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Regressive mark-up– Siddique Khodabocus : «Les prix des médicaments n’ont pas baissé»

Les prix des médicaments ont pris l’ascenseur durant la période de Covid-19, mais cela a persisté malgré le retour à la normale. Les autorités ont de ce fait mis en place le « Regressive mark-up » pour réduire les prix, mais cette mesure a échoué, laissant de nombreuses pharmacies en difficulté financière. Siddique Khodabocus, président du Pharmacy Council, souligne la nécessité de venir avec d’autres solutions.

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La Covid-19 a eu un impact considérable sur les prix des médicaments. Malgré que la situation semble être retournée à la normale, les prix des produits pharmaceutiques sont toujours élevés. Comment expliquer cette situation ? 

Cet aspect concerne le Pharmacy Board (PB), mais nous recevons néanmoins au Pharmacy Council (PC) des plaintes des membres du public. Comme je l’ai toujours dit, la baisse des marges sur des produits pharmaceutiques n’apporte pas grand-chose, du fait que les prix des médicaments sont élevés à la source. Même si on enlève les marges de profit, les prix des médicaments resteront toujours élevés. Par contre, cette mesure a un effet sur le bon fonctionnement des officines. Il faut chercher d’autres solutions.
 
Les pharmaciens doivent avoir les moyens nécessaires afin de pouvoir exercer leur métier avec professionnalisme. Si on baisse leur manque à gagner, ils risquent de se retrouver les mains liées et ne plus avoir suffisamment de produits en stock. Il sera difficile pour eux d’investir pour renouveler leur stock, ce qui fait que les patients pourront ne pas avoir leurs médicaments. 

De nombreuses pharmacies sont dans le rouge avec une marge de 17 %. Le Regressive mark-up n’est pas la solution, car les prix de vente des médicaments n’ont pas changé. De nombreux médicaments sont même devenus plus chers depuis l’application de cette mesure du fait que les prix ont augmenté à la source.

Le « Regressive mark up » a été implémenté pour réduire les prix des médicaments, avaient affirmé les autorités. Il n’a pas eu l’effet escompté vous voulez dire ? 

Non, cela n’a rien apporté, mis à part le fait que cela a impacté le fonctionnement des pharmacies, qui sont maintenant dans le rouge. Elles travaillent à découvert, ce qui les empêche de bien gérer leur entreprise. Il faut donc trouver d’autres solutions car à la fin du jour, les droits fondamentaux des patients d’avoir accès aux soins ne sont pas respectés.

Le Pharmacy Council va venir de l’avant avec le Professional fee de façon appropriée."

Le manque de médicaments, que ce soit dans le service public ou privé, est récurrent. Est-ce que cela a une incidence sur les prix ? 

Les prix des médicaments sont affectés par plusieurs facteurs : la devise, le coût des matières premières, le coût de production, le transport. Il y a aussi la loi de l’offre et de la demande. Mais, il y a des produits qui n’obéissent pas à cette loi. Pour les commodités essentielles comme celles liées à la santé, la loi de l’offre qui est totalement à l’opposé avec la loi de la demande, fait que les prix ne vont jamais baisser. 

Ce que nous constatons cependant, c’est qu’en raison du manque de médicaments, nombreux sont les professionnels de la santé qui n’arrivent pas à faire leur travail convenablement et ne peuvent fournir les patients en médicaments. Il ne faut pas oublier que nous avons un service de santé totalement gratuit. Il faut faire une étude afin de déterminer pourquoi ils sont nombreux, malgré tout, à se tourner vers les pharmacies du privé pour avoir leurs médicaments. 

De nombreuses pharmacies sont dans le rouge avec une marge de 17 %."

Le PC est venu de l’avant avec une réglementation qui permet aux pharmaciens de faire des substitutions génériques des médicaments. Plus de 80 % des produits qui sont sur le marché ont leurs équivalents génériques. De ce fait, la substitution est possible, ce qui va permettre aux patients d’avoir accès aux soins. Il reste maintenant à faire l’éducation du public afin qu’il accepte davantage les médicaments génériques. 
Les substitutions devraient être possibles quand il y a un manque du médicament de référence, quand il y a une pandémie qui engendre des difficultés d’approvisionnement, et quand le patient ne peut payer un produit prescrit qui n’est pas à la portée de ses moyens financiers. Ce changement peut alors être fait en accord avec le malade pour prendre un médicament générique qui est aussi efficace et moins cher. 

Selon la Pharmacy Act, un pharmacien doit être présent dans une officine durant ses heures d’ouverture. Est-ce que c’est vraiment le cas ?

La Pharmacy Act stipule que le pharmacien doit être dans une officine lors des heures d’ouverture. Cependant, la loi du travail indique qu’un employé doit travailler 40 heures par semaine. Là où le pharmacien est propriétaire de son commerce, il n’y a pas de problème, car il est normalement présent. Mais dans le cas où un pharmacien est employé dans une officine dont le propriétaire est un non-pharmacien, il peut y avoir certains manquements.

Le Pharmacy Board doit définir les heures d’ouverture des pharmacies lorsqu’il accorde le permis d’opération. Ce, en fonction des arrangements effectués entre le propriétaire et le pharmacien employé. Le PB doit exiger un contrat de travail où les horaires de travail du pharmacien sont définis. Avec la digitalisation, la présence du pharmacien peut être virtuelle pour un certain nombre d’heures par jour, car il doit être accessible. 

Des conditions doivent être attachées afin que certains produits tels que les médicaments contrôlés ne soient pas vendus quand le pharmacien n’est pas physiquement présent. Nous savons tous qu’il y a un manque de pharmaciens sur le marché. Et, un pharmacien ne peut travailler du matin au soir. Le Board doit cependant réglementer les horaires d’ouverture afin que le pharmacien puisse s’acquitter de ses 40 heures de travail par semaine en étant physiquement présent dans l’officine.

Comment distinguer un pharmacien d’un « Dispenser » ? 

Le PC a émis un badge, et nous allons exiger que les pharmaciens le portent en permanence afin que les membres du public puissent les identifier facilement pendant qu’ils sont en service.

L’annonce d’un « Professional fee » a soulevé un tollé l’année dernière et son implémentation a été reportée. Où en est-on avec ce dossier ? 

Le pharmacien est un professionnel de santé. Ses services ne peuvent être complètement gratuits, et il ne faut pas mélanger l’aspect commercial et l’aspect professionnel. 

Il y a eu des malentendus à propos du Professional fee, et certains ont cru que quand ils vont aller dans une pharmacie pour l’achat d’un produit, ils auront des frais à payer, ce qui n’est pas le cas. Le Professional fee est applicable quand un patient fait appel aux services du pharmacien pour des conseils sur la prise de ses médicaments et pour avoir son avis sur les interactions avec la prise de divers médicaments. Une prescription renferme des instructions d’un médecin et il faut connaître l’état de santé du patient pour lui expliquer. Cela requiert du temps, et les conseils donnés ne peuvent être gratuits. 

Il faut faire une étude afin de déterminer pourquoi ils sont nombreux à se tourner vers les pharmacies du privé pour avoir leurs médicaments."

Au PC, nous laissons à la discrétion des pharmaciens l’application de cette mesure qui est déjà dans la loi. Le PC doit cependant fixer un barème, et nous envisageons un prix raisonnable selon les services qui seront aussi bien définis. Le dossier est encore à l’étude en prenant en considération les réalités locales. Nous avons écouté les membres du public, et nous allons venir de l’avant avec cette mesure de façon appropriée. Aucune décision n’a été arrêtée jusqu’à présent. Ce qui est sûr, c’est que de nombreuses pharmacies ont des difficultés pour opérer et beaucoup de pharmaciens ont du mal à joindre les deux bouts. 
 

 

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