Le nouveau gouvernement a du pain sur la planche au niveau économique. Deux économistes livrent leurs impressions sur le sujet et élaborent les chantiers prioritaires.
Comment se porte l’économie mauricienne ? « Sa kantite devlopman-la an 2 zan selman. Se enn pei en plin boom », disait récemment le ministre des Finances sortant, Renganaden Padayachy. Le régime sortant tablait d’ailleurs sur un taux de croissance de 6,5 % cette année et une progression économique de 7 % en 2025.
De l’avis de Sanjay Matadeen, économiste et chargé de cours à Middlesex University Mauritius, tous les économistes ne partagent pas l’analyse de Renganaden Padayachy. « Ils diront objectivement qu’il n’y a pas de boom économique dans le pays. Nous sortons d’une récession et stagnons sur les secteurs existants. Ce n’est que cette année que les arrivées touristiques pourraient atteindre le niveau de 2019.
Qu’est-ce qui est nouveau pour provoquer un boom économique ? Rien ! Sur la scène internationale, la guerre entre la Russie et l’Ukraine est toujours d’actualité. Maurice ne dispose pas d’une économie insulaire et ne peut se fier sur son marché local uniquement. Le pays importe la majorité de ce qu’il consomme. Quels sont les facteurs externes qui ont permis à l’économie mauricienne d’avoir un boom ? », avance-t-il.
Le nouveau gouvernement devra analyser les chiffres économiques et évaluer le coût des mesures qu’il a promis d’introduire. Sanjay Matadeen ajoute qu’il faut de l’argent pour investir et relancer l’économie.
Les priorités économiques selon…
….Sanjay Matadeen
Inflation
Il faut stabiliser les prix. C’est une des priorités du gouvernement.
Dépréciation de la roupie
Cela consiste à travailler pour une roupie forte et arrêter la dépréciation de notre monnaie locale.
L’indépendance de la Banque de Maurice
La Banque centrale doit jouer son rôle de manière indépendante. L’emphase doit être mise sur la réduction de l’inflation.
Croissance et dette publique
Promouvoir la croissance économique et cibler un taux supérieur de 5 %. Ce sera une façon de financer les promesses électorales en grossissant le gâteau national. Les dépenses devront être revues à la baisse de même que la dette en pourcentage du Produit Intérieur Brut (PIB).
Développer de nouveaux secteurs
Jeter les bases pour le développement de nouveaux secteurs.
Production et compétitivité
Booster la production qui influencera nos exportations et notre dépendance à l’importation. Cela permettra de réduire le déficit de la balance des paiements tout en entraînant une augmentation de la rentrée des devises.
Emploi
Maurice fait face à la problématique du manque de main-d’œuvre. Il faut tenir compte de l’aspect qu’est la formation et le reskilling. Beaucoup de personnes sont sous-employées. Créer les conditions appropriées pour retenir les jeunes talents en réponse à la population vieillissante et à l’exode des jeunes.
Répartition des richesses et des revenus
Réduire le fossé entre les riches et les pauvres et répartir la richesse de manière équitable.
…Manisha Dookhony
La roupie
La défense de la roupie doit être une priorité. Cela va permettre de contrôler les prix et diminuer l’inflation. Il y a un gros problème de devises dans le pays. Cela accentue le stress sur la distribution et augmente les prix. Des facteurs externes influencent également la situation. Le dollar se consolide et devient plus cher.
Les revenus
Il faut consolider les revenus. Des économistes ont tiré la sonnette d’alarme sur certains points, dont la comptabilisation du PIB et le calcul des reventes des biens en investissement.
Le développement de nouveaux secteurs
Développer de nouveaux secteurs qui seront portés vers l’exportation est important. La balance de paiement est défavorable à Maurice.
Dette publique
La composition de la dette publique à Maurice est essentiellement locale. Le remboursement de cette dette bénéficie de la tendance baissière au niveau des taux d’intérêt. Le taux de la dette par rapport au PIB semble pointer vers le bas.
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