Quel avenir pour Pravind Jugnauth et le MSM?

Pravind Jugnauth aura-t-il la même résilience que Navin Ramgoolam ?

Blame game au sein du parti
Le PMSD quitte officiellement l’alliance avec le MSM
Silence radio de la direction

Le dilemme auquel fait face Pravind Jugnauth et le Mouvement socialiste militant (MSM) est de taille. Comment réorganiser le MSM après une telle débâcle électorale ? Le leader pourra-t-il compter sur ses fidèles ou, au contraire, l’abandonneront-ils face aux obstacles qui se dressent devant lui ? En tout cas, l'un de ses partenaires majoritaires, le Parti mauricien social-démocrate (PMSD), a déjà décidé de se dissocier du MSM.

Presque une semaine après les élections générales du 11 novembre 2024, le Mouvement socialiste militant (MSM) et ses collaborateurs les plus proches, notamment les attachés de presse, les nominés politiques et autres, ont disparu de la circulation. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les coulisses politiques, le MSM semble avoir opté pour une discrétion totale.

Selon plusieurs sources au sein du MSM, notamment celles de collaborateurs ayant préféré parler sous couvert de l’anonymat, la situation interne du parti après cette défaite électorale est tendue. L’une des premières informations ayant émergé concerne un silence quasi-total entre la direction du parti et ses membres. Les groupes WhatsApp affiliés au MSM, par exemple, sont restés muets.

« Les candidats battus n’ont reçu aucune communication officielle après la défaite de lundi dernier. Chacun semble se concentrer sur lui-même. Il ne semble pas y avoir de moment propice pour parler politique après une performance aussi médiocre », explique un membre du MSM au Sun Trust.

D’autres sources font état d’une éventuelle conférence de presse de Pravind Jugnauth prévue la semaine suivante, mais encore une fois, aucune information concrète sur le jour ou l’heure n’a été communiquée. Lorsqu’on a contacté Kavish Pultoo, ancien responsable du service de communication de l’ex-Premier ministre, il a déclaré ne rien savoir de la situation, précisant qu’il a pris un « break avec Pravind Jugnauth ».

Face à ce manque de communication et de direction, il devient évident que l’organisation du MSM traverse une crise de leadership. L’ambiance au sein du parti est marquée par une série de « blame game interne » où chacun tente de mettre en lumière les erreurs de stratégie. Pour certains, des signes avant-coureurs d’une campagne mal orientée étaient déjà présents dès le lancement de la campagne, notamment au sein de la circonscription No 6 (Grand-Baie/Poudre d’Or), où une partie de l’électorat a exprimé son mécontentement concernant les candidats choisis par le MSM.

Un autre élément de critique majeur repose sur la gestion de la campagne par une équipe considérée comme inexpérimentée, notamment composée de Lovesh Ramlochane, Zouberr Joomaye et Kavish Pultoo entre autres. « Cette stratégie n’a pas fonctionné et cela s’est ressenti tout au long de la campagne avec les différents couacs observés », commente un membre du MSM.

En effet, contrairement aux précédentes campagnes électorales où des personnalités comme Sherry Singh, Ken Arian, ou même sir Anerood Jugnauth ont joué un rôle clé, la campagne de 2024 a été pilotée par des néophytes sans l’expérience nécessaire pour mener une telle mission.Si certains au sein du MSM pointent déjà ces erreurs stratégiques, il est évident que les « Moustass Leaks » ont également eu un impact désastreux sur la campagne électorale. Les enregistrements compromettants, qui ont fait l’objet de vives polémiques, ont contribué à ternir l’image du MSM auprès de l’électorat. « Si nou ti kone avan kampagn-la ki ti pou ena tou sa koze Missier Moustass-la, zame nou ti pou fer lalyans ek MSM », a-t-il ainsi confié
Au-delà des querelles internes et des critiques qui fusent de tous côtés, l’avenir de Pravind Jugnauth et du MSM demeure incertain. Avec les enquêtes qui se profilent, une question se pose : Pravind Jugnauth devrait-il prendre un congé politique pour se concentrer sur sa défense ? Pour certains observateurs, cela serait une décision sage afin de préserver son image, mais d’autres au sein du MSM, estiment que cette question ne se pose même pas, arguant que le MSM et la famille Jugnauth sont indissociables.

Le PMSD se dissocie officiellement du MSM

La nouvelle nous a d'abord été confirmée par le leader du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), Xavier-Luc Duval lui-même. Le PMSD a officiellement quitté l'alliance avec le MSM. Le responsable de la communication, Olivier Barbe, a affirmé : « Le PMSD était en alliance avec le MSM pour remporter les élections, mais les urnes ont parlé. Donc, la question d’être en alliance avec le MSM ne se pose plus. Cependant, nous collaborerons avec le nouveau leader de l’opposition », a-t-il déclaré.

Kris Valaydon: « Encore faut-il que le MSM ait la capacité de défier le gouvernement »

« La question qui se pose est la suivante : si le MSM a pu tenir et diriger un gouvernement avec seulement 37 % de la population, sera-t-il capable, avec seulement 27 %, de diriger l’opposition, qui plus est une opposition extraparlementaire », se demande l’observateur politique, Kris Valaydon. « Il est vrai que le MSM dispose d’un représentant au Parlement en tant que leader de l’opposition, mais encore faut-il que le MSM ait la capacité de défier le gouvernement, la force de le questionner et l’énergie nécessaire pour mener une opposition parlementaire composée de seulement deux membres », dit-il.

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