Société

Rehabilitation Youth Centre et Correctional Youth Centre: plus de vie gâchée !

Un nouveau centre correctionnel pour filles a été inauguré cette semaine.
Zoom sur les conditions de détention au sein des Rehabilitation Youth Centres et des Correctional Youth Centres (filles et garçons) dans l’émission Talk of the town mercredi, animée par Priscilla Sadien.

(I) Quelle est la différence ?

Le Correctional Youth Centre (CYC) tombe sous l’administration du Commissaire des prisons, alors que le Rehabilitation Youth Centre (RYC) est géré par le ministère de la Sécurité sociale. Jayraj Hauroo, Deputy Permanent Secretary dudit ministère, explique c’est un magistrat qui réfère un enfant dans ces institutions. « Au RYC, les pensionnaires sont âgés de 10 à 18 ans. Ce sont, pour la plupart, des enfants sur qui les parents n’ont plus d’autorité (child beyond control). Là-bas, il y a un programme établi, comprenant l’heure de réveil, des repas, des classes et des activités à l’extérieur », souligne-t-il.

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incidents ont été recensés depuis le début de l’année dans les centres correctionnels et de réhabilitation. « Il y a eu beaucoup de dégâts, notamment des panneaux de vitres endommagés et des matelas incendiés », révèle Jayraj Hauroo. Il rappelle qu’en 2015, seuls trois incidents ont été enregistrés.

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(II) Qui sont les pensionnaires ?

  • « Des enfants et des adolescents de toutes les couches sociales », précise Hayraj Hauroo.
  • Vijay Ramanjooloo, psychologue, soutient que ces enfants proviennent d’un environnement immédiat « fragile », notamment « des familles brisées ».
  • En même temps, ajoute Vijay Ramanjooloo, ces enfants sont en train vivre le « processus de bouleversement physique et psychologique propre à l’adolescence ». « On déplore leur comportement sans réaliser que ces jeunes vivent une souffrance intenable », précise-t-il.
  • Haileen Marie, présidente de l’Ong Elan, souligne que les enfants qui atterrissent au CYC/RYC « ont connu plusieurs institutions, telles les crèches, et les parents d’adoption ».
  • « Ce sont aussi des enfants qui ont été rejetés par leurs parents dans certains cas », précise Haileen Marie. Et Rita Venkatasamy, Ombudsperson for Children, d’ajouter : « Des fois, leurs parents n’avaient pas les moyens de subvenir à leurs besoins. »
  • Dans certains cas, indique Rita Venkatasamy, ce sont des enfants qui ont été victimes d’abus, dont sexuels, par un parent ou un beau-parent.

(III) Quels sont les reproches faits aux CYC/RYC ?

  • Des conditions de détention déplorable et des règlements stricts (bouclage des dortoirs assez tôt et absence de télévision).
  • « Un bâtiment fantomatique, un lieu à l’atmosphère négative et un endroit sale », souligne Me Hervé Lassémilliante, vice-président de la Commission des droits humains.
  • L’endroit, ajoute Rita Venkatasamy, ressemble à une prison. « C’est impressionnant et traumatisant pour un/e mineur/e », dit-elle.
  • Le langage et le comportement des officiers travaillant dans ces centres fait aussi partie des reproches. Sam Lauthan, ancien ministre de la Sécurité sociale, explique qu’ils ont été recrutés et formés pour travailler à la prison. « Ils n’ont pas le background sociologique et psychologique requis pour encadrer des enfants à problème », dit-il.
  • L’absence de programme de maîtrise de la colère (anger management) est déplorée par Rita Venkatasamy. D’ailleurs, il semble qu’il y a plus de problèmes dans les centres pour filles que ceux pour garçons. « Ce sont des enfants qui ont un sentiment d’abandon. Beaucoup n’ont pas eu d’affection maternelle ou parentale. Derrière leur agressivité se cache une réelle souffrance », dit-elle.
  • Le fait que des jeunes souffrants de troubles psychiatriques atterrissent aux CYC/RYC est un autre problème. « Les indicateurs de comportement sont identiques, mais le problème c’est la santé mentale de ces jeunes. Malheureusement, leur place est dans un institut de santé et non un centre de détention », ajoute Rita Venkatasamy.

(IV) Quelles sont les solutions possibles ?

  • Pour Rita Venkatasamy, il faut de « petites unités  de réhabilitation ». « En mettant ensemble une vingtaine d’adolescents violents, on créé un environnement négatif », dit-elle. Elle explique que c’est l’une des recommandations qu’elle a faites dans son rapport sur les conditions de détention des jeunes délinquants.
  • Pour Sam Lauthan, il faut des officiers qui ont l’approche adéquate. « Il s’agit d’enfants et d’adolescents. On ne peut les astreindre à un régime similaire que les détenus adultes », dit-il.
  • Edley Maurer, de l’Ong Saffire, préconise un « accompagnement individuel, avec l’assistance de psychologues et d’autres experts ». Il propose aussi que chaque dossier soit suivi par une personne « avec l’objectif que l’adolescent retrouve sa place au sein de la société ».
 
 

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L’Ombudsperson for Children a insisté sur la nécessité d’abroger l’article 18 de la Juvenile Offenders Act. « Le Comité des experts des Nations unies l’a recommandé depuis 1996. On n’a rien fait jusqu’ici. Mais il faut en finir avec cette section de la loi qui permet à des shelters et des parents de faire admettre leurs enfants dans les centres correctionnels et de réhabilitation alors qu’ils n’ont commis aucun délit », affirme-t-elle. Elle souhaite aussi l’abrogation de l’article 19. « Sous cette disposition, un enfant qui demande l’aumône peut se retrouver dans un centre correctionnel. Il en est de même de l’enfant qui se retrouve en compagnie d’un voleur ou d’un sex worker. On oublie que l’enfant est surtout une victime dans ces cas », dit-elle. Elle dit reconnaître que les magistrats « font attention » et ne réfèrent pas « à la légère » les enfants dans des centres de détention. Néanmoins, elle insiste sur l’introduction d’un Juvenile Justice Bill.
 

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