Interview

Rakesh Rughoobeer : «Aucune loi n’empêche les enfants de politiciens de devenir entrepreneurs»

Lors de l’émission « Au cœur de l’info », le samedi 25 février, Rakesh Rughoobeer a répondu en direct aux questions de Nawaz Noorbux, Jugdish Joypaul et des auditeurs de Radio Plus sur la polémique autour des biscuits fournis par Rum & Sugar Ltd à la MDFP.

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Quelle est la procédure suivie par la Mauritius Duty Free Paradise (MDFP) pour choisir les produits proposés à la vente ?
Nous veillons à ce que nos produits soient exclusifs, car les touristes constituent notre principale clientèle. Nous avons des produits que les clients ne trouveront pas dans leur propre pays et sur le marché local. Misant sur l’innovation, nous avons introduit plusieurs nouveautés.

Comment Rum & Sugar Ltd, qui appartient à Sheila Hanoomanjee, fille de la Speaker de l’Assemblée nationale, est devenue fournisseuse  ?
D’abord, j’aimerais faire ressortir que nous n’avons aucun contrat avec les fournisseurs. Nous continuons à acheter leurs produits aussi longtemps que ceux-ci sont vendables.

Comment savoir si un produit est vendable ou non ?
Nous avons un Category Committee composé de six membres qui étudie les produits qu’on nous propose. Nous décidons s’ils sont vendables et voyons les stratégies marketing que nous proposent les fournisseurs.

Avez-vous goûté aux biscuits de Rum & Sugar Ltd ?
Oui. Ces biscuits sont excellents.

Ce sont des biscuits fabriqués par Esko.
Ces biscuits sont vendus dans une très belle boîte. Ça ne m’intéresse pas de savoir d’où ils sortent, du moment qu’ils ont bon goût.

Ont-ils été bien accueilli par le public ?
Nous avons pris 400 boîtes en consignation le 9 décembre dernier, c’est-à-dire que si on arrive à les vendre, on paie le fournisseur et dans le cas contraire, on lui retourne ses produits.

Est-ce possible ?
Oui. Si on ne veut prendre aucun risque avec un produit, on propose au fournisseur de le prendre en consignation.

Saviez-vous que ces biscuits sont des produits Esko ?
Non, nous n’avions même pas prêté attention à leur provenance.

Et vous les auriez retenus, si vous aviez su qu’ils avaient été fabriqués par Esko ?
Oui, sans problème. On privilégie la qualité.

Dans ce cas précis, combien de biscuits de Rum & Sugar Ltd ont été vendus ?
En un mois, on a vendu 80 % du stock.

Et vous dites qu’il n’y a pas d’appel d’offres ?
Non, on ne travaille pas sur appel d’offres. Par exemple, si on nous propose des sacs biodégradables, comment vais-je savoir qui est le fournisseur ? Par contre, si quelqu’un a un joli sac, que toutes les procédures sont respectées, que tous les documents sont en règles et qu’il pense avoir sa place à la MDFP, qu’il vienne nous voir.

La perception est que, sous le gouvernement actuel ou même l’ancien gouvernement, on doit avoir de bonnes connexions politiques pour pouvoir placer des produits à la MDFP.

Je vous parle de mon administration. Je regarde un produit par sa qualité et non en fonction de son fournisseur.

Avez-vous subi des pressions politiques ?
Non, je n’ai subi aucune pression politique.

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«Je pense que personne n’a le droit de dire que ces produits sont chers ou non, parce que personne ne vous force à les acheter.»

Comment s’est fait le marketing des biscuits de Rum & Sugar Ltd?
Ce qui nous intéresse, c’est si le produit est vendable. Dans un premier temps, on ne développe aucune stratégie marketing, car si on le fait, on ne saura pas si le produit a une valeur commerciale. D’abord, on doit laisser le produit sur les étagères et voir s’il se vend.

Est-ce que vous n’étudiez pas au préalable l’historique de la compagnie ? Dans la presse, on apprend que Rum & Sugar Ltd a été incorporée en juillet 2016. Donc, c’est une nouvelle compagnie...
En d’autres mots, vous voulez me dire que si un jeune vient sur le marché, nous ne devons pas lui donner la chance de faire ses preuves ?

Vous savez très bien que l’expérience compte beaucoup en business, parce que ce sont des produits exposés à la MFDP, qui est la vitrine de Maurice.
C’est ce que je vous ai dit. Nous avons pris en considération la market value de ces biscuits, nous étions satisfaits de leur qualité et effectivement, ils ont très bien marché.

Vous avez dit que 80 % du stock a été vendu. Qu’en est-il des 20 % restants ?
Ils sont toujours là. J’ai demandé qu’on les enlève des rayons en raison de toute la polémique autour.

Vous allez les goûter de nouveau?
C’est ce que je vais faire.

Le conseil d’administration va-t-il prendre une décision sur ces biscuits la semaine prochaine ?
Je pense que oui.

Vous êtes le Chief Executive Officer de la MDFP et vous n’êtes pas intéressé par la provenance de ces biscuits ?
Peut-être que j’ai demandé. Je ne m’en souviens pas. Mais je peux vous assurer que je les ai goûtés et je trouve qu’ils sont excellents. Pour moi, c’était le plus important. Il se pourrait aussi qu’on ait les sources of origin...

Est-ce vrai que vous achetez ces biscuits à 7,7 euros (Rs 292) et que vous les vendez à 17 euros (Rs 646) ?
Définitivement, oui.

Est-ce que ce n’est pas une trop large marge de profit ?
C’est depuis longtemps la politique de l’organisation.

Le leader de l’opposition dit qu’ils sont vendus à Rs 20 au supermarché.
Je n’ai jamais vu les biscuits que j’ai mangés se vendre à Rs 20 dans les supermarchés.

Vous n’avez jamais vu les biscuits Esko dans les supermarchés ?
Je n’ai jamais vu les biscuits dont on parle.

C’est une variété différente de celles qu’on trouve sur le marché local ?
C’est sûr.

Vous dites que c’est à cause du coffret que ces biscuits coûtent aussi cher.
Je ne dis pas que le coffret coûte cher. Vous avez introduit un produit, vous avez travaillé sur un nouveau produit, c’est que vous avez un patent rights sur ces produits. Si vous estimez qu’il doit se vendre à Rs 100 et si moi je le vends à Rs 150 ou Rs 180, vous prenez le risque de le vendre à ce prix-là. En tant qu’hommes d’affaires, nous sommes intéressés à faire des profits car, après tout, nous sommes une profit making organization. Je pense que personne n’a le droit de dire que ces produits sont chers ou non, parce que personne ne vous force à les acheter. Si vous trouvez qu’ils sont chers, vous ne les achetez pas.

Si c’était une personne proche de l’opposition, est-ce que ses produits auraient été retenus ?
Nous avons aussi des fournisseurs qui sont proches de l’opposition.

Quelle est votre lecture de tout le tapage autour de ces biscuits ?
D’abord, est-ce qu’il y a une loi à Maurice qui interdit aux enfants de ministres ou de députés du gouvernement, ou même de l’opposition, de devenir des hommes d’affaires ou des entrepreneurs ? S’il existait une pareille loi, j’aurais été le premier à refuser leurs produits. Je pense que tout le monde doit avoir sa chance.

 

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