Ralentissement économique, inflation, augmentation des prix des commodités… Autant de facteurs qui ont contribué à une baisse du pouvoir d’achat. Comment y faire face ? La parole aux associations de consommateurs.
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Survivre à tout prix. Face à flambée des prix, le risque d’endettement est réel, préviennent les associations de consommateurs. Elles sont unanimes à parler de situation « dramatique », surtout pour ceux qui sont au bas de l’échelle.
La guerre en Ukraine n’a fait qu’aggraver une situation déjà difficile, fait ressortir Claude Canabady de la Consumers’ Eye Association (CEA). Inflation, dépréciation de la roupie face au dollar, à l’euro et à la livre sterling, effets économiques persistants de la pandémie de Covid-19… autant de facteurs qui plombaient déjà le pouvoir d’achat des consommateurs. « Nous importons 75 % de nos besoins. La facture risque d’augmenter, surtout avec la hausse du coût du fret », souligne Claude Canabady.
Résultat : la pauvreté est plus visible aujourd’hui à cause d’un faible pouvoir d’achat, lance Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM). Devant le ralentissement économique actuel, le salaire des Mauriciens est insuffisant face à la hausse des prix des denrées alimentaires.
Claude Canabady ne dira pas le contraire. Cette baisse du pouvoir d’achat affecte en particulier ceux qui avaient déjà des difficultés à joindre les deux bouts. Il parle aussi des pensionnés qui n’ont pas bénéficié d’une augmentation depuis ces trois dernières années. Et déplore le fait que même les légumes qu’ils pouvaient acheter il y a encore peu sont désormais hors de portée en raison des augmentations en cascade.
En fin de compte, observe Suttyhudeo Tengur, directeur de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), les poches de la majorité de ceux qui sont au bas de l’échelle sont vidées face à des hausses de prix quotidiennes. Beaucoup de foyers n’ont d’autre choix que de supprimer des produits de première nécessité pour pouvoir survivre.
Devant la nécessité de trouver des revenus, il est très facile, avance-t-il, de contracter des dettes. Confrontés à la réticence des banques à ouvrir leurs caisses, ceux qui ont besoin d’argent n’ont souvent d’autre choix que d’avoir recours à des « casseurs ». Mais à quel prix...
Une révision des priorités du gouvernement préconisée
Dans un contexte économique difficile, les associations de consommateurs estiment que le gouvernement doit revoir ses priorités.
- La priorité doit être d’aider les plus démunis. Pour ce faire, Claude Canabady soutient qu’il faut cibler des produits de base qu’ils utilisent au quotidien. Il préconise une diminution de la TVA uniquement sur ces articles.
- Instauration d’un système de taxe progressive afin que ceux qui touchent un salaire plus conséquent paient plus.
- Diminution des taxes sur l’essence, plaide la Consumer’s Eye Association.
- Promotion de la production locale en soutenant les PME.
- Encourager le « backyard gardening » pour assurer l’autosuffisance alimentaire du pays, plaide l’ACIM.
- Révision à la baisse des prix des couches pour adultes et bébés, des produits indispendables, demande l’ACIM.
- Réduction de la TVA au minimum sur les panneaux solaires pour encourager plus d’habitants à en profiter et diminuer ainsi leur facture d’électricité, propose la Consumers’ Eye Association.
- Élargissement de l’éventail des produits qui touchent directement le petit consommateur pour lui donner un peu de répit, selon l’APEC.
- Mesures pragmatiques de soutien aux agriculteurs pour atteindre l’autosuffisance en pomme de terre, oignon et autres légumes. Ce qui permettra de réduire notre dépendance sur l’importation, souligne Suttyhudeo Tengur.
- Soutien financier aux PME en rendant le crédit plus accessible à un coût raisonnable, ajoute Suttyhudeo Tengur.
- Contrôle des prix des denrées alimentaires pour soutenir les familles démunies face à ce qu’il qualifie d’« exagération » des prix. Ce qui permettra aux consommateurs d’acheter davantage de produits essentiels à un prix abordable, dit Jayen Chellum.
- Révision de l’excise duty et du « Cost, Insurance and Freight » (CIF) sur les produits de base afin que les ménages puissent joindre les deux bouts, propose l’ACIM.
- Les différentes associations de consommateurs sont totalement contre l’augmentation du prix du pain maison. Il s’agit d’un aliment de base consommé par la classe moyenne, font-elles ressortir. Dans la situation économique difficile, le gouvernement devrait taxer les consommateurs sur le pain spécial pour obtenir des revenus, martèlent-elles.
Conseils des associations de consommateurs
Face à la baisse du pouvoir d’achat, les dettes s’accumulent et les créanciers sont aux aguets. Les associations de consommateurs livrent quelques conseils pour éviter l’endettement en cette période de crise économique :
- Établissez un budget. Cela vous permettra de vous assurer que vous ne dépensez pas en dehors de vos moyens. Les associations recommandent aux consommateurs de faire une liste des dépenses en ordre de priorité et d’être disciplinés au moment de faire les courses.
- Si vous avez désespérément besoin d’argent, contactez les membres de votre famille pour vous aider. Si malgré cela, vous avez vraiment besoin d’emprunter, demandez à un proche. Au moins vous n’aurez pas d’intérêts à rembourser.
- Si malgré tous vos efforts, vous devez emprunter auprès d’une institution, lisez attentivement les conditions stipulées. Vérifiez si vous avez les moyens de repayer la somme mensuelle et les intérêts. Sinon, abstenez-vous.
- Les associations de consommateurs mettent en garde contre les fausses promotions. Méfiez-vous des promotions sur les produits qui sont presque arrivés à la date d’expiration, à moins que ceux-ci sont sur votre liste et que vous vous en servirez avant cette date.
- À l’aide d’une calculatrice, vérifiez le montant total de vos dépenses au fur et à mesure que vous achetez des produits au supermarché.
- À la caisse, vérifiez ce que vous payez sur le reçu. En cas d’erreur, avisez le responsable du supermarché immédiatement.
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