La prolifération du coronavirus se poursuit en Chine. Une situation jugée alarmante par les autorités du pays. Même nos compatriotes qui y étudient ou qui y travaillent parlent d’une situation « apocalyptique ». Pour éviter d’être contaminés, ceux qui sont à Wuhan où le virus a commencé à se propager et ceux qui vivent dans d’autres villes se confinent chez eux.
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« Je garde mon calme »
Kim, 25 ans, étudie à Wuhan depuis trois ans et demi. Il a compris que cela ne servirait à rien de paniquer. « La vie s’est arrêtée ici. Les magasins et les restaurants sont fermés. Seuls les supermarchés sont ouverts. Toutefois, les rayons commencent à se vider », raconte le jeune homme. Les rues sont désertes et depuis le début de l’épidémie, il s’enferme chez lui.
« Je prends des précautions pour la nourriture. Je suis triste, je devais rentrer à Maurice le 24 janvier, mais le 23, il y a eu le lockdown. Je suis coincé ici. Je dois cependant garder mon calme », lance le Mauricien. Il dit garder espoir que la situation va s’améliorer et compte sur les autorités mauriciennes pour rentrer.
« Qu’on nous évacue »
Mohsin, qui avait étudié en Chine, et son épouse ont remis le cap sur ce même pays depuis un an et demi. Ils sont à Wuhan où le coronavirus a fait ses premières victimes. Depuis la semaine dernière, « c’est le lockdown. Il n’y a aucun moyen de transport, ni bus, ni train, ni avion. On doit rester à la maison », explique le trentenaire.
Si Mohsin sort de chez lui, ce n’est que pour faire ses emplettes. « C’est surtout pour acheter de la nourriture. Il y a un supermarché à trois minutes de chez moi. J’y vais vite fait et je rentre. Dehors, c’est une vraie scène de désolation », poursuit-il. Avant de sortir, il n’oublie pas son masque et évite le contact humain. Et, dès qu’il rentre, il se désinfecte les mains. Suivant de près l’évolution de la situation, Mohsin n’a qu’un souhait: que son épouse et lui puissent rentrer à Maurice. Il dit espérer que l’État mauricien entamera les démarches pour que tous ceux qui veulent rentrer au pays puissent le faire.
« C’est comme l’apocalypse »
53 cas recensés et un mort à Shanghai. Ce qui ne manque pas de donner la chair de poule à Ketty. Elle est étudiante dans cette ville depuis 2018. « J’ai peur. Je préfère rester dans mon dortoir. Dehors, c’est l’apocalypse. Tout est fermé », dit la jeune femme de 27 ans qui veut rentrer à Maurice, étant la seule Mauricienne là où elle habite.
« Pas aussi dangereux que le SARS »
Pour sa part, Olivier, qui travaille et vit à Shanghai, est sur ses gardes mais ne cède pas à la panique. Avec son épouse, qui est Chinoise, et leur fils de sept ans, ils ne sortent plus de chez eux. Même pas pour acheter à manger. « On préfère acheter en ligne auprès des supermarchés qui livrent à domicile », raconte le trentenaire.
Olivier ajoute que son épouse a vécu l’épisode du virus SARS à Beijing. « Ma femme sait qu’il faut prendre des précautions. Le SARS était plus dangereux », dit Olivier. Il espère que les chercheurs chinois finiront par trouver un vaccin contre le coronavirus, car la Chine a investi massivement dans la recherche.
« Preuve de patience »
Raj, qui étudie à Suzhou, dit faire preuve de patience et de courage. « On va s’en sortir. Il faut juste prendre les précautions nécessaires. Après tout, on est Mauriciens, on s’en sort toujours, peu importe la situation », dit le jeune homme.
Les étudiants doivent contacter l’ambassade
Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, on affirme suivre de près la situation. « L’ambassade de Maurice à Beijing est en contact avec les Mauriciens qui sont enregistrés auprès de l’ambassade et des autorités chinoises », peut-on lire. Les Mauriciens, qui se trouvent en Chine mais qui ne sont pas enregistrés sont priés de contacter le plus rapidement possible l’ambassade. On précise aussi que le ministère est à la disposition des Mauriciens directement ou par le biais de leurs parents à Maurice.
À ce jour, il a été noté que 20 Mauriciens étudient dans cinq universités à Wuhan, dont un couple avec un enfant. Selon les informations du ministère des Affaires étrangères, trois de ces Mauriciens ne sont pas en Chine en ce moment.
Inquiétudes
Nasser ne cache pas son inquiétude. Sa fille et son gendre font leurs études en Chine, à Wuhan. « Je suis angoissé. Je suis en contact permanent avec ma fille et mon gendre qui sont dans le cœur même du désastre », dit ce sexagénaire habitant les Plaines-Wilhems. Ces jours-ci, il sollicite plusieurs ministères en vue de faire rapatrier sa fille et son gendre. « J’ai une seule fille. Si elle retourne, je ne la laisserai plus jamais repartir en Chine, même si elle y a étudié et vécu pendant presque sept ans », confie Nasser.
Comme Nasser, Serge se dit très anxieux. Son fils étudie également à Wuhan. Il se dit être dans l’attente d’une réponse du ministère des Affaires étrangères. « Nous avons fait des démarches pour le rapatrier, mais la Chine a fermé ses frontières et nous n’avons aucun moyen pour le faire rentrer. Nous avons déjà acheté son billet d’avion. Nous espérons que les autorités mauriciennes trouveront une solution et que les négociations avec la France et la Grande-Bretagne, qui veulent rapatrier leurs ressortissants de Wuhan, aboutissent », souhaite ce père de famille. Ajoutant que « le problème, c’est qu’actuellement ils n’ont pas de nourriture. Les supermarchés sont fermés en cette période de festivités et la ville a été placée en quarantaine. Il n’a que des pommes de terre et des oignons à sa disposition pour se nourrir. »
Dispositif renforcé à l’aéroport SSR
Depuis le déclenchement de l’épidémie du coronavirus en Chine, au début de janvier, de nombreux pays, dont Maurice, ont enclenché leur protocole de vigilance et de prévention de la propagation du virus. Ainsi, à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam, les passagers sont systématiquement contrôlés par des préposés du ministère de la Santé afin de s’assurer qu’ils n’ont pas visité des zones à risque avant de venir ici.
Malgré le protocole, d’autres mesures de précaution ont été prises. Les endroits traversés par le passager, dès son débarquement jusqu’au moment où il quitte l’aéroport, sont systématiquement nettoyés et désinfectés plusieurs fois par jour. Les comptoirs dédiés au contrôle de l’immigration à l’arrivée et les autres lieux très fréquentés à l’intérieur du terminal, sont régulièrement désinfectés. Des distributeurs de désinfectants pour les mains sont aussi disponibles aux employés à différents points du terminal passager.
Si certains employés travaillant dans le terminal auraient souhaité porter des masques de protection, du côté des autorités on ne souhaite pas céder à la panique pour ne pas alarmer les visiteurs et les touristes. Selon un cadre d’Airports of Mauritius, il y a déjà un stock conséquent de masques de protection respiratoire disponibles pour être distribués en cas de besoin. «Pour l’heure, il n’est pas nécessaire que tous les employés les portent. D’ailleurs, l’évolution de la situation est suivie de très près et des mesures nécessaires seront prises le cas échéant », indique-t-il. Les autorités sanitaires et médicales mauriciennes procèdent à une évaluation régulière des risques aux points d’entrée du pays. Neuf passagers sont en isolement à l’hôpital de Souillac, la vigilance reste de mise.
*Les prénoms ont été modifiés
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