L’ancien Directeur des poursuites publiques, Satyajit Boolell, Senior Counsel, est intervenu, ce mardi, sur les défis de la presse mauricienne. C’était lors de la conférence de la Journalists Association of Mauritius, à Ébène.
Autocensure, lois dépassées, les limites du journaliste et l’impact des réseaux sociaux sur le métier. Ce sont les thèmes qui ont abordés, le mardi 5 décembre 2023, par l’ancien Directeur des poursuites publiques (DPP), Satyajit Boolell, Senior Counsel. C’était lors de son intervention à la conférence inaugurale de la Journalists Association of Mauritius (JAM) à la salle de conférences Kantar, à Ébène. Une conférence axée sur les défis de la presse mauricienne.
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D’emblée, l’ancien DPP a souligné que la presse mauricienne « fait face à des défis sans précédent ». Il a évoqué « la révolution apportée par les réseaux sociaux et son impact sur la presse mauricienne ». Il a cité deux problèmes majeurs associés à ce mode de diffusion de nouvelles : le problème du respect d’éthique face à la diffusion d’information sur les réseaux sociaux et la propagation de fake news.
Abordant la question de censure et d’autocensure, l’ancien DPP dira que certains journalistes sont arrivés à éviter des sujets qui risquent de faire polémique, « surtout si cela peut toucher aux sensibilités du tissu social ». Il tient à souligner qu’on peut toujours émettre une critique valable, tout en déplorant qu’un politicien a pu dire qu’il aurait giflé un journaliste s’il était en sa présence.
Me Boolell est aussi revenu sur le cas du journaliste Murvind Beetun et les incidents survenus dans une station de radio privée. « Maurice s’approche dangereusement d’une dictature élue », est d’avis l’ancien DPP. Me Boolell estime qu’une « mise à jour des compétences des journalistes » s’impose. Surtout avec l’avènement des nouvelles technologies et, notamment, le recours à l’intelligence artificielle (IA) par les journalistes. Il s’est posé la question de l’authenticité de l’information lorsque l’IA est utilisée pour générer des articles et vidéos. Il citera le Daily Mail, dont les articles sont utilisés « gratuitement » par des I.A pour générer des réponses.
Contrôle des médias
L’ancien DPP a aussi axé son intervention sur le contrôle des médias par les gouvernants du jour. « Il est temps d’établir les critères pour la répartition des publicités du gouvernement », dit-il, ajoutant qu’à Maurice, il est temps de mettre fin à la pratique d’allouer les publicités de l’État à « des médias complaisants ». Il est grand temps, selon Me Boolell, pour que la presse mauricienne « explore d’autres avenues de revenus ».
Les journalistes sont-ils au-dessus de la loi sur la question de non-divulgation de leurs sources d’information ? Le Senior Counsel a évoqué la question en relation au code de déontologie d’un groupe de presse, qui stipule que le journaliste ne doit ni divulguer ses sources d’information à la police ni à la justice. Une situation qui peut l’exposer à un outrage à la cour si c’est un tribunal qui lui ordonne de le faire. L’ancien DPP a contrasté cela avec le devoir de confidentialité qui est imposé à certains métiers, dont les médecins et les banquiers, entre autres. Il précise à cet égard que « l’article 300 du Code pénal prévoit une exception à ces métiers dans l’éventualité où la loi les oblige à se porter dénonciateurs ».
Par ailleurs, Me Satyajit Boolell a abordé deux législations qu’il juge « dépassées » à Maurice qui traitent de la sédition et du délit de « scandalising the Court ». Les juges, dit-il, peuvent être soumis à des critiques. Toutefois, il incombe, selon lui, que ces critiques soient basées sur des faits.
Prenant la parole, Joël Toussaint, le président fondateur de JAM, a expliqué que les membres de la presse sont invités à rejoindre son association.
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