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Gaza frôle la famine alors que le blocus total imposé par Israël approche de son troisième mois

Crédit photo : CNN

Assise sous sa tente infestée de mouches dans la ville de Gaza, Iman Rajab tamise inlassablement des grumeaux de farine à l’aide d’un tamis.

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Elle a trouvé ce demi-sac de farine dans une benne à ordures. Il grouille d’insectes et présente des signes évidents de contamination. Mais pour Rajab, c’est encore la seule chance de nourrir et de maintenir en vie ses six enfants. Alors elle tamise encore une fois cette farine pour en faire du pain.

« Mes enfants vomissent après en avoir mangé. L’odeur est insupportable, » confie-t-elle à propos du pain obtenu. « Mais que puis-je faire d’autre ? Que vais-je donner à manger à mes enfants, si ce n’est cela ? »

C’est ce que rapporte CNN sur son site Web ce mercredi 30 avrl 2025. 

Elle fait partie des centaines de milliers de parents à Gaza qui peinent à nourrir leurs enfants, alors que l’enclave palestinienne ravagée par la guerre glisse vers une famine totale, entièrement causée par l’homme.

Depuis près de deux mois, Israël impose un blocus total sur Gaza, empêchant l’entrée du moindre camion d’aide humanitaire ou de marchandises commerciales — une période sans précédent dans l’histoire des blocus israéliens. 

Israël affirme avoir suspendu l’acheminement de l’aide pour faire pression sur le Hamas afin d’obtenir la libération des otages. Mais selon des organisations internationales, cette décision constitue une violation du droit international. 

Le représentant de l'État de Palestine a, en effet, affirmé lundi devant la Cour internationale de justice (CIJ) qu'Israël utilisait le blocage de l'aide humanitaire comme "arme de guerre" à Gaza, alors qu'a débuté à La Haye une semaine d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

Israël, qui ne participe pas aux audiences, a immédiatement riposté, dénonçant une "persécution systématique".

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

"Toutes les boulangeries de Gaza soutenues par les Nations unies ont été contraintes de fermer leurs portes. Neuf Palestiniens sur dix n'ont pas accès à l'eau potable", a déclaré lundi Ammar Hijazi, représentant de l'État de Palestine auprès des organisations internationales, lors de l'ouverture de l'audience.

"Les locaux des Nations unies et d'autres agences internationales sont vides... La faim est ici. L'aide humanitaire est en train d'être utilisée comme une arme de guerre", a-t-il ajouté devant le panel de 15 juges.

Selon le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'exprimant à Jérusalem, la procédure "s'inscrit dans le cadre d'une persécution et d'une délégitimation systématiques d'Israël".

"Ce n'est pas Israël qui devrait être jugé. C'est l'ONU et l'Unrwa" (l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens), a-t-il déclaré aux journalistes.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'agence subsidiaire de l'ONU, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé à l'attaque du mouvement palestinien Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Des enquêtes indépendantes indiquent qu'Israël n'a pas fourni de preuves concernant ces allégations.

"En tant que puissance occupante, l'État d'Israël doit fournir des services ou faciliter leur fourniture - y compris par l'intermédiaire de l'Unrwa - à la population qu'il occupe", a déclaré lundi dans un communiqué Philippe Lazzarini, le chef de l'Unrwa. Vendredi, il avait dénoncé "une famine provoquée par l'homme et motivée par des raisons politiques".

"De toute urgence" 
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d’États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

Vendredi, le Programme alimentaire mondial a prévenu que toutes les cuisines communautaires de Gaza "devraient être totalement à court de nourriture dans les prochains jours".

Des images de l'AFP provenant d'un des ces établissements de la ville de Gaza montrent une foule compacte d'enfants à l'extérieur, tendant désespérément leurs casseroles et poêles pour obtenir de la nourriture.

Selon les Nations unies, environ 500.000 Palestiniens ont été déplacés depuis la fin du cessez-le-feu de deux mois.

Israël a repris ses attaques aériennes et terrestres le 18 mars, tuant au moins 2.111 Palestiniens et déclenchant ce que les Nations unies ont décrit comme "probablement la pire" crise humanitaire du territoire depuis le début de la guerre.

Les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël avaient causé la mort de 1.218 personnes côté israélien, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.

Les représailles militaires d'Israël ont depuis tué au moins 52.243 personnes à Gaza, là encore majoritairement des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire, considérés fiables par l'ONU.

Les responsables israéliens répètent que la pression militaire est le seul moyen de contraindre le Hamas à libérer les 58 otages encore détenus à Gaza, dont 34 sont morts, selon l'armée israélienne.

En janvier 2024, la CIJ avait sommé Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide envers les Palestiniens et de permettre l'accès de l'aide humanitaire à Gaza. En mars 2024, elle avait réclamé de nouvelles mesures israéliennes face à "la famine qui s'installe" dans le territoire palestinien.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

Devant le Palais de la Paix, l'ambassadeur de la Palestine auprès des Nations unies, Riyad Mansour, a déclaré aux journalistes que les Palestiniens étaient en train de monter un dossier de droit international contre Israël, "bloc après bloc".

"Nous sommes convaincus qu'après cette horrible tragédie qui frappe notre peuple, en particulier dans la bande de Gaza, la balance de la justice s'inclinera vers la Palestine".

Sources : CNN et Agence France-Presse

 

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