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Quand l’héroïne touche la classe moyenne et aisée

Selon Ally Lazer et Imran Dhunoo, les policiers, infirmiers, enseignants et fonctionnaires figurent parmi les drogués. Reportage.

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Ally Lazer
Ally Lazer

Le travailleur social Ally Lazer estime que le fléau de la drogue à Maurice touche toutes les couches sociales. « Je suis engagé sur le terrain comme un militant antidrogue depuis 42 ans. Au début d’année 80, le consommateur d’héroïne était plutôt le délinquant, le récidiviste de famille modeste. 'Azordi mem bann profesionel e intelektyel finn vinn esclav ladrog e finn rwin zot karier e lavi zot fami akoz ladrog' », indique Ally lazer.

Ce dernier explique qu’en début de semaine, il a reçu la visite d’un jeune médecin accompagné de ses proches. Le jeune consomme de la drogue depuis environ trois mois. Il demandait de l’aide pour sortir de cette dépendance. « Ena bann legiss, bann ot personalite e mem sertin politisien e polisie ki finn victim ladrog e anvi sort ladan ki finn detrir zot karier e zot lafami », explique-t-il.

Arvind, 26 ans, un policier habitant un faubourg de la capitale est sous méthadone. Depuis cinq ans il prend de l’héroïne. Tout a commencé quand il était une jeune recrue dans la police. Il a été policier pendant neuf mois, puis a été arrêté en possession de cannabis par l’Anti-Drug and Smuggling Unit. Il a été condamné à payer une amende et s’est retrouvé au chômage. Il explique qu’il a commencé à prendre de l’héroïne avec des amis et que très vite il est devenu accro. Il a commis des vols avec effraction et s’est retrouvé à deux reprises en prison. « Monn detrir mo karyer e mo lavi familial e zordi mo pe lute pou sort dan ladrog, mo lor metadonn, me parfwa mo ankor met enn ti nissa. Mo sagrin seki finn ariv mwa mo finn detrir mo lavi akoz ladrog. Mo dir bann zenn pran kont lavi », dit Arvind (prénom modifié).

Pour sa part, Mohammad, 35 ans, habitant de Phoenix, était marié et père de famille. Venant d’une famille très aisée de commerçant. Il avait un fonds de commerce et était un importateur réputé. Mais il est devenu dépendant de la drogue après une affaire de cœur. Il explique qu’au départ il avait une maitresse dont il était amoureux fou. À tel point qu’il a abandonné son épouse et ses deux filles qui étaient en bas d’âge à l’époque, pour se mettre en concubinage avec sa maitresse. Mais sa maitresse a décidé de l’abandonner pour un chauffeur de taxi après trois ans de vie commune.

Il sombre dans la dépression quand il se retrouve seul, son épouse et ses deux enfants étant partis vivre à l’étranger. « Mo finn koumans pran ladrog pou esaye noye mo sagrin e monn tom ladan kan monn perdi mo magazin mo fam mo zanfan. Mo lakaz kouma ene tombo aster. Mem fami pale frekante mwa », dit-il.


Un problème national

Imran Dhunoo
Imran Dhunoo

Sollicité pour une réaction, Imran Dhunoo le président du Centre Idrice-Goomanee, dit être certain que l’héroïne touche la classe moyenne, mais qu’il n’y a aucune donnée sur sa prévalence. « En général, il y a plusieurs types de drogue. Le Brown Sugar est disponible à Maurice depuis 37 ans. La consommation d’héroïne touche plus la classe ouvrière. Deuxième phénomène : au début l’héroïne touchait les communautés musulmane et créole. Mais aujourd’hui c’est devenu un problème national qui touche toutes les communautés. Le centre reçoit, par exemple, des infirmiers, des enseignants et des fonctionnaires », estime Imran Dhunoo.

Ce dernier estime qu’il se peut que les professionnels de la classe moyenne soient rares, parce qu’ils n’ont pas besoin de se tourner vers des centres publics et s’adressent plutôt vers des centres privés à Maurice et à l’étranger. Il dresse un parallèle avec la prison qui selon lui est un micro société. 50 % des personnes y sont faute de pouvoir payer une caution. 65 % d’entre eux y sont pour une affaire de drogue.

Plusieurs facteurs pousseraient la classe aisée et moyenne vers l’héroïne. Selon Imran Dhunoo, si une personne a les moyens financiers, « il aura le moyen de s’injecter de l’héroïne. Il pourrait s’injecter jusqu’à 6 g par jour. Ce que la classe ouvrière ne peut pas faire ». Pour ce dernier, dans la haute société le phénomène est différent. « C’est plus sexe et drogue. Certains hommes prennent de l’héroïne pour faire durer le plaisir plus longtemps. L’an dernier, le service douanier a saisi 1,35 kg de métamphétamine », fait-il ressortir.

 

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