La députée de la circonscription Port-Louis Central-Port-Louis Sud revient sur l’incident survenu à Plaine-Verte le jeudi 24 novembre, à l’issue du congrès du MSM. Roubina Jadoo-Jaunbocus aborde aussi d’autres questions d’ordre politique. Selon elle, Pravind Jugnauth est prêt à devenir Premier ministre.
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Que s’est-il réellement passé à Plaine-Verte jeudi soir ?
C’était un congrès extraordinaire. Il y avait une foule enthousiaste. Tout s’est bien passé. Contrairement à ce qui a été rapporté par la presse, il n’y a pas eu de problème. Des partisans ont simplement entouré Pravind Jugnauth. Comme le veut notre tradition, quand il y a un congrès à Port-Louis, nous allons manger un briani. Avec les autres membres du parti, nous sommes allés dîner.
Votre leader Pravind Jugnauth dit qu’il n’y a pas eu de bousculade, alors que Showkutally Soodhun affirme que les marchands ambulants étaient « wild »…
Effectivement, c’est lorsque le Dr Husnoo est sorti que certains ont essayé de l’approcher. Ils voulaient lui faire part de leurs représentations. C’était à lui que ces personnes voulaient parler.
« Le PTr croit gagner du momentum après que des charges ont été rayées contre Navin Ramgoolam. Je ne remets pas en question la décision du DPP, mais cela ne veut pas dire qu’il est innocent. »
Pourtant, des éléments de la Special Support Unit étaient sur place…
J’ai appris cela par la suite. C’est tout à fait normal. Partout où il y a des congrès, il y a la présence de policiers. C’est chose courante.
Cet incident n’est-il pas le symptôme d’un mécontentement grandissant contre le gouvernement ?
Non pas du tout. J’ai une différente interprétation. Il s’agit plus d’un restlessness après l’annonce faite par sir Anerood Jugnauth quant à une éventuelle passation de pouvoir à Pravind Jugnauth. De là à parler de mécontentement… ce n’est pas vrai.
Il faut souligner que les partisans du Parti travailliste (PTr) commencent à se manifester. Ils se faisaient petits après la défaite électorale de leur parti. Là, ils croient gagner du momentum après que des charges ont été rayées contre Navin Ramgoolam.
Je ne remets pas en question la décision du Directeur des poursuites publiques (DPP), mais cela ne veut pas dire qu’il est innocent. Lorsque le DPP prend la décision de ne pas aller de l’avant, cela ne signifie pas que la personne est acquittée. Par ailleurs, si les gens n’étaient pas satisfaits, nous n’aurions pas remporté les élections municipales. Il n’y a qu’à voir nos rassemblements. Comparé au Mouvement militant mauricien (MMM) ou au PTr, nous avons plus de monde.
Ce qui fait tiquer les autres, c’est également le fait que Pravind Jugnauth sera le prochain Premier ministre. Il a fait ses preuves. Son dernier Budget en dit long sur sa vision pour le pays. Après la présentation budgétaire, il a constitué des comités interministériels pour mettre en œuvre les projets. Il a même pris son bâton de pèlerin pour expliquer à la population ce qu’il fait. Sa campagne d’explication culminera avec la tenue d’un congrès dans sa circonscription, le 2 décembre, à Quartier-Militaire.
En tant que députée du no 2 et PPS, vous êtes en contact avec les marchands ambulants de la capitale. Quel est leur « feedback » à la suite de leur relogement tant contesté ?
C’est un sujet controversé. Mais les marchands ambulants ne sont pas contre le relogement. Au contraire, ils ont été on board. Ils veulent simplement des structures. Nous ne sommes pas contre. Nous venons avec des projets pour améliorer le site où ils travaillent. Ces travaux demandent juste un peu de temps. Nous mettrons la main à la pâte dans quelques mois.
Il y a des divergences et des tiraillements à l’intérieur du gouvernement. Est-ce que c’est la succession de sir Anerood Jugnauth qui en est l’origine ?
Au sein du Mouvement socialiste militant (MSM), il n’y a jamais eu de clan. Nous respectons beaucoup le Premier ministre actuel. Au sein du parti, il y a une solidarité. Nous avons mené des luttes ensemble. Puis, nous avons vécu tant de choses avec Pravind Jugnauth. Il a été arrêté le jour de son anniversaire, il y a eu l’épisode Icac, le jugement de la Cour intermédiaire dans l’affaire MedPoint, son appel et tant d’autres. Le MSM est une famille. Pour ce qui est de la passation de pouvoir, la question que tout le monde pose à Pravind Jugnauth est : « When is the date? »
Les rumeurs sont de plus en plus persistantes quant à l’éventuelle passation de pouvoir le 9 décembre…
Je ne suis pas dans le secret des dieux. Nous ne voulons pas embarrasser Pravind Jugnauth qui est passé par tant d’épreuves. Il sera Premier ministre quand viendra le moment. Certains disent qu’il n’est pas assez mûr. Or, Navin Ramgoolam n’avait pas d’expérience politique. Donc la question de l’étoffe ne se pose pas. Pravind Jugnauth a commencé à travailler à la base du parti. Il a été élu conseiller municipal. Il a été député. Il a été ministre de l’Agriculture. Il a été plusieurs fois ministre des Finances. Même les leaders des autres partis l’ont félicité pour l’empreinte qu’il a laissée lors de ses Budgets. Pravind, c’est le chirag (lumière) qui illuminera Maurice. Toutes ses mesures sont couronnées de succès. Il est prêt, contrairement à ce que peuvent dire certains pour être le chef du gouvernement.
Cela fait deux ans que l’Alliance Lepep est au pouvoir. Quel est votre bilan à mi-mandat ?
Nous avons hérité de mauvaises choses de l’ancien gouvernement. Le pays était endetté. Nous avons eu sur les bras le Bagatelle Dam, la Ring Road, la route Terre-Rouge–Verdun, le hedging de la STC et plus de Rs 1,5 milliard de dettes de la National Development Unit. Nous avons dû rectifier tout cela. Il y a aussi eu l’affaire BAI. En dépit de tout, nous avons ouvert une nouvelle ère de développement.
À quoi doit s’attendre la population pour le reste de votre mandat ?
Du travail et encore du travail. Nous croyons dans le less talk, more work. Toutefois, nous avons du temps pour faire nos preuves. Nous voulons être réélus. Pour cela, notre bilan doit être éloquent. Nous avons certes eu un peu de malchance comme le Brexit, mais ce n’est pas cela qui nous empêchera de travailler. Nous respectons nos promesses électorales.
Faut-il un remaniement ministériel ?
Cette décision incombe au Premier ministre.
Il semble qu’il y ait des « lobbys » pour que vous accédiez au poste de ministre de l’Environnement…
Je ne suis au courant de rien à ce sujet. C’est le Premier ministre qui décide. Ce qu’il décide will be the best decision.
Vous avez salué le travail convenable de la présidente de la République tant à Maurice qu’à travers le monde. Ses nombreux voyages apportent-ils quelque chose au pays ?
Durant la campagne électorale, l’Alliance Lepep a dit que c’est une femme qui occuperait le poste de Président. Nous avons fait mieux, avec deux femmes à des postes de hautes responsabilités : Maya Hanoomanjee est la Speaker et Ameenah Gurib-Fakim est la Présidente. Elle fait notre fierté, surtout au niveau de la SADC. Le fait qu’Ameenah Gurib-Fakim soit une intellectuelle fait du bien au pays, tant sur le plan économique que diplomatique. Quant à ses voyages, je dirai juste que la présidente de la République est indépendante. Cela n’a rien à voir avec la politique. C’est donc à Ameenah Gurib-Fakim de juger de ce qui est bon pour le pays.
Il se chuchote que c’est la tenue de la « Pakistan Week » qui est la pomme de discorde, surtout avec le froid entre le Pakistan et l’Inde qui nous finance massivement…
Ce ne sont que des rumeurs. Nous ne nous immisçons pas dans la gérance de la Présidence. La Présidente œuvre en toute indépendance.
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