La vie de Sandrine Allamootoo-Crouche n’a pas été un fleuve tranquille. Elle est devenue fille-mère à 16 ans, alors qu’elle préparait le School Certificate. Elle a dû interrompre ses études. Mais cette situation n’a nullement freiné ses ambitions. Sa fille Cassidie, 11 ans, fait sa fierté. Sans leçons, celle-ci, qui est en Grade 5, a brillamment réussi aux examens du Primary School Achievement Certificate.
Issue de Belle-Rose, Sandrine Allamootoo-Crouche est une mère comblée. Son aînée, Cassidie, scolarisée à l’école Souillac RCA, a obtenu d’excellents résultats aux examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC). Celle-ci réalise son rêve de poursuivre ses études au collège Lorette de Mahébourg.
Pourtant, les débuts n’ont pas été faciles pour Sandrine Allamootoo-Crouche. Elle habite à African Town, à Riambel, avec son époux Michaël, sa fille Cassidie et son fils Maxence. Et elle est très fière de son parcours. Et elle savoure la réussite de sa fille.
Alors qu’elle préparait le School Certificate au Sodnac SSS, elle est tombée enceinte. Elle avait 16 ans. « Je suis devenue maman très jeune. Et je viens d’une famille modeste. Je n’ai pas laissé cette situation influer sur ma vie. Entre le père de ma fille et moi, ce n’était pas le grand amour. Mais on a assumé nos responsabilités. J’ai accouché de Cassidie le jour de mon anniversaire de 16 ans », raconte la jeune femme de 27 ans.
Elle a dû interrompre ses études à la naissance de Cassidie. Michaël, qui est mécanicien pour une compagnie, s’est investi dans son travail, afin d’offrir une vie correcte à Sandrine et à leur fille Cassidie.
« Il m’a soutenue pour que je reprenne mes études. Sauf que lorsque je suis retournée au collège, j’ai été victime de bullying de la part des enseignants et des élèves. Ils m’ont blessé moralement », relate-t-elle.
Pas baissé les bras
Cependant, elle n’a pas baissé les bras. Elle a intégré le collège Keats à Chemin-Grenier où elle a eu un bon encadrement. « J’ai eu un bon soutien de la part des enseignants. J’ai eu 16 unités pour le School Certificate. J’ai eu de bons résultats pour le Higher School Certificate (HSC) également. Sans leçons particulières, j’ai été classée dans la filière économie », relate-t-elle.
Sandrine Allamootoo-Crouche, tout en poursuivant ses études en HSC, s’occupait de Cassidie qui était en maternelle. « Il y a eu des nuits blanches. Le matin, nous étions toutes les deux en uniformes. Je la mettais dans son van qui la conduisait à l’école. Et je prenais le bus pour aller au collège. Ce n’était pas facile, mais nous avons surmonté les défis », dit-elle fièrement.
Alors qu’elle préparait ses examens du HSC, sa mère, qui habite à Belle-Rose, avait accueilli Cassidie chez elle. Sandrine Allamootoo-Crouche a ainsi pu réviser à l’aise. Quant à Cassidie, elle a fait ses premiers pas en primaire à l’école Souillac RCA. Sa mère trouve du travail comme recruteur pour une firme à Quatre-Bornes.
« Avec Cassidie, nous sommes allées habiter chez ma mère, car c’était plus près de là où je travaille. Nous avons transféré Cassidie également dans une école à Belle-Rose.
Notre maison était alors en construction », poursuit Sandrine Allamootoo-Crouche.
En 2017, elle s’est mariée à Michaël. Par la suite, elle a fait du télétravail. Sandrine Allamootoo-Crouche est retournée à African Town, mais sa fille est restée avec sa grand-mère. « J’ai donné naissance à mon fils Maxence. Sauf que Cassidie était loin. Nous l’avons transférée à l’école Souillac RCA », explique-t-elle.
Depuis, la petite famille vit paisiblement.
Cassidie est une fillette studieuse et appliquée. Alors qu’elle est en Grade 5, elle a l’impression d’être 'éternellement' en primaire. Elle a dit à ses parents qu’elle souhaitait prendre part au PSAC. « Nous avons accepté sans pour autant mettre de la pression sur elle. Je me suis dit que j’ai réussi sans leçons, que Cassidie pouvait faire de même. Je l’aidais dans ses révisions. À un moment, c’était dur avec les examens de Grade 5 et du PSAC. À deux semaines des examens, j’ai vu que c’était deux syllabus différents. Je l’ai aidée à réviser les 'end of chapters'. Elle a travaillé beaucoup de questionnaires. Elle a persévéré, bien qu’elle était quelque peu découragée », raconte Sandrine Allamootoo-Crouche.
Le pays de ses rêves : Japon
Elle remercie les enseignants qui ont accordé leur soutien à Cassidie. Sandrine Allamootoo-Crouche est fière de l’accomplissement de son aînée. Cassidie est tout aussi contente. « Je ne voulais pas rester en primaire. C’était difficile de concilier Grade 5 et PSAC, mais il était trop tard pour reculer. Je me suis donnée à fond. C’est beaucoup de sacrifices. Mes parents m’ont beaucoup soutenu », dit-elle. Elle aime dessiner et adore le Japon. Ses parents économisent pour lui offrir un voyage dans ce pays à la fin de ses études secondaires.
Quant à Sandrine Allamootoo-Crouche, elle a démissionné de son poste de recruteur. « Je vais être enseignante chez Le Nid en janvier. Je vais également poursuivre mes études universitaires en Early Childhood Education & Care à l’Open University of Mauritius. Je pense vraiment que l’éducation est la clé du succès » Elle a aussi lancé un petit business de vêtements.
Selon elle, la famille et les choix d’une personne rendent parfois son cheminement vers le succès difficile. Mais ce n’est pas impossible. « Regardez-moi : jeune mère d’une famille criblée de dettes et avec à peine de quoi manger. Aujourd’hui, je suis mariée à un homme habitant African Town, une localité dans laquelle le trafic de drogue fait la loi. Pourtant, Cassidie a réussi ! Dieu est capable de réécrire l’histoire de chacun. »
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