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Mondial 2018 - Argentine : derrière Messi, tout à reconstruire

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Le talent de Lionel Messi ne masque plus l'état de délabrement du football argentin. Quatre ans après la mort de son "parrain" Julio Grondona, les problèmes sont nombreux, entre scandales à répétition, problèmes de structure et guerres internes.

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"Il n'y a rien à sauver. Encore une Coupe du monde qui passe. On la regarde passer et il n'en reste rien", a commenté dimanche, au lendemain de l'élimination par la France en 8es de finale (4-3) la légende du foot argentin Diego Maradona qui a suivi tous les matchs de l'Albiceleste depuis les tribunes.

"On venait plus au cinéma qu'au match, parce qu'on venait voir la chronique d'une mort annoncée", a-t-il ajouté en référence au roman du Colombien Gabriel Garcia Marquez adapté au cinéma.

"De ridicule en ridicule" 

La sortie de route face à la France (4-3) samedi en huitièmes de finale est moins honteuse, mais elle ne remet pas en cause ce que dit l'ancien milieu: Messi et son "génie incomparable" a longtemps masqué le "déclin argentin". Les responsables ? "Par où commencer ? Par en-haut: l'AFA (Fédération argentine, ndlr). De ridicule en ridicule".

Les faits ne lui donnent pas tort. Une anecdote: en décembre 2015, 75 votants devaient départager, Marcelo Tinelli, un animateur-vedette de la TV également vice-président du club de San Lorenzo, et Luis Segura, président d'Argentinos Juniors, candidats à la présidence de l'AFA. Bilan des courses: une égalité de 38 voix, avec un bulletin en trop!

"Rien n'explique mieux l'Argentine que le football", écrivait en mai 2016 le quotidien espagnol El Pais. "Pas ce qui se passe sur le terrain. La clé est dans ce qui se passe en coulisses. Le football est devenu la quintessence de la politique argentine", précisait le quotidien.

Mort d'un "parrain" 

La lutte pour la présidence de l'AFA a ainsi donné lieu à des années de guerres intestines, après la mort de l'incontesté "parrain" du foot argentin Grondona, décédé quelques jours après la défaite de l'Argentine en finale du Mondial-2014... Avant que ne soient révélés d'embarrassantes affaires de corruption.

Elu président de l'AFA en mars 2017, Claudio Tapia, âgé de 49 ans et président de Barracas Central, modeste club de 3e division argentine, a pour vice-présidents des proches du président argentin Mauricio Macri: Daniel Angelici, entrepreneur à la tête de Boca Juniors, et Hugo Moyano, ex-patron du puissant syndicat des routiers argentins à la tête d'Independiente.

Mais le panier de crabes n'a pas été pacifié pour autant. En mars dernier, par exemple, un ancien membre de l'instance disciplinaire de l'AFA, Luis Parietti, affirme que "les positions clés y sont gérées par des gens liés à Boca" Juniors, le club d'Angelici. "L'AFA est une chambre d'enregistrement: si tu es un ami, tu as un match (de suspension, ndlr), sinon, trois", accuse-t-il sur le site Ovacion. Candidat malheureux à la présidentielle à 75 - ou 76 ! - votants, Tinelli tourne aussi régulièrement en ridicule Claudio Tapia.

"Tout a été détruit"

 "Ce Mondial démontre une chose: la Fédération argentine, pendant toute la carrière de Messi, n'a pas su surfer sur le fait d'avoir le meilleur joueur du monde", observe l'un des biographes de Messi, Alexandre Juillard, auprès de l'AFP. "Ils auraient pu dire, +on a ce super joueur pendant 10 ans, on construit des bases pour développer le football+... Et tout a été détruit, ils n'ont plus de sélections de jeunes et tout est à la dérive".

"Même des entraîneurs aguerris, des Tata Martino, des Jorge Sampaoli, qui sont quoi qu'on en dise des entraîneurs assez considérés, même eux s'y noient, même eux sont complètement perdus", poursuit l'auteur d'"Insubmersible Messi".
"La société argentine passe beaucoup par le copinage, voire par la corruption, et cela marche un peu dans tous les secteurs de la société. Les gens ont admis que ça fonctionnait comme ça, et c'est plus ou moins pareil avec la Fédération", abonde Nicolas Cougot, spécialiste du football sud-américain et responsable du site Lucarne Opposée.

"Il y a des anciens joueurs qui essaient de s'immiscer, mais c'est impossible", poursuit-il. "Quand le nouveau président est arrivé, il a fait un appel à projet pour un programme pour les jeunes. Il y a eu une quarantaine de projets déposés, notamment par des anciens comme Batistuta. Et finalement, ils ont choisi quelqu'un qui n'avait pas déposé de projet. Tout est mascarade dans l'organisation de l'AFA."

Il s'agit justement de la grande inconnue: qui va bien pouvoir prendre la succession de Messi et de sa vieillissante génération ? Dans le passé, les éliminations prématurées ont poussé des fédérations à refonder leur football national de fond en comble, comme la France en 2010. Reste à savoir si l'AFA saura mettre l'intérêt de son football au dessus des intérêts particuliers.
 

 

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