L’augmentation du nombre de travailleurs étrangers dans le secteur manufacturier est-elle justifiée ? Le vendredi 5 août, le conseil des ministres prend la décision d’augmenter le ratio autorisé de travailleurs étrangers dans les secteurs de la menuiserie et la métallurgie, passant à 1:3 à 1:2.
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La raison : le manque de main-d’œuvre. Si du côté des syndicats, on estime que personne dans le secteur ne respecte ce ratio, du côté des entrepreneurs, on affirme que la main- d’œuvre se raréfie d’année en année, surtout chez des jeunes.
Lobby
« Ce ratio n’existe que sur papier, assure Atma Shanto de la Fédération des travailleurs unis, on sait très bien ce qui se passe dans les entreprises. Certains ont 90 % de travailleurs expatriés.» Le syndicaliste regrette l’influence des responsables du secteur privé sur les décisions gouvernementales, arguant qu’ils «font la pluie et le beau temps». «Ils savent que les étrangers sont plus accessibles et disponibles à n’importe quel moment, que ce soit le dimanche ou pour les heures supplémentaires, assure Atma Shanto, chaque deux ou trois jours, on entend un expatrié se plaindre des conditions de travail.» Pour lui, cette décision est le fruit d’un lobby du secteur privé qui «fait croire» qu’il y a un manque.
Mais pour Catherine Gris, Executive Officer de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM), la décision du conseil des ministres est la bienvenue. Le manque de main-d’œuvre, affirme-t-elle, est un problème général dans le secteur manufacturier. «Les jeunes mauriciens ne veulent plus travailler dans l’industrie, constate-t-elle, il faut être pragmatique. Des travailleurs mauriciens, on n’en trouve plus.»
Selon Catherine Gris, il devient urgent de prendre les décisions nécessaires pour inverser cette tendance au désintéressement des métiers manuels comme la menuiserie et la métallurgie. «Nous avons eu de grands ébénistes, ajoute cette représentante de l’AMM, les Mauriciens ont toujours été bons avec le bois et pour la soudure. On a dû rater quelque-chose.» Selon elle, il faudrait remettre à l’avant-plan la formation préprofessionnelle et la valoriser. Le dernier discours du budget annonce certaines mesures qui vont dans cette direction, dit-elle. «Il faut écouter les jeunes mauriciens, savoir ce qu’ils veulent et faire ce qu’il faut pour qu’on ne les perde pas,» souligne Catherine Gris.
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