire qu’on fait semblant au niveau du tourisme régional. Le tourisme chez nous manque cruellement d’idées et de vision.
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