En cette période de fêtes de fin d’année, le président de la Consumer Advocacy Platform (CAP) met en garde contre les achats impulsifs et aux achats à crédit pour des produits qu’on n’a pas nécessairement besoin. Selon lui, prévoir un budget n’est pas dans la culture de tous les Mauriciens, surtout pour les familles les moins aisées.
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Chaque année, durant cette période, les Mauriciens se laissent emporter par la frénésie d’achats. Est-ce un comportement psychologique ?
C’est plutôt l’achat impulsif qui peut être associé au comportement de certains consommateurs. La frénésie d’achats est synonyme d’un achat impulsif voire l’achat de produits dont on n’a pas réellement besoin. L’acheteur impulsif a tendance à acheter sans réfléchir.
N’empêche que les acheteurs dits « impulsifs » sont les cibles des commerçants. Comment peut-on protéger ce type de consommateurs ?
Un consommateur qui a conscience qu’il est un acheteur impulsif a le devoir de se protéger lui-même. Pour éviter de se retrouver avec des produits dont il n’a pas besoin, il convient d’établir une liste de priorités avant de faire ses courses. Il faut aussi établir, au préalable, un budget. Selon certaines études, les femmes et les enfants sont catégorisés parmi les acheteurs impulsifs. Ce qui explique pourquoi ils sont ciblés par les commerçants. La mise en avant de certains produits, tels que les savates et autres pantoufles à des prix promotionnels, ou encore le rangement des confiseries et autres gadgets aux abords des caisses dans les grandes surfaces fait partie de cette stratégie.
La carte de crédit est très utilisée en cette période. Quels en sont les dangers pour le consommateur ?
L’utilisation de cartes de crédit permet de faciliter la vie des consommateurs. Elle permet, par exemple, de ne pas avoir à emporter beaucoup d’argent sur soi. Toutefois, il convient de prendre certaines précautions lors de leur utilisation. Parmi celles-ci, le devoir de garder précieusement son code PIN, ou encore de garder votre carte en vue lors de paiement, comme, par exemple, dans un restaurant.
De nombreux Mauriciens sont endettés. Quel est votre constat de ce phénomène à Maurice ?
Les dernières statistiques de la Banque de Maurice (BoM) indiquent que l’endettement des ménages a dépassé la barre des Rs 100 milliards. À la fin de juin 2019, il représentait 21,8 % du Produit intérieur brut (PIB) contre 20,9 % du PIB à la fin de décembre 2018. Cette hausse de l’endettement des ménages s’explique, selon la BoM, par une forte expansion des crédits alloués aux ménages. Par ailleurs, alors que la part du crédit au logement liée au crédit des ménages a baissé, passant de 65,3 % en décembre 2018 à 64,6 % en juin 2019, celle destinée à financer d’autres dépenses ménagères comme l’acquisition de produits de consommation, de biens immobiliers, de véhicules ou encore l’achat de médicaments, entre autres, a connu une hausse. Elle est passée de 34,7 % à 35,4 %.
Par ailleurs, la facilité avec laquelle on peut obtenir une carte de crédit d’institutions non-bancaires peut inciter à l’endettement. Certains consommateurs disposant de telles cartes y voient une opportunité de faire des retraits sur des ATM, sans se soucier du montant à rembourser. Et de cela, la BoM ne s’en soucie guère. Pour remédier à cette situation et afin d’éviter le surendettement, la CAP estime que toutes les autorités concernées, notamment la BoM, le ministère des Finances, l’Ombudsperson for Financial Services, l’Office of the Commissioner for the Protection of Borrowers, la Chambre de Commerce, ainsi que les organisations de consommateurs, se concertent en vue de dégager un plan d’action collégial.
Certaines promotions peuvent cacher des arnaques, comme la liquidation de produits qui ne trouvent pas acheteurs.»
Prévoir un budget est-il dans la culture des Mauriciens ?
Oui et non. Il est certain qu’il y ait bon nombre de consommateurs qui soient conscients de la nécessité de faire un budget familial. Cependant, ce sont les ménages les moins aisés qui ne semblent pas soucieux du budget. La facilité avec laquelle on peut obtenir du crédit, avec le zéro dépôt et le paiement différé, n’arrange pas les choses. Car, ironiquement, c’est lorsqu’on a plus d’argent en poche que l’on s’endette.
Pensez-vous que les vraies « promotions » existent à Maurice ?
Les promotions dans la grande distribution peuvent être avantageuses. Il est cependant difficile de vérifier si les offres promotionnelles dans les magasins et autres centres commerciaux sont réellement avantageux. Les prix barrés ne sont pas une garantie que les prix ont réellement baissé. En l’absence d’une loi pour régir les soldes, il est tout à fait possible que des prix barrés soient des prix fictifs, gonflés artificiellement. C’est ainsi que les prix soldes peuvent se révéler être les prix normaux de ces produits. Certaines promotions peuvent cacher des arnaques, telles que la liquidation de produits qui ne trouvent pas acheteurs. Le « Buy One, Get One Free » peut cacher des défauts du produit offert en cadeau ou du bas de gamme.
Les salariés ainsi que les personnes du 3e âge ont déjà reçu leur boni de fin d’année. Quels sont vos conseils pour éviter les dépenses inutiles ?
Le maître-mot est le budget familial. Il convient de ne pas se laisser emporter par la frénésie d’achats, qui ne sera que temporaire. Il convient d’établir une liste des priorités avant de faire ses courses. Il ne faut pas oublier que les dettes se planifient. Les publicités qui incitent à acheter à crédit pour ne payer qu’après six mois incitent à l’endettement. Ne vous laissez pas succomber aux slogans trompeurs tels que : « ou bizin enn prêt, pez také ». Dans un ordre plus général, la CAP attend des consommateurs qu’ils se mobilisent derrière une association de consommateurs. Nous attendons des consommateurs qu’ils assument leur responsabilité en faisant valoir leurs droits.
À la veille de Noël, certains parents sont encore à la recherche de jouets pour leurs enfants. Quels sont les précautions d’achat à respecter ?
La CAP leur conseille de privilégier l’achat utile, soit des jouets qui contribuent au développement de l’enfant. Cependant, il faut prendre en compte l’âge auquel les jouets sont destinés. À éviter, les tablettes et autres gadgets qui favorisent l’individualisme, ou le repli sur soi-même. Autre consigne à respecter : acheter éthique, soit boycotter des jouets dont les fabricants sont connus pour être des exploitants de la main-d’œuvre enfantine.
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