Dans l’émission « Au cœur de l’info », sur Radio Plus samedi, le ministre des Infrastructures publiques et du Transport intérieur a livré au tandem Jean-Luc Émile - Jugdish Joypaul sa vision du transport public dans une île Maurice moderne.
Pourquoi une étude sur le transport public ?
Maurice se modernise. Il est donc impératif de revoir le système de transport public, qui ne cadre pas avec l’image d’un pays moderne. L’industrie du transport équivaut à un chiffre d’affaires entre six et sept milliards de roupies. Elle comprend une flotte d’environ 2 000 autobus, 10 000 salariés et plusieurs millions de passagers par an. Cette étude va nous permettre de comprendre le fonctionnement de ce secteur d’activité. Le premier volet sera axé sur le nombre d’autobus, de passagers, le tarif pratiqué et les horaires.
Quels sont les autres volets ?
L’étude s’orientera, par la suite, sur le transport gratuit. Je souligne qu’il n’est nullement dans notre intention de remettre en question la philosophie du transport gratuit pour les étudiants et les personnes du troisième âge. Nous voulons simplement d’un service gratuit accountable. Le transport gratuit coûte Rs 1,2 milliard par an au gouvernement (Rs 800 M pour les étudiants et Rs 400 M pour les personnes âgées). Il faut ajouter à cela les Rs 600 millions déboursées par le gouvernement pour rembourser les frais de transport des fonctionnaires. De son côté, le secteur privé rembourse les frais de transport de ses employés. En fin de compte, c’est uniquement 25 % des voyageurs qui paient pour leur ticket d’autobus. Les 75 % restants sont assurés par l’État et le secteur privé.
Et le troisième volet…
Le troisième volet de cette étude touchera la Corporation nationale de transport (CNT). Nous ambitionnons de faire d’elle l’épine dorsale du transport public à Maurice. Nous voulons montrer qu’il est possible d’avoir un système de transport moderne et efficace avec des employés bien formés. Ce qui va nous servir de base pour travailler en collaboration avec les compagnies de transport privées et les opérateurs individuels. J’aimerais souligner que cette étude, au coût de Rs 15 millions, sera financée en partie par l’Agence française de développement. Nous allons bientôt procéder à un appel d’offres international pour recruter les consultants.
Est-ce que cette étude concernera d’autres modes de transport, par exemple, le métro-léger ?
Il n’y aura pas de métro léger. Ce projet était centré principalement sur le flux de passagers entre les hautes Plaines-Wilhems et Port-Louis, donc deux pôles. Avec les nouveaux aménagements prévus, le pays connaîtra des changements en profondeur. Par exemple, au moins 50 % des fonctionnaires pourraient être transférés dans la nouvelle cité administrative de Highlands. Le réseau routier sera complètement transformé. L’étude sur le transport public va nous permettre de revoir nos orientations, mais en restant avec des semi low floor buses pour au moins dix ans.
Donc, après les smart cities, le smart transport…
Il y aura d’abord les smart lines. Nous allons proposer une smart line entre Port-Louis et Rose-Hill avec la collaboration de Rose-Hill Transport, une autre entre Quatre-Bornes et Curepipe avec la CNT et une troisième entre Montagne-Longue et Port-Louis avec la Mauritius Bus Transport. D’autres compagnies, telles United Bus Service et Triolet Bus Service, sont aussi intéressées.
C’est quoi une smart Line ?
C’est un projet englobant des autobus neufs semi low floor, de nouveaux abribus et surtout des gares routières modernes, dotées d’infrastructures (magasins, food court...). Ce sera exactement comme à l’étranger. Nos gares routières ne seront plus des aires de stationnement.
Le transport gratuit est coûteux. La formule actuelle sera-t-elle maintenue ou y aura-t-il une formule d’allocation financière, versée directement sur les comptes bancaires ?
Tout va dépendre de l’étude, mais il est de plus en plus évident que nous devons avoir davantage de transparence, d’accountability, et un système qui offre un meilleur service. Nous avons reçu beaucoup de plaintes venant des personnes âgées, qui allèguent que les autobus ne s’arrêtent pas pour eux. Nous avons aussi eu des cas où plus de 80 étudiants étaient entassés dans un seul autobus. Tout cela doit être revu. Nous dépensons plusieurs milliards. Nous avons droit à un service qui réponde aux aspirations d’une île Maurice moderne.
Que pourrait être, pour vous, la meilleure formule ?
Nous avons pensé aux swipe cards (carte en plastique avec une bande magnétique) qui seront renouvelées chaque mois. Nous voulons avoir value for money.
Quand le nouveau système de transport sera-t-il effectif ?
L’étude va prendre au moins trois mois. Au début de 2016, on aura fini avec les changements en profondeur. Je pense qu’en juin, pour le budget 2016-2017, on aura sûrement un nouveau système.
Le volet politique
L’émission Au cœur de l’info a aussi abordé un volet politique. Aadil Ameer Meea, député et trésorier du MMM, a expliqué que beaucoup de personnes, « déçues par les fausses promesses et la façon de faire du gouvernement, se tournent de nouveau vers le MMM ». Il a aussi rappelé que c’est « après une élection libre » que Joanna Bérenger s’est retrouvée à la présidence de l’aile jeune de la branche mauve du no 16. Le député travailliste Ritesh Ramful a, lui, déclaré que son parti « doit se renouveler », mais il demande « un bon dosage entre jeunesse et expérience ». Les rouges, dit-il, sont une famille et les changements doivent se faire dans la bonne entente.Rajesh Seeburrun : « Nous avons amélioré notre service »
Pour le président de la Bus Owners Federation, les opérateurs individuels ont « beaucoup amélioré leurs services ». Rajesh Seeburrun reconnaît néanmoins qu’il y a encore des brebis galeuses. « Je condamne ceux qui laissent les vieilles personnes sur les arrêts d’autobus. Il faut rapporter tout cas aux autorités », dit-il. Il dit souhaiter qu’un « peu d’ordre » soit mis dans le système de transport gratuit.Jayen Chellum : « Transport gratuit pour tous »
Pour le secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, le transport par autobus à Maurice laisse beaucoup à désirer. Il cite surtout les trajets intra-urbains. Se basant sur les propos de Nando Bodha, selon lesquels seuls 25 % des voyageurs paient pour leur trajet (le reste étant assuré par le gouvernement et le secteur privé à travers le remboursement), il demande que « le transport devienne gratuit pour tout le monde ».Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !