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Paiement du 14e mois : les employeurs attendent les modalités

Du côté des PME, on évoque la difficulté de décaisser le paiement du 14e mois.
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Les entreprises de diverses tailles attendent les détails sur le paiement du 14e mois. Ces modalités sont en préparation.

L’Alliance du Changement avait évoqué un support qui sera accordé aux entreprises en difficulté pour le paiement du 14e mois. Actuellement, il existe déjà un système dédié au paiement de la compensation salariale, via un support de la Mauritius Revenue Authority (MRA). On apprend que le paiement de ce boni supplémentaire pourrait suivre ce même système ou un « scheme » issu du budget. 

Cependant, les modalités n’ont pas encore été établies. Le fonds d’où le financement sera puisé reste également en suspens. L’utilisation de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) semble peu probable. 

Qui bénéficiera d’une éventuelle aide financière du gouvernement ? Le bilan financier des compagnies a été filé en septembre 2024. C’est à partir de cela que sera déterminée la capacité d’une entreprise à honorer ou pas cette mesure, fait comprendre une source. Il se pourrait qu’un « case-to-case basis » soit aussi une option pour les employeurs qui affirmeront ne pas être en mesure d’assurer le financement.   

L’Alliance du Changement avait évoqué un support qui sera accordé aux entreprises en difficulté pour le paiement du 14e mois"

Entreprises et PME sous pression

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François de Grivel, industriel.

François de Grivel, industriel et chef d’entreprise, estime que cette mesure électoraliste n’a pas été anticipée. Selon lui, ce dispositif sera difficile à appliquer pour les entreprises en raison de son coût élevé. « Je ne pense pas que ce soit dans l’intérêt du pays d’imposer ce 14e mois, à moins qu’il y ait des modalités qui soient appliquées que nous ne connaissons pas. Ce sera un coût élevé non seulement pour le secteur privé, mais aussi pour l’État », indique-t-il. 

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Nadiim Bhoyroo, CEO de The Hamilton Furniture.

Nadiim Bhoyroo, CEO de The Hamilton Furniture, estime que le nouveau gouvernement devra tenir sa promesse. Cependant, il souligne que les PME ne réalisent pas de profits de plusieurs milliards de roupies et disposent uniquement de fonds de roulement limités, souvent empruntés auprès des banques. De ce fait, ce sera difficile pour les PME de décaisser le paiement du 14e mois. 

« Certaines PME ont des arrérages sur la CSG. Il y a des travailleurs étrangers qui ont rejoint des PME en juin et juillet. Selon la loi, ils sont éligibles à un 13e mois et le versement d’un 14e mois suivra également cette loi. Quid du calcul ? Sera-t-il appliqué pour le paiement des deux bonis ? La MRA va-t-elle verser l’argent directement sur le compte de l’employé ? Pour le GWAS, l’argent était versé sur le compte de l’employeur qui se chargeait à son tour de distribuer aux employés », fait-il ressortir.

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Radhakrishna Sadien, président de la State Employees’ Federation.

En attendant de savoir davantage sur les modalités, l’inquiétude plane au sein des entreprises. Du côté des PME, des risques de licenciement sont même évoqués dans l’éventualité qu’un consensus ne soit pas trouvé avec le gouvernement. Radhakrishna Sadien, président de la State Employees’ Federation, rappelle que le ministre du Travail sortant avait, lors d’une question à l’Assemblée nationale, indiqué que le 14e mois nécessitait des consultations avec les parties prenantes avant toute décision. 

Or, dit-il, le gouvernement sortant l’a annoncé lors de sa campagne. « Je pense que les discussions sont importantes avec le patronat, les syndicalistes et autres parties. Le danger est que cette mesure pourrait être une menace pour les employés. Il y a des entreprises qui ont réduit leur effectif. C’est trop facile pour que le gouvernement vienne dire que la MRA va aider les entreprises en difficulté. En fin de compte, ce sont les contribuables qui vont financer cela. N’oublions pas que des aides financières accordées à de grandes compagnies ont été ‘write-off’ par la suite », souligne-t-il.

 

 

En chiffres

Le paiement du 14e mois coûtera Rs 18,2 milliards selon AXYS  


Ce boni additionnel devrait coûter au gouvernement environ Rs 2,5 milliards pour les employés de l’État selon le rapport intitulé « Winds of change » publié récemment par AXYS. Il est estimé à Rs 15,7 milliards pour le secteur privé. 


 Les propositions 

Réajuster efficacement les salaires

salaire
La question se pose si ce boni sera un one-off. 

Le réajustement salarial est un dû pour les employés selon Radhakrishna Sadien. Ce dernier explique que la révision à plusieurs reprises du salaire minimum a entrainé une frustration entre une personne comptant plusieurs années d’expérience et un nouveau salarié. Pour cause, le niveau de salaire est quasiment le même. Un réajustement salarial aurait été un montant obtenu en continu par l’employé. Le 13e mois aurait été calculé en tenant compte du salaire réajusté.

« On aurait pu considérer cela comme une sorte de boni étalée sur plusieurs mois. En revanche, le paiement du 14e mois peut se résumer à une illusion monétaire, car il sera englouti par la hausse des prix. Cet argent va retourner dans la caisse du gouvernement à travers la TVA. Ce boni supplémentaire sera un one-off et que fera-t-on après ? Continuer de nous battre pour le réajustement salarial pendant cinq ans ? », avance-t-il. 

Seuil et prêt sans intérêt 

Pour François de Grivel, il faudrait créer des seuils de paiement pour un certain niveau de salaire, notamment à Rs 25 000, Rs 50 000 et Rs 100 000 avec des montants en pourcentage plus modeste. On pourrait aussi opter pour un prêt du gouvernement sans intérêt sur une période de 12 mois, voire de 24 mois.

 

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