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Monnaie locale en chute libre : la BoM veut stabiliser la roupie

Le gouverneur de la BoM, Rama Sithanen, entouré des deux sous-gouverneurs, Rajeev Hasnah (à g.) et Gérard Sanspeur.

La roupie a perdu 27 % de sa valeur depuis 2020 jusqu’au 19 décembre 2024, pour une dépréciation totale de 46 % depuis 2014. Le gouverneur de la BoM, Rama Sithanen, affirme que la priorité est de la stabiliser.

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La roupie s’est dépréciée de 27 % depuis 2020 jusqu’au 19 décembre 2024 et de 46 % entre 2014 et 2024. Rama Sithanen a donné l’assurance que la Banque de Maurice (BoM), dont il est le gouverneur, continuera de faire tout son possible et tout ce qui est en sa capacité pour stabiliser la monnaie, tout en étant réaliste des mécontentements potentiels. 

« Ce sera difficile d’apprécier la roupie en raison de notre faible productivité. Il faudra la renforcer ainsi que notre compétitivité », a expliqué Rama Sithanen le jeudi 19 décembre 2024. C’était lors d’une conférence de presse dans les locaux de la BoM pour annoncer les nouveaux membres qui composent le conseil d’administration de la Mauritius Investment Corporation (voir encadré).

La politique monétaire et la politique fiscale laxiste ont été mises en cause dans la chute de la roupie. Raison pour laquelle le gouverneur de la BoM estime qu’il faudra un alignement étroit entre la politique monétaire et la politique fiscale pour parvenir à stabiliser la monnaie locale. 

Réserves

Les interventions de la BoM sur le marché intérieur des changes ne visent pas à fixer le taux de change, mais à atténuer les volatilités. Rama Sithanen a souligné que la Banque centrale fera un suivi attentif. « Si nous parvenons à bloquer les opérateurs illégaux, si les flux entrent sur le marché et si ceux qui conservaient leur argent à l’étranger le ramènent au pays, la donne sera différente », a-t-il argué. 

Le niveau des réserves a baissé mais reste bon. Il est essentiel de les consolider pour garantir la stabilité économique. Selon la BoM, il y a suffisamment de devises pour tout le monde, mais il est crucial d’éliminer les distorsions. D’où la nécessité de mesures correctives pour retirer le biais de dépréciation.

Pandémie 

Avant la pandémie de COVID-19, la situation de l’offre et de la demande de la roupie était encore gérable. Les activités génératrices de devises, comme le tourisme, ont été fortement impactées, entraînant une dépréciation de la monnaie locale. Depuis 2020 jusqu’au 19 décembre 2024, la BoM est intervenue massivement sur le marché intérieur des changes pour un montant de 4,5 milliards de dollars dans le but de stabiliser la monnaie locale. 

Or, cela a eu l’effet inverse. La roupie s’est dépréciée de 27 % au cours de cette période et de 46 % de 2014 à 2024. De nombreux pays ont vu leurs monnaies se déprécier, mais contrairement à Maurice, ils ont choisi des politiques monétaires restrictives avec des taux d’intérêt bien plus élevés que ceux pratiqués à Maurice. Cela visait à protéger leurs devises et à contrôler l’inflation.

La BoM a injecté Rs 140 milliards dans l’économie locale. Cela a aggravé la situation de la dépréciation de la roupie et de l’inflation. Selon Rama Sithanen, l’appréciation de la roupie ne dépend pas uniquement de la Banque centrale. L’appréciation du dollar américain après l’élection de Donald Trump affecte également la roupie mauricienne, de même que la politique fiscale. D’où la nécessité d’un alignement entre la politique monétaire et la politique fiscale pour parvenir à stabiliser la roupie.

Nouveaux membres du Board de la MIC 

  • Rajeev Hasnah (Président représentant l’actionnaire unique) 
  • Gérard Sanspeur (Ex-officio représentant l’actionnaire unique)

Membres indépendants

  • Bhavna Ramsurrun
  • Rehana Kasenally
  • Vedna Mulloo
  • Verena Tandrayen-Ragoobur
  • André Chung Shui

Les gagnants de la politique monétaire 

  • Le secteur de l’exportation
  • Les banques
  • Les biens IRS (Integrated Resort Scheme) vendus en devises 
  • Les bénéficiaires de la MIC (pour avoir obtenu des montants en roupies à un faible taux, ce qui leur a permis de garder leurs devises) 
  • Le gouvernement (la Taxe sur la valeur ajoutée de 15 % et l’Excise Duty ont été appliquées sur une valeur plus élevée en raison de la dépréciation de la roupie) 
  • La Banque de Maurice 

La grande perdante de la politique monétaire

  • La population qui a subi de plein fouet la dépréciation de la roupie, l’inflation et la perte du pouvoir d’achat. 
     

Quelques mesures annoncées par le gouverneur de la BoM

  • Des Foreign Exchange Brokers opérant dans l’illégalité 

Il y a des Foreign Exchange Brokers qui ne détiennent pas de licence délivrée normalement par la BoM.   Un communiqué sera émis pour leur demander de stopper immédiatement leurs activités illégales. Ils auront toutefois la possibilité de faire une demande formelle pour opérer dans la légalité. Les entreprises faisant des transactions avec ces Brokers commettent également un délit selon les règlements en vigueur.

  • Activités non réglementées de certaines sociétés détenant un permis de la FSC 

Aucun détenteur d’une licence de la Financial Services Commission (FSC) n’est autorisé à s’engager dans la vente de devises étrangères. Un marché parallèle s’est toutefois développé. Il doit être éliminé pour rétablir la transparence et la stabilité.

  • C-to-C 

Les transactions Customer-to-Customer sont illégales. Toute transaction doit passer par une banque. 

  • Surveiller les prix à terme et les swaps

L’objectif est d’assurer des prix équitables et de prévenir les abus sur les profits qui pourraient affecter la population dans son ensemble. La BoM renforcera la supervision et l’inspection de ces transactions pour éviter toute spéculation excessive.

  • Inspections sur les Nostro et Vostro Accounts 

La Banque centrale mènera des inspections rigoureuses sur les comptes Nostro et Vostro, qui relient les banques commerciales de Maurice à leurs correspondantes internationales. Plusieurs transactions de Brokers étrangers transitent par ces comptes. 

  • Interdiction de vendre les biens IRS en devises

Les biens tombant sous l’Integrated Resort Scheme (IRS) ne pourront être vendus qu’en roupies aux Mauriciens et non en devises. 

  • Conversion des devises par les sociétés à l’étranger

Les sociétés souhaitant convertir des devises étrangères pour leur besoin de trésorerie doivent le faire exclusivement à Maurice. Cela favorisera une meilleure gestion des réserves de devises et soutiendra la liquidité des banques commerciales sur le marché local.

 

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