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Notation de Moody’s - Sudhir Seesungkur : «Pas de gros impacts négatifs pour le moment»

En tant qu’ancien ministre des Services financiers, la décision de Moody’s de maintenir la notation Baa3 et de rétrograder les perspectives de « stable » à « négative » pour Maurice est-elle une surprise pour vous ?
Ce n’est pas surprenant. Le rapport sur l’état de l’économie, publié en décembre dernier par le gouvernement, était une indication que la situation n’est pas flamboyante. Moody’s a tenu compte de ce rapport tout en échangeant avec les autorités locales. Un maintien de la notation de Maurice n’était pas à l’ordre du jour.

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Les risques pour Maurice de sombrer vers un « junk status » sontils réels ?
Certainement. Je pense, cependant, que ceux qui ont discuté avec les représentants de Moody’s, lors de leur déplacement à Maurice, leur ont fait part des perspectives pour le pays. Le gouverneur de la Banque centrale fait normalement partie de ceux qui rencontrent les représentants de Moody’s lors de leur passage à Maurice.

L’éventualité que les négociations entre Maurice et le Royaume-Uni pour la location de Diego Garcia aboutissent, a probablement été évoquée lors des discussions. Les autorités ont peutêtre aussi essayé de démontrer leur engagement pour redresser la situation économique du pays.

Les investisseurs étrangers vont-ils modifier leur stratégie à Maurice à la suite de la révision des perspectives de Moody’s ?
Pour l’heure, cela ne devrait pas avoir de gros impacts négatifs. Néanmoins, l’effet se fera sentir au niveau des banques correspondantes qui traitent avec les banques commerciales de Maurice. Les banques correspondantes tiennent compte des notations attribuées par des agences de notation comme Moody’s ou Standard & Poor’s. 

Le comité de risque de ces banques correspondantes va émettre des doutes à l’encontre des banques mauriciennes ou des transactions venant de la juridiction mauricienne. Il ne faudrait pas qu’après l’analyse coût-bénéfice effectuée par les banques correspondantes, Maurice soit considéré comme un marché à risque. On risquerait de subir les mêmes répercussions que lorsque la juridiction mauricienne avait été incluse sur la liste grise du Groupe d’action financière(GAFI) et la liste noire de l’Union européenne.

Ce n’est pas la première fois que l’agence de notation précise la nécessité de réformes urgentes à Maurice. Les différentes autorités du pays ont-elles failli sur ce plan ?
L’ancien gouvernement savait que 2024 allait être l’année des élections. Quelle réforme pouvait-on attendre de sa part ? Les réformes devraient concerner la réduction des budgets, la fermeture d’organismes parapublics qui ne sont pas nécessaires, ou encore la restructuration de certaines institutions.

Une réforme doit être définie comme le bon fonctionnement des institutions. Cependant, ce ne sont pas des chantiers qui sont entrepris lors d’une année d’élection générale. Le mode opératoire de l’ancien gouvernement démontrait clairement que ce n’est pas la façonadé quate de gérer une économie. 

Comment redresser la barque et améliorer la notation de Moody’s pour Maurice ?
Les autorités devront prendre des mesures pour corriger les indicateurs comme la croissance, le tourisme, la dette ou encore les revenus générés via la taxation. La solvabilité des institutions devrait également faire partie de l’agenda du gouvernement. Le bilan financier de la Banque centralen’est pas exemplaire. Sinon, le Fonds monétaire international (FMI) n’aurait pas suggéré la recapitalisation de la Banque de Maurice.

 

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