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Rs 4,1 milliards de revenus en 2017 : la ‘nasion zougader’ en parfaite santé

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Lottotech lance son deuxième tirage le mercredi. PMU ajoute le vendredi à ses jours d’opération. Qu’est-il donc arrivé au combat promis en 2015 contre la 'nasion zougader' ? Hormis l’élimination des cartes à gratter de Lottotech, il n’y a eu que du vent. Tout va bien pour les opérateurs du secteur.

Voilà plus de trois ans que le ministre des Finances d’alors, Vishnu Lutchmeenaraidoo, déclarait la guerre aux jeux de hasard. Il était temps de mettre fin, selon lui, à la culture de 'nasion zougader' qui mettait en péril le tissu social. Pourtant, hormis l’élimination des cartes à gratter de Lottotech après le Budget de 2015, on constate tout le contraire. Les publicités de Lottotech pour son deuxième tirage, baptisé Mouvement Mercredi sont partout.

PMU, un opérateur qui a vu le jour tout récemment, suit l’exemple avec une campagne sms pour faire la promotion de son propre Mouvement Vendredi. À croire que la nasion zougader se porte en parfaite santé. Un coup d’œil aux chiffres d’affaires des principaux opérateurs du secteur confirme cela : au total, ils ont comptabilisé Rs 4,1 milliards.

Il est indéniable que Lottotech a souffert de l’élimination des cartes à gratter. En 2014, la compagnie des Ah Teck atteignait Rs 2,7 milliards de chiffres d’affaires. En 2015, ce chiffre s’effondre à Rs 1,7 milliard. Un chiffre qui demeurera constant l’année suivante avant de connaître une embellie en 2017, passant à Rs 1,9 milliard. Avec le deuxième tirage, les choses devraient davantage s’améliorer, sans compter le fait que la Loterie Verte passe aussi dans son escarcelle.

Mais Lottotech n’est pas la seule entreprise à bien se porter dans le secteur. Pour certains, les chiffres demeurent constants, alors que d’autres ont fait des progrès importants. Stevenhills, spécialisée dans les paris sur le foot, est la compagnie qui affiche la courbe ascendante la plus remarquable. Alors qu’elle n’avait que Rs 648 millions de revenus en 2014, en 2017 cette compagnie frôle le milliard avec des revenus de Rs 924 millions. SMS Pariaz, malgré des chiffres d’affaires modestes en comparaison, connaît également une croissance considérable : de Rs 44 millions en 2014, la compagnie appartenant à l’avoué Pazhany Thandrayen, engrange Rs 265 millions en 2017, avec une progression considérable année en année.

Fluctuations

Les autres maintiennent plus ou moins le même niveau de chiffres d’affaires, avec quelques fluctuations. Tote Lepep sort de Rs 560 millions en 2014 pour atteindre Rs 501 millions en 2016. Les chiffres de 2017 n’ont pas encore été soumis au Registrar. Super Tote, concurrent de Tote Lepep dans les paris sur les courses hippiques, passe de Rs 344 millions en 2014 à Rs 361 millions en 2017, se maintenant constamment au-dessus de la barre des Rs 300 millions de revenus. Play Online avait un chiffre d’affaires de Rs 806 millions en 2014 et a bouclé l’année 2017 avec Rs 746 millions. Leurs revenus ont oscillé entre les Rs 700 et Rs 800 millions durant les années intermédiaires.

Au total, pour la seule année 2017, on arrive à Rs 4,1 milliards. En somme, tout va bien pour la 'nasion zougader'. Les profits demeurent également importants. De 2014 à 2015, ceux de Lottotech ont chuté de Rs 168,8 millions à Rs 40,5 millions pour connaître des embellies par la suite, année après année : Rs 88,2 millions en 2016, puis Rs 110,8 millions en 2017. Pour Super Tote, on passe de Rs 15,6 millions en 2014 à Rs 25,7 millions en 2017.

Play Online, de Paul Foo Kune, engrange Rs 5,9 millions de profits en 2017 contre les Rs 64 millions en 2014, mais affichait tout de même des profits considérables en 2016 (Rs 63,4 millions) et 2015 (Rs 45 millions). SMS Pariaz affichait des profits de Rs 40 millions en 2017, contre Rs 18 millions en 2014. Pour Stevenhills, les chiffres sont de Rs 13,9 millions en 2017 et Rs 17,6 millions en 2014. Tote Lepep fait figure d’exception avec des pertes de Rs 7,5 millions en 2016.

« Les caisses du GM en profitent également »

Les opérateurs ne sont pas les seuls à profiter des retombées de la nasion zougader. Les caisses du gouvernement en profitent également. Dans une interview accordée au Défi Plus le 23 juin dernier, Moorghen Veeramootoo, directeur exécutif de Lottotech, expliquait que sa compagnie avait injecté Rs 4,5 milliards en neuf ans au Consolidated Fund, le compte principal du gouvernement. Le récent jugement de la cour d’arbitrage de la Cour suprême lui accordant l’exploitation de la Loterie Verte et un deuxième tirage rapporte aussi 1 % de revenus de plus dans les caisses du gouvernement. Ce qui représenterait Rs 1 milliard sur les 10 prochaines années. Pour la seule année 2017, Lottotech a transféré Rs 440,4 millions au Consolidated Fund et a payé Rs 24,8 millions de taxes sur les revenus.

Les autres opérateurs sont également de gros contributeurs. Super Tote a payé Rs 136,2 millions de taxes sur les revenus en 2017, sans compter les Rs 19,1 millions à la Gambling Regulatory Authority (GRA). Play Online a remis Rs 1,3 million en taxes au gouvernement l’année dernière. Pour SMS Pariaz, cette somme est de Rs 7,4 millions. Stevenhills a dû payer Rs 2 millions pour la même année.

Au total, la nasion zougader a rapporté Rs 612,1 millions au gouvernement en 2017.

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Le bluff

Le gouvernement a-t-il jamais été sérieux dans sa guerre contre les jeux de hasard ? Dans le milieu des opérateurs, autant que dans celui des anciens collaborateurs, on estime qu’il ne s’agissait au final que d’un bluff.

Raja Pillay faisait partie de l’entourage de Vishnu Lutchmeenaraidoo au moment où il prononçait son discours du Budget en 2015. Il a également été le conseiller du gouvernement sur la question des casinos. Il ne mâche pas ses mots : « Toutes les promesses faites n’ont été que du bluff pour contenter l’électorat. » Selon Raja Pillay, l’ex-ministre des Finances avait vraiment l’intention de faire la guerre aux jeux de hasard, considérant que cela avait un effet antisocial. « Le gouvernement était conscient de cela et savait que cela représentait un danger pour le public, explique l’ancien conseiller du gouvernement, mais certaines personnes qui font partie d’une mafia ont primé. »

Raja Pillay estime que le problème est que, ni le Premier ministre d’alors, sir Anerood Jugnauth, ni Vishnu Lutchmeenaraidoo, n’ont vraiment eu les coudées franches pour travailler. « Le Premier ministre n’a pas vraiment pu travailler, tout le monde s’est accaparé de son ministère, raconte-t-il, et Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a jamais vraiment été ministre des Finances : on lui a retiré les banques, les jeux, le secteur financier… Il n’avait plus qu’un squelette à gérer. » Guillaume Hardy, d’Automatic Systems Ltd, la société qui gère Super Tote, estime également qu’il n’y a jamais vraiment eu d’impact sur les affaires des opérateurs des jeux de hasard. « Ils n’ont fait qu’annoncer, explique notre interlocuteur, je ne vois pas quelle mesure a été prise dans le concret. Il n’y a eu que des effets d’annonce. » Guillaume Hardy souligne le fait qu’au contraire, on a vu depuis l’émergence de nouveaux opérateurs comme PMU ou le deuxième tirage du Loto.

« Ce serait plutôt une libéralisation à laquelle on a eu droit », ajoute-t-il.

Le seul bémol a été la tentative de la GRA de limiter les points de vente de Super Tote de 20 à 10, mais la compagnie a remporter son cas en Cour. « De toutes les façons, l’intention était de faire de la place pour un autre qui opère malgré tout », souligne-t-il.


Ce qu’avait dit Vishnu Lutchmeenaraidoo en 2015

Après la victoire de l’Alliance Lepep en décembre 2014, c’est Vishnu Lutchmeenaraidoo qui était propulsé comme ministre des Finances. Lors de son grand oral, pour le Budget 2015/2016 « at the crossroad », il avait énuméré une série de mesures pour combattre la 'nation zougader' comme il l’avait annoncé pendant la campagne électorale. Retour sur ces annonces pour la plupart restées lettre morte :

  • « En premier lieu, bannir complètement toutes les publicités ayant trait aux jeux de hasard. Une décision qui prendra effet immédiatement.
  • « Ensuite, l’interdiction d’octroyer de nouveaux permis pour les jeux de hasard, à l’exception des casinos, pour une durée de cinq ans.
  • « L’abolition des cartes à gratter.
  • « Le gouvernement augmentera la taxe sur les fees du permis des jeux.
  • « Les municipalités et les conseils de district relocaliseront, durant les trois prochaines années, toutes les maisons de jeu des centres-villes dans un lieu spécifique. Le gouvernement participera au financement de la relocalisation de ces maisons de jeu.
  • « Le nombre de journées hippiques passera de 43 à 35.
  • « Des mesures seront prises par le gouvernement pour mieux contrôler les curb gambling.

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Les paris en ligne sur les courses et sur les matches de footballe sont de plus en plus prisés par les Mauriciens.

Les ‘zougaders’ s’internationalisent

Les Mauriciens zougaders peuvent maintenant miser sur les courses françaises, notamment à travers la compagnie française Pari Mutuel Urbain (PMU). Outre cela, les Mauriciens peuvent aussi miser sur le football étranger avec la compagnie britannique en ligne Bet365 au-delà des compagnies locales qui en proposent. On n’est plus tenu de se cantonner au seul territoire mauricien désormais quand on veut miser.

Le PMU a été incorporé en mai 2017 à Maurice et lancé dans la soirée du 17 novembre 2017 à l'hôtel Maritim, Balaclava. Les Mauriciens peuvent miser sur les courses étrangères, tous les week-ends. Mais désormais, dès cette semaine, les parieurs peuvent miser à partir de vendredi, en sus de samedi et de dimanche. C’est ce que PMU appelle son Mouvement Vendredi en référence à la campagne intensive de Lottotech pour son deuxième tirage de mercredi.

Si, pendant ces trois jours, il y a une quarantaine de courses, alors les Mauriciens peuvent miser sur tout. Outre dans les succursales où les paris sont autorisés, les turfistes peuvent aussi jouer à travers leurs portables, notamment via Sms Pariaz. Le Défi Plus a pris contact avec plusieurs responsables de PMU, mais aucun n’a voulu faire de commentaires sur les paris que propose la compagnie.

Plusieurs types de paris

Sur son site en France, PMU propose plusieurs types de paris. Il y a le Pari simple, pari le plus populaire et idéal pour les débutants, car il n’est pas très risqué. Il consiste à pronostiquer le cheval gagnant d’une course. Il y a ensuite le 2 sur 4. Il s’agit ici de parier sur deux chevaux qui arriveront dans les quatre premiers, dans l’ordre ou le désordre. Puis, le Mini Multi qui consiste à trouver 4 à 6 chevaux d’une course. Le Trio consiste à miser sur les trois premiers chevaux gagnants sur huit partants et quel que soit l’ordre d’arrivée. Pour le Multi, il s’agit de parier sur quatre à sept chevaux, l’objectif est de trouver les quatre premiers, quel que soit l’ordre d’arrivée. Le Pick 5, dans ce pari, consiste à désigner cinq chevaux d’une même course, sans préciser leur ordre de classement à l’arrivée. Le Tiercé, pari historique du PMU, consiste à miser sur les trois chevaux qui arriveront en tête. Le Quarté, du même principe que le tiercé, concerne quatre chevaux, dans l’ordre ou le désordre. Le Quinté, c’est le pari le plus compliqué mais aussi celui où vous pourrez gagner le plus d’argent.

Jeux en ligne

Bet365 est l’une des plateformes les plus reconnues de toute la planète pour les paris sportifs, mais également de jeux en ligne. Avoir un compte BET365 est la base de tout professionnel en pari sportif. Pour créer un compte sur la plateforme, il est relativement simple. Il suffit de remplir un formulaire en ligne avec ses informations de base ainsi que sa méthode de paiement préférée.

C’est une plateforme qui s’adresse davantage aux professionnels qu’aux amateurs. BET365 a la particularité d’offrir une grande variété de paris sportifs de plusieurs types. On peut parier traditionnellement, sur plusieurs sports, tels que le fameux ‘football’ mais également le basket-ball, le handball ou encore le hockey. Un des avantages souvent vantés par les utilisateurs de cette plateforme est sa capacité à couvrir les matchs en direct.

L’autre avantage qu’offre BET365 est la possibilité de jouer à des jeux de casinos en ligne (poker, blackjack ou machines à sous). À la différence des casinos en ligne, elle offre l’avantage de pouvoir parier avec le même compte et, ainsi, facilite les transactions et la gestion de ses paris.


Questions à Divya Ringadoo, Chief Executive Officer de la GRA : «Les médias doivent veiller à ce que la pub n'incite pas les gens à jouer»

divyaIl est interdit de faire de la publicité des jeux, alors comment la Loterie nationale peut-elle diffuser une annonce sur les radios ou la télé pour dire que le tirage de la prochaine loterie est à Rs 27 millions ?
La publicité relative aux jeux de hasard et d’argent est interdite depuis 2016 et est donc une faute qui est punissable par la loi. Néanmoins, comme le stipule l'article 156 (2) de la GRA Act, seules des informations factuelles, telles que les montants de cagnottes, les cotes ou les résultats des courses, entre autres, peuvent être communiqués.

N'est-ce pas contradictoire ?
Ce n’est pas contradictoire. Prenons un exemple simple. Comment une personne qui s’est achetée un billet de loterie saura si elle a remporté ou non un prix ? Si les résultats des billets gagnants ne sont pas repris par les médias, cette personne n’aura aucun moyen de prendre connaissance de l’information. Il serait bon de souligner que l’une des prérogatives de la GRA est aussi de protéger les droits des joueurs. D’où l’importance de leur communiquer les résultats à travers les médias.  Les médias doivent se rappeler qu’ils ont une responsabilité vis-à-vis de la population. Ils doivent s’assurer que les publicités liées aux jeux de hasard et d’argent soient factuelles avant qu’elles ne soient diffusées ou publiées. Mais, avant toute chose, ils doivent veiller qu’elles n’incitent pas le public à jouer.

En faisant cela, la Loterie nationale n’est pas en train de bafouer la loi ?
Si vous écoutez les communiqués qui sont diffusés à la radio, par exemple, vous conviendrez que l’information principale est factuelle. Néanmoins, en ce qu’il s’agit de la manière dont elle est dite, il y a certainement matière à discussions. C’est pour cela que nous sommes actuellement en train de définir les paramètres qui serviront à mieux les réglementer.

Même si la Loterie nationale indique que c’est un communiqué, cela ne va pas inciter les gens à jouer ?
Un communiqué rendu attrayant n’en est plus un. Un vrai communiqué se doit d’être plat et informatif. Le contenu, la voix, l’intonation ou la manière dont le message est dit ne doivent pas être utilisés à tort pour encourager le public à jouer.

Ensuite il y a eu le Mouvement Mercredi. Est-ce que cela n’est pas une façon encore de dire aux gens de jouer ?
J’ai personnellement pris connaissance de ce mouvement durant le week-end. Je peux vous dire que notre équipe de media monitoring scrute toutes les annonces qui ont été faites à ce sujet de très près. Nous n’hésiterons pas à prendre le taureau par les cornes si nécessaire.

Que va-t-il se passer si, demain, le Mauritius Turf Club ou un autre opérateur vient avec ce type d’annonces ?
Pas plus tard que cette année, nous avons stoppé des annonces promouvant les paris qui étaient diffusées de manière répétées sur une radio privée. Nous avons aussi fait enlever un ‘billboard’ lié aux courses hippiques qui était visible sur l’autoroute au mois de mars. La loi s’applique à tout le monde. Si nous estimons qu’un opérateur bafoue l'article 156 de la GRA Act, l’affaire sera immédiatement référée au conseil d’administration pour d’éventuelles sanctions.


Les casinos d’hôtels visent les étrangers

C’est l’une des mesures du dernier Budget annoncée par Pravind Jugnauth, le 14 juin dernier. Les établissements hôteliers pourront opérer avec des casinos. L’objectif : cibler principalement les touristes asiatiques. La Gambling Regulatory Authority (GRA) Act a été amendée à travers le Finance Bill.
Depuis la disparition des casinos de l’hôtel de Trou-aux-Biches et du casino du Sugar Beach depuis une dizaine d’années, c’est la première fois que les propriétaires hôteliers pourront directement ouvrir et exploiter des casinos. La GRA Act a été amendée pour l’introduction de la définition de Hotel Casino et de Hotel Casino Gaming Operator. Les opérateurs devront donc être dûment licenciés auprès de la GRA avant de pouvoir ouvrir leur casino.

On retrouve dans cette démarche une des idées de Raja Pillay, ex-conseiller du gouvernement, sur toutes les questions de jeux de hasard : réduire l’importance des jeux de hasard pour la population locale, mais l’augmenter pour les touristes. « Pour un pays comme Maurice, avec 1,2 million d’habitants, les casinos doivent être considérés par les locaux comme un lieu de détente, explique ce dernier, c’est pour cela que j’avais mis sur pied un plan pour centraliser les casinos dans le Nord, l’Ouest, l’Est et le Centre avec les hôtels comme actionnaires. »

Avec la participation des hôtels, l’idée était de convaincre ces établissements d’emmener eux-même les résidents étrangers dans ces casinos. « Mon idée était aussi de faire venir des groupes de joueurs professionnels, qu’on appelle 'junket' dans le jargon. Les Chinois et les Indiens auraient notamment été des clients idéaux », fait-il valoir.

Une idée qu’il n’a jamais pu faire aboutir, selon lui, mais qui semble avoir survécu sous une autre forme avec les casinos d’hôtels.

 

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