Prévue du 9 au 18 janvier 2024, la mission de consultation du Fonds Monétaire International (FMI) à Maurice s’était étendue jusqu’au 21 février dernier. En cause, le cyclone Belal qui avait joué au trouble-fête. Ainsi, des discussions de la mission virtuelle s’étaient tenues au retour de l’équipe dirigée par Mariana Colacelli à Washington D.C. Les consultations au titre de l’article IV pour 2024 indiquaient que Maurice avait fortement rebondi après la pandémie grâce au dynamisme du tourisme, de la construction de logements sociaux et des services financiers.
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Le FMI soulignait que les perspectives de croissance restent favorables, avec l’inflation globale qui devrait continuer à baisser et une modération de la dette publique à moyen terme. De son côté, Moody’s Ratings avait confirmé, le 26 juillet 2024, la note de crédit à long terme de Maurice pour les émetteurs en monnaie locale et étrangère à Baa3 avec une orientation stable. La perspective stable indique que l’agence s’attend à ce que le profil de crédit du pays reste conforme à celui des États souverains notés Baa3.
Cependant, Moody’s reconnaissait qu’en outre, des défis structurels, notamment les vents contraires démographiques dus au vieillissement de la population, continuent de limiter le potentiel économique à long terme. L’agence précisait que les indicateurs budgétaires de Maurice se sont améliorés plus rapidement que prévu, en partie grâce à des taux de croissance du PIB très élevés depuis 2022. « Le déficit budgétaire s’est régulièrement réduit, passant de 5,5 % du PIB pour l’exercice 2022 à 3,9 % du PIB pour l’exercice 2024 », pouvait-on lire.
Toutefois, depuis, les données économiques ont changé. Le rapport intitulé « State of the Economy », publié en décembre 2024 par le gouvernement, renferme de nouveaux chiffres et prévisions économiques. Dans une note publiée le 16 décembre dernier, Moody’s relate qu’en raison des divergences dans les données financières, cela va remettre en cause les efforts d’assainissement budgétaire de Maurice.
Sous quelle configuration est-ce que les prochaines visites se tiendront ? Le FMI ou la Banque mondiale peuvent effectuer une « start visit » afin de déterminer comment ils peuvent aider le gouvernement avec son nouveau programme économique. Dans l’éventualité que ce soit pour l’Article IV, la délégation du FMI rencontrera les autorités locales, mais aussi le secteur privé, voire le leader de l’Opposition ou encore les syndicats. L’idée est d’avoir les opinions non seulement de l’État, mais également de la société civile.
Un économiste affirme qu’il est rare et inhabituel pour Moody’s de passer de la note stable à statut inférieur. Il soutient que chaque année le gouvernement promet d’améliorer la situation économique du pays. « Des institutions comme le FMI suggèreront au gouvernement de prendre des mesures adéquates et correctives pour éviter toute crise à l’avenir. Ce dernier devra démontrer son intention via des mesures de changer l’état économique du pays. On ne saurait dire si Moody’s allait être plus sévère dans l’éventualité que l’ancien régime aurait été toujours au pouvoir », indique-t-il.
Pour le Dr Vinaye Ancharaz, une rétrogradation de la note de Maurice est peu probable. L’économiste est d’avis que l’agence accordera le bénéfice du doute au nouveau régime qui a mis en évidence le véritable état de l’économie locale. « Le gouvernement aurait pu ne pas effectuer un audit économique et financier. Moody’s ne peut pénaliser le régime actuel qui entend rectifier la situation économique du pays », soutient-il.
Il estime que Moody’s tiendra compte du fait que le gouvernement nomme des personnes compétentes à la tête des institutions, un message clair envoyé par les autorités mauriciennes. Quid des mesures concrètes pour redresser la situation économique ? Selon le Dr Vinaye Ancharaz, il faudra attendre le prochain budget national.
« Peut-être qu’au moment où Moody’s effectuera son évaluation il verra que les choses commencent à évoluer. Sa notation sera basée sur les chiffres de 2024 », ajoute-t-il.
Quelques recommandations du FMI pour Maurice
- Recalibrer le dosage des politiques macroéconomiques afin de reconstituer les amortisseurs budgétaires et extérieurs et maintenir la stabilité financière.
- Poursuivre les réformes structurelles afin de promouvoir la compétitivité et la diversification économique en vue d’atteindre le statut de pays à revenu élevé.
- Faire avancer les réformes structurelles, notamment celles qui renforcent les compétences sur le marché du travail national et soutiennent la participation des femmes à la population active. Il est également crucial d’encourager la numérisation et de renforcer les investissements dans les infrastructures résistantes au climat.
- Renforcer l’efficacité du nouveau cadre monétaire et se tenir prêt à resserrer son orientation en cas de réapparition de pressions inflationnistes.
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