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Rentrée en présentiel : Éducateurs et élèves appelés à relever divers défis

Photo illustration - Des élèves en classe.

La reprise des cours en présentiel a finalement lieu ce lundi 7 février suite au passage du cyclone Batsirai. Cette rentrée ne va ressembler à aucune autre, puisqu’elle comporte un grand nombre de défis à relever. En effet, outre le fait de penser à leur santé, avec la pandémie de Covid-19, les élèves doivent également mettre l’accent sur  la réussite de leur scolarité dans les meilleures conditions. Gestes barrières, discipline et concentration sont de rigueur après des semaines de cours en ligne. 

Cette rentrée en présentiel pour tous les élèves est loin d’être anodine, tant pour les élèves que les enseignants. Ces derniers devront faire avec des élèves ayant des besoins différents. La vice-première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun soutient que la scolarité n’est pas seulement liée aux examens. Il y a d’autres aspects à prendre en considération. « En premier lieu, il est nécessaire d’effectuer une remise à niveau. Le professeur doit veiller à ce que tous les élèves soient sur le même pied d’égalité avant de continuer la classe. Nous tenons compte du fait qu’il y a eu des cours en ligne ou à la télévision. Cependant, c’est le devoir de l’enseignant de s’assurer que les élèves ont pu profiter des facilités offertes et de leurs acquis afin de poursuivre avec le travail », déclare-t-elle.

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Adapter toutes les catégories d’élèves

Yugesh Panday, membre exécutif de l’Union of Rectors & Deputy Rectors of State Secondary Schools, explique que le recteur doit avoir un agenda très défini pour résoudre les différents aspects liés à la rentrée scolaire. « Il est grand temps que la pédagogie sorte du cancan quotidien. La nouvelle approche éducative doit passer par des activités en classe où l’apprenant est invité à communiquer, critiquer, créer et collaborer avec ses pairs », déclare-t-il.

Les recteurs souhaitent que les enseignants revoient les chapitres déjà discutés à travers une approche interactive avec une rotation dans le placement des élèves. « La tâche du recteur ne sera certes pas facile, car il va falloir porter l’écoute aux enfants en difficulté. Il devra faire de sorte que l’élève retrouve ses droits à l’école, tout en étant stable mentalement et psychologiquement. Mais le plus important reste la décision du ministère de promouvoir le dialogue à la base », ajoute Yugesh Panday.

Les recteurs plaident pour que le ministère de l’Éducation soit plus indulgent envers les élèves qui sont fins prêts pour les examens. « Ces élèves ont peut-être compris qu’ils devront attendre la grosse majorité pour terminer le cycle secondaire. Pour cette catégorie d’élèves, nous demandons que le système soit plus flexible. Le critère de 90 % de présence ne devrait pas être si rigoureux. Il faut laisser cette décision aux recteurs et aux parents. Les élèves brillants en fin de cycle peuvent utiliser l’année 2022 pour prendre des cours de skills for work. Certains parents souhaitent que leurs enfants qui sont en Grade 10 puissent prendre part aux examens de Cambridge O Level en novembre 2022. Il ne faudrait pas non plus les recaler », indique-t-il.

Pour le recteur, Didier Moutou du collège Bhujoharry, de La Tour Koenig, le corps enseignant a toujours su s'adapter à plusieurs changements qui se sont opérés dans le secteur éducatif. Il rappelle qu’« avec la pandémie de la Covid-19, les défis sont multiples pour cette nouvelle année académique 2022, surtout avec les renvois des examens nationaux et internationaux. Pour surmonter ces épreuves et bien démarrer ce calendrier scolaire inédit, nous devrions avoir une approche plus holistique, être à l'écoute des élèves, mieux les comprendre et les accompagner. Bref, les remettre en confiance et les faire redécouvrir les joies d'être sur les bancs de l'école, de socialiser et de se faire des amis. Le savoir-vivre et le savoir-faire seront nos principales préoccupations ».

Il insiste qu’il faille passer en revue les devoirs complétés durant les cours en ligne et des jours en présentiel pour les trimestres précédents. Selon lui, ce sera une année de consolidation et d'amélioration de la performance académique pour tous les élèves sans aucune distinction. « Néanmoins, élèves, enseignants et parents devraient synchroniser leurs responsabilités et développer une synergie efficace et efficiente pour atteindre l'objectif fixé qui est la réussite », conclut-il.


FACE-À-FACE : deux étudiants nous donnent leur point de vue sur les dernières décisions prises par les autorités. 

Dhirish Nursing

Dhirish Nursing, en Grade 13 au Professor Basdeo Bissoondoyal College, Centre de Flacq

Quel est votre sentiment suite à la décision du gouvernement de reporter les bourses de l'État au « september series » ? 
C'est injuste pour les élèves qui étaient déjà bien préparés pour les examens d'avril. Il y a certainement des enfants moins aisés qui ont vraiment besoin d’une bourse. Je prévoyais moi-même d'opter pour une en avril, mais avec mon âge, mes chances diminuent de jour en jour.

Quels sont les défis pour les élèves avec le retour du calendrier scolaire à l'ancien système ? 
Est-ce un défi ou un avantage ? Cela dépend de la perspective de tout un chacun. D'abord, pour 2022, c'est une perte de temps pour ceux qui étaient déjà préparés pour les épreuves d’avril, mais qui ont été renvoyés. Cependant, pour 2023, il faudra se préparer au maximum, car, selon moi, les corrections vont être plus sévères vu que les élèves ont eu suffisamment de temps pour se préparer. Je pense aussi qu’il y aura des problèmes d'adaptation pour les timides qui aimaient être derrière leur écran et non en présentiel.

Vous êtes en Grade 13, la dernière classe du secondaire. Êtes-vous confiants dans les dernières décisions prises par le gouvernement ?
Je parle plutôt sur le plan personnel. Je suis confiant pour mes examens qui auront lieu en octobre 2022, même si la peur d’échec est omniprésente. Mais je ferai de mon mieux pour travailler les derniers questionnaires d'examens pour avoir de bonnes notes.

Angela Ghurburrun

Angela Ghurburrun, en Grade 13, à MGI à Moka

Quel est votre sentiment suite à la décision du gouvernement de reporter les bourses de l'État au « september series » ? 
D'après les sondages du Common Student Front (CSF), la majorité des élèves qui se sont inscrits pour le laureate scheme ne sont pas d’accord avec cette décision. La plupart d'entre eux sont prêts et ont besoin d’aller dans les universités. Les applications sont déjà enclenchées et ils risquent de perdre leur place. Pour beaucoup d'entre eux qui sont dans les académies, le programme scolaire a déjà été complété. Est-ce donc nécessaire d’aller à collèges pendant encore huit mois ? Ce temps sera-t-il destiné qu’aux révisions ? C’est une décision qui n’est ni sensée ni pédagogique. Nous allons demander au gouvernement l’option de ne pas venir à l’école jusqu’au mois d’octobre pour les élèves qui sont déjà prêts. Nous souhaitons avoir du temps pour un stage ou pour commencer un travail. Au moins, nous pourrons avancer un peu dans notre vie professionnelle.

Quels sont les défis pour les élèves avec le retour du calendrier scolaire à l'ancien système ?  
Pour ceux qui n’ont pu suivre les cours pour diverses raisons, tant mieux pour eux. Mais pour ceux qui sont déjà prêts, les défis seront de tenir cette année qui s'annonce longue et de ne pas se relâcher. Il faut faire preuve de compréhension envers un élève fin prêt et qui doit attendre huit mois encore pour les examens. Ce n’est pas évident pour lui. Par contre, le retour à l’ancien calendrier est mieux pour nous, puisque le nouveau n’était pas adapté au climat mauricien. Le calendrier en lui-même est bien selon moi, mais la transition sera très dure.

Vous êtes en Grade 13, la dernière classe du secondaire. Êtes-vous confiants dans les dernières décisions prises par le gouvernement ? 
En tant qu’élève, la situation est très ambiguë. Je pense que les décisions du gouvernement ne prennent pas en compte une certaine partie d’élèves. Ces décisions ne sont pas en faveur de l'éducation supérieure et du futur académique de tous les élèves. Leur but est de seulement faire revenir les enfants à l’école. Il y a autre chose qui chiffonne les élèves qui ont du mal à continuer à cause du « deloading » de leur programme scolaire.


Gérer l’indiscipline 

À la reprise des classes, les enseignants affirment qu’ils se verront confronter à certains problèmes de comportement de la part des élèves. Krishan Kurmoo, instituteur en Grade 4, à la Petit Raffray Government School, soutient qu’en tant qu'enseignant, pour bien installer les élèves, il ne faut surtout pas entamer avec l’aspect académique dès le début. « Il faut commencer les classes avec de petites discussions.

L’enseignant peut s’intéresser sur la manière dont les élèves ont vécu la phase Covid-19. Il peut aussi leur demander s’ils ont dû rester à la maison seuls. Ensuite, il peut demander aux élèves s’ils ont suivi les programmes télévisés. L’enseignant peut opter pour des activités comme des dessins, des quiz et des activités amusantes et en même temps éducatives. Puis, il faut encadrer les élèves sur la discipline, car il n'y aura pas les mêmes attitudes. Il est possible que certains soient plus fragiles qu'avant. Il faudra être plus vigilant sur leur comportement et venir sur les disciplines en classe et à l'école. Posez des questions comme : quelles sont les mesures appropriées pour avoir une classe disciplinée ? Les réponses seront alors accrochées au mur », indique-t-il. 

L’instituteur est aussi d’avis qu’il est vital de se dégourdir les jambes, car c'est dur de garder les élèves en classe pendant une journée. « Ils auront évidemment des pauses, mais ce n'est pas suffisant. Il est alors recommandé d’inviter les enfants à faire une marche dans la cour de l'école. On les invite à observer l'environnement et, par la suite, poser des questions sur ce qu’ils ont vu autour d’eux. Les enfants ont besoin de s'adapter et cela prend du temps. Puis, en classe, il faut toujours les garder occupés pour qu’ils ne dérangent pas son bon déroulement. Il faut aussi avoir des rencontres avec les parents pour mieux comprendre le comportement des enfants à la maison », insiste Krishan Kurmoo.

Krishna SeebaluckQuestions A - Krishna Seebaluck : « Les enseignants auront un travail plus élaboré et complexe à faire avec les enfants »

Le psychologue clinicien Krishna Seebaluck est d’avis que les enseignants devront faire de leur mieux pour la reprise. Rétablir l’équilibre émotionnel est un élément à ne pas négliger. 

Avec la rentrée des classes, les enseignants feront face à des enfants ayant certaines difficultés. Comment rétablir l'équilibre émotionnel des enfants ?
Entre la peur de la contamination et la réadaptation à l’environnement de l’école et le réajustement des techniques de socialisation, c’est clair que les enseignants auront un travail plus élaboré et complexe à faire avec les enfants. 

Tout d’abord, n’oublions pas que la parole est trompeuse. Durant les cours en ligne, un étudiant peut facilement mentir pour confirmer qu’il a bien retenu les leçons afin de ne pas être jugé ou humilié. En revanche, dans une classe en présentiel, l’enseignant peut détecter l’approbation ou la confusion d’un élève par son expression faciale. Cette communication non-verbale sera ensuite concrétisée par une communication verbale.

C’est là toute la différence entre les cours en ligne et en présentiel. Durant l’enseignement à la maison, l’absence de communication est le manquement majeur. L’élève peut éteindre sa caméra ou tout simplement ne pas participer à la classe. Cette situation peut créer un désengagement de l’étudiant envers ses cours et son enseignement. Ensuite, c’est vraiment difficile pour le professeur de déterminer si l’élève a vraiment assimilé et compris les cours en l’absence de langage corporel.

Il faut redévelopper l’engagement envers les enseignants."

Est-ce que cela prend du temps ?
Certainement. En premier lieu, il faut considérer le processus de se retrouver dans une classe physiquement. Par la suite, il faut redévelopper l’engagement envers les enseignants et pouvoir appliquer un niveau de concentration optimal. Il est évident que cela va prendre du temps. 

Quelle est la contribution des enseignants et des parents pour ne pas bousculer les enfants à problème ?
En temps normal, les enseignants sont formés à pouvoir observer les symptômes physiques d’un enfant. Si nécessaire, il va ensuite le référer à un psychologue. Ce dernier va se baser sur  les constatations de l’enseignant pour faire une évaluation de l’état mental de l’élève dans le but d’effectuer une analyse plus approfondie. À partir de cette étape, le professionnel de la santé pourra développer des techniques de conditionnement avec le soutien des parents et des professeurs qui les aideront à mieux encadrer l’enfant. Dépendant de l’âge et le développement cognitif de l’enfant, le psychologue pourra aussi travailler avec ce dernier. 

Les cours en ligne demandent aux enfants un niveau de concentration plus complexe contrairement aux cours en présentiel. Conséquemment, si un enfant n’arrive pas à se concentrer et à mémoriser les cours en ligne, il ne sera pas motivé et ne voudra pas s’investir dans ses études. Quand les cours reprennent en présentiel, les enseignants auront comme défi de restaurer ce niveau de motivation et de détermination des étudiants.

Calendrier scolaire

1er trimestre : 2 février au 15 avril
2e trimestre : 2 mai au 22 juillet
3e trimestre : 22 août au 4 novembre (primaire)
16 août au 4 novembre (secondaire)

Consignes pour la reprise en présentiel

Les chefs d’établissements ont plusieurs consignes à respecter avec la reprise en présentiel pour tous les élèves. En voici quelques-unes venant du ministère de l’Éducation.

  • Vaccination du personnel enseignant et non-enseignant ainsi que les prestataires. 
  • Vaccination encouragée de tous les élèves âgés de 12 à 18 ans.  
  • Nettoyage et désinfection de l'enceinte de l'école, des réservoirs d'eau, des cantines et salles de classe. 
  • Assurer l’approvisionnement de l’eau et du savon liquide à tout moment.
  • Le port du masque en tout temps est obligatoire sauf pour les enfants des écoles maternelles et ceux qui sont médicalement dispensés.
  • Délimitation pour la salle d'isolement et de la zone pour le Testing team.
  • Prise de température à l'entrée de l'école.
  • Assurer la désinfection des mains à l'entrée de l'école.
  • Assurer une bonne ventilation des salles de classe. 
  • Mettre des aides visuelles pour faciliter la distanciation physique dans la cour des écoles.
  • Les assemblées du matin sont interdites. 
  • Les cantines vont opérer avec des mesures strictes. 
  • Les pauses et les récréations auront lieu en alternance. 
  • Les classes de « physical education » se feront en tenant compte des mesures sanitaires. 
  • Cette rentrée en présentiel se fera aussi en tenant compte des gestes barrières. 
  • Le personnel ou les élèves qui présentent des symptômes ou sont positifs ne doivent pas venir à l’école. Lorsqu'un membre du personnel ou un apprenant se sent mal à l'école, il doit être isolé et le ministère de la Santé sera immédiatement informé.  Si un test positif est obtenu sur un apprenant ou un membre du personnel, ce dernier sera référé au ministère de la Santé pour le suivi. Le cas positif sera prié de rester isolé selon les directives de la Santé pour une période de 10 jours. 
  • Les cas contacts subiront un test rapide le lendemain, c'est-à-dire le jour 1 après l'exposition et le jour 3 après l'exposition au niveau de l'école. Tous les classes ou départements affectés seront fermés, nettoyés et décontaminés le même jour. Les cas contacts directs testés négatifs ne seront pas tenus de s'auto-isoler et continueront à fréquenter l'école normalement.
 

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