Economie

National Payment Switch : la guerre aux frais bancaires

Le National Payment Switch (NPS), un projet révolutionnaire de la Banque de Maurice, est en bonne voie. Le texte de loi y relatif a déjà été voté. Les transactions effectuées sur des guichets automatiques et des points commerciaux seront redirigées vers la Banque de Maurice qui, à son tour, les réorientera vers les institutions concernées. Avec ce processus, le consommateur peut s’attendre à une baisse des frais bancaires.

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Le National Payment Switch (NPS), un projet dont on parle depuis 2014, sera bientôt une réalité. Piloté par la Banque centrale, le NPS se veut un système moderne de paiement qui impactera sur le secteur financier, le Doing Business et le commerce en général.

Le marché de la carte bancaire est partagé entre trois principaux acteurs : Visa, MasterCard et American Express. Utiliser sa carte de crédit engendre des frais à différents niveaux. Les frais de carte bancaire sont différents de l’une à l’autre mais aussi dépendant des banques. Outre la cotisation annuelle applicable chez certaines banques (alors que d’autres émettent la carte gratuitement), des frais bancaires s’appliquent lorsque la carte est utilisée pour des transactions commerciales et des retraits effectués sur un distributeur d’une autre banque ou d’un autre réseau.

Les téléphones portables sont plus utilisés pour les petits paiements.

Depuis longtemps, les associations de consommateurs ont dénoncé les frais bancaires excessifs imposés par les banques à leurs clients. Les frais liés à l’usage des cartes de crédit constituent des revenus importants pour ces institutions. Par exemple, le rapport annuel de la Mauritius Commercial Bank pour l’année financière se terminant au 30 juin 2018 indique que les cards and related fees ont rapporté Rs 1,7 milliard. Un montant en hausse, souligne le rapport. À la SBM, le dernier rapport annuel fait état de 667  542 utilisateurs de l’e-commerce et des card income de Rs 313 millions.

La Banque de Maurice, pour jouer pleinement son rôle consistant à maintenir la stabilité financière, estime nécessaire d’implémenter un mécanisme national de paiement afin de rendre le système efficace, protéger les consommateurs et permettre à tous les opérateurs d’évoluer sur un pied d’égalité. À ce jour, la majorité des transactions commerciales demeurent toujours en espèces, mais les transactions électroniques gagnent du terrain.

Alors que la carte reste un mode de paiement populaire, les téléphones portables sont de plus en plus utilisés pour le règlement de petits paiements tels que des factures de services publics. Les paiements sans contact seront bientôt introduits. Les achats sur Internet sont effectués par carte de crédit ou d’autres options de paiement en ligne, telles que Paypal, Google Checkout, etc.

Les consommateurs sont de plus en plus sollicités pour utiliser un nouveau mode de paiement. En règle générale, certains produits sont commercialisés comme «gratuits» avec des récompenses alléchantes. Cependant, les paiements ne sont pas gratuits, car ils représentent une industrie de plusieurs milliards. La valeur totale des paiements effectués aux points de vente à Maurice dépasse
Rs 150 milliards en 2017 avec un montant estimé à plus de Rs 4 milliards partagés sous forme de redevances entre les opérateurs de systèmes de paiement. La complexité de la structure, qui implique le paiement de redevances à différents niveaux affecte tant les commerçants que les consommateurs.  

Il faut savoir que le rôle du NPS ne s’arrête pas qu’aux paiements. Il représente plutôt une infrastructure technologique de base auxquels viendront se greffer d’autres services. La configuration actuelle repose sur l'avantage individuel de chaque banque et ne prend pas en considération la synergie collective du marché. Par contre, le nouveau système pourra faire l'interface avec n’importe quel point de vente, guichet automatique, système de paiement mobile et portails commerciaux basés sur Internet, consolider toutes les transactions électroniques et les acheminer intelligemment à un ou plusieurs processeurs de paiement pour autorisation et règlement.

Deux précédents

En 2011 et, en collaboration avec la Mauritius Bankers Association, la Banque de Maurice a introduit un système moderne pour le paiement de chèques. Ainsi, à travers le Cheque Truncating System, les banques n'envoient que l'image numérique des chèques à la Banque centrale. En l’an 2000, il y a eu l’entrée en opération du Mauritius Automated Payment and Settlement System (MACSS). Ce système permet le virement interbancaire. Aujourd’hui, presque tous les paiements publics, comme la TVA, le PAYE et les contributions sociales passent à travers le MACCS.

Il est estimé que la valeur totale des transactions, sous le MACSS, dépasse Rs 2,5 trillions annuellement.


Dan Maraye : «C’est un grand pas en avant»

danDan Maraye, ancien gouverneur de la Banque de Maurice, dit accueillir le projet de National Payment Switch comme un grand pas en avant. Selon lui, un tel projet a toujours été envisagé depuis les années 90, mais n’a pu aboutir pour plusieurs raisons. Par exemple, lors de chaque changement de gouvernement, il y a un changement des effectifs et cela affecte la bonne marche des projets. « Le NPS va moderniser le système bancaire et bénéficiera à tous », affirme l’ancien gouverneur. Concernant le fait que la Banque centrale peut se retrouver en situation de conflit, en étant à la fois régulateur et opérateur d'un système de paiement, Dan Maraye explique que la question ne se pose pas. « Au contraire, cela aidera à renforcer le système, car la Banque centrale a dû déjà analyser toutes les implications. » Il estime qu’il y aura sûrement une « dedicated team »pour gérer ce gros projet.


Jayen Chellum : «Il faut cibler les frais bancaires dans leur ensemble»

jayenJayen Chellum, le secrétaire général de l’Association des Consommateurs de l’Ile Maurice (ACIM), pense que le National Payment System (NPS) est une bonne chose s’il résulte en une baisse des frais associés à l’usage des cartes bancaires. « Si le consommateur bénéficie de frais réduits ou s'ils sont éliminés, c’est très bien, mais il faut éviter que cela n'encourage des dépenses inutiles. Le consommateur doit pouvoir les contrôler », souligne le porte-parole de l’ACIM. Cependant, il craint que le système n’encourage davantage de transactions internationales, à travers l’e-commerce, au détriment de nos entreprises locales. 

Concernant les frais bancaires, si le NPS cible les frais liés aux cartes bancaires, il y a toujours d’autres charges excessives qui pèsent sur les consommateurs. « C’est dommage que la Banque centrale, en tant que régulateur, n’intervienne pas dans le cas des frais excessifs à la banque. »


Les avantages

La réduction des frais est le principal objectif du nouveau système. De quoi ravir les consommateurs. Il permettra aussi l’élimination de paiements intermédiaires. Un système plus efficace et moins coûteux augmentera le volume des transactions électroniques, à l’avantage des commerçants. L’autre avantage important pour les consommateurs, c’est que les frais encourus, lorsqu’un client utilise un guichet ATM autre que celui de sa banque, seront considérablement réduits. À terme, le NPS pourra déboucher sur l’introduction d’une nouvelle carte nationale. L’e-commerce prendra également un nouvel essor à Maurice.

 

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