L’économiste Éric Ng ne s’est jamais démenti dans sa dénonciation des aides publiques généreuses dans tous les sens au nom d’un ‘socialisme’ qui, selon lui, ne favorise ni l’effort ni la productivité. Partisan d’un libéralisme responsable, il en remet une couche dans son dernier ouvrage intitulé « Un malade imaginaire : au chevet de l’économie », dans un style auquel il avait déjà eu recours pour son précédent ouvrage « Maurice La Cigale ».
Dans des interviews accordées après la pandémie, il se montrait déjà critique de l’usage dont le gouvernement faisait des fonds publics à travers la Mauritius Investment Corporation (MIC), avec selon lui, des aides distribuées à gauche à droite sans véritablement vérifier l’état des finances de certaines boites et leur gestion des aides obtenues. Questionnant ces aides, il observe qu’elles ont peu d’impact sur la création des emplois et « aident très peu à rehausser la compétitivité des entreprises et à favoriser l’innovation. On peut même penser que les aides se substituent à la volonté d’innover ».
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« L’île Maurice un pays endetté »
« L’île Maurice est un pays endetté. Alors qu’on parle beaucoup de la dette publique, la dette du secteur privé (entreprises et ménages) mérite également une attention particulière. De même, ceci expliquant cela, le pays, connu pour son Welfare State, doit maintenant avoir le regard tourné vers le corporate welfare, c’est-à-dire l’État au service du bien-être des entreprises », écrit-il dans son dernier livre.
Depuis cinq décennies, les entreprises mauriciennes, telles des ‘drogués’ sont devenues de plus en plus ‘accros’ aux aides publiques incapables de voler de leurs propres ailes, observe-t-il. Et ce sont les contribuables issus de toutes les couches sociales qui, indirectement, leur permettent de se maintenir à flot. Sans que l’État leur donne la possibilité de vérifier si ces aides sont utilisées à bon escient. « Les contribuables, écrit Éric Ng, sont aujourd’hui comme les Danaïdes, les filles du roi Danaos, qui, pour avoir tué leur mari, furent condamnées, aux Enfers, à remplir sans fin un tonneau troué. Le monde d’après ressemblera en tout point au monde d’avant, à savoir une économie de surendettement sous tutelle publique, entravant la croissance économique ».
« Populisme économique »
Les aides publiques sont sans doute indispensables reconnait Éric Ng, mais elles ne sauraient être l’unique instrument à utiliser en premier ressort. « L’aide publique doit être bien calibrée avec des principes directeurs clairs : soutenir les industries où la demande a chuté, et les firmes qui subissent des contraintes de crédit », soutient-il. Ce neuvième ouvrage d’Éric, au ton réquisitoire, dresse les rendez-vous ratés de notre économie à la sortie de la crise pandémique, dont celle d’une véritable réforme structurelle que l’auteur appelle de ses vœux afin de relever les défis de l’innovation, la compétitivité et la productivité.
Une des multiples conclusions à laquelle l’auteur arrive est le recours au « populisme économique » du gouvernement avec son coût pour le Trésor public et « entraînant le pays dans la spirale de la dette, sans une réforme sérieuse du système public des retraites et sans recourir au ciblage des aides sociales, pendant que des cerveaux fuient les embûches de l’État populiste ».
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