
AXYS a publié un rapport vendredi qui s’intitule : Les mains qui construisent Maurice : défis, opportunités et avenir du travail. Celui-ci mentionne, entre autres, que Maurice est confronté à des défis majeurs qui pourraient menacer la prospérité de son secteur des services.
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Le capital humain est sans aucun doute la ressource la plus précieuse de Maurice, mais le pays est confronté à plusieurs défis de taille qui pourraient entraver son avenir économique. C’est l’avis des auteurs du rapport : Les mains qui construisent Maurice : défis, opportunités et avenir du travail.
Sanjay Goolab, Managing Director, Securities and Execution Desk chez AXYS, explique que ce rapport vise à analyser les mutations du marché du travail à Maurice et à identifier les leviers d’action pour renforcer la compétitivité du pays. En mettant l’accent sur les défis actuels et en recommandant des solutions concrètes, l’objectif est de fournir aux décideurs et aux entreprises des clés de lecture essentielles pour anticiper l’avenir du travail.
Navnit Seeburrun, Investment Analyst chez AXYS, ajoute que « Maurice doit adapter son marché du travail aux réalités économiques et technologiques. Investir dans l’éducation, améliorer les perspectives d’emploi et moderniser les secteurs clés sont des impératifs pour garantir une main-d’œuvre qualifiée et renforcer la compétitivité du pays ».
Une main-d’œuvre réduite et sous-qualifiée
- D’ici à 2038, la population en âge de travailler devrait diminuer de 11,7 %.
- D’ici à 2063, elle pourrait même chuter de 36,8 %.
- L’augmentation du taux de dépendance intensifiera la pression sur les services sociaux, les pensions et les soins de santé, tout en ralentissant la croissance économique.
- L’exode croissant des travailleurs qualifiés ne fait qu’exacerber ce défi.
- Plus de 182 000 Mauriciens vivent à l’étranger, dont une proportion importante est en âge de travailler.
Le système éducatif peine à répondre à la demande de main-d’œuvre qualifiée
- Seuls 28 % à 35 % des élèves inscrits à l’école primaire parviennent à terminer leurs études secondaires.
- 17 553 élèves se sont inscrits au Standard I en 2010 et seulement 6 141 ont décroché le Higher School Certificate en 2023.
Le dilemme des salaires : la fuite des cerveaux et la durabilité économique
- La structure salariale du pays n’incite pas suffisamment les diplômés à rester à Maurice.
- Après avoir pris en compte le coût de l’éducation à l’étranger, les titulaires d’un diplôme se retrouvent avec une valeur nette implicite inférieure à celle de leurs homologues sans qualifications tertiaires.
Les causes d’une main-d’œuvre en déclin
1 Le dilemme démographique : vieillissement de la population et baisse de l’indice synthétique de fécondité
- D’ici à 2038, la population totale devrait diminuer de 5,8 %. La cohorte des personnes âgées (60+) passera de 20,1 % (252 933 personnes) en 2023 à 26,4 % (314 039 personnes).
- Dans le même temps, la population en âge de travailler devrait baisser, passant de 69 % en 2023 à 64,6 % en 2038.
- D’ici à 2063, la population devrait diminuer de 27 %, la population en âge de travailler chutant de 36,8 %.
- Le taux de dépendance, qui mesure le nombre de personnes à charge pour 1 000 personnes en âge de travailler, devrait passer de 420,9 en 2023 à 522,5 en 2038, soit une augmentation de 24,1 %.
2 Diaspora et migration : tendances et défis
- Selon les données de l’ONU, en 2020, 182 973 Mauriciens vivaient à l’étranger.
- Depuis 2010, une moyenne alarmante d’environ 3 500 Mauriciens émigre tous les ans, dépassant de loin le chiffre constant de 1 850 de Statistics Mauritius.
- En pourcentage de la population totale, les émigrants mauriciens représentaient 14,5 % de la population en 2020.
- En 2020, approximativement 140 450 émigrants mauriciens en âge de travailler vivaient à l’étranger, soit 16 % de la population mauricienne en âge de travailler.
Solutions
AXYS est d’avis que Maurice doit donner la priorité à la modernisation de son système éducatif et de ses politiques en matière de main-d’œuvre pour relever ces défis.
Mécaniser et professionnaliser le secteur primaire
Le passage à l’automatisation et aux technologies modernes pourrait rendre le secteur primaire plus compétitif et offrir des opportunités de développement pour la main-d’œuvre. Ce qui pourrait contribuer à inverser la tendance à la baisse de la participation au marché du travail.
Encourager le retour des migrants
Réduire l’écart salarial et offrir des opportunités d’emploi plus attractives sont les objectifs visés pour encourager la rétention et le retour des travailleurs qualifiés. Cette démarche pourrait être facilitée par un alignement des salaires sur les standards internationaux, ainsi que par une amélioration des perspectives de développement professionnel.
S’attaquer aux taux d’abandon scolaire
Une action rapide est cruciale pour diminuer les taux d’abandon scolaire, notamment au niveau secondaire. Pour préparer la prochaine génération aux défis d’une économie axée sur les services, il sera essentiel d’augmenter les investissements dans la formation professionnelle et de mettre en place des réformes éducatives centrées sur le développement des compétences.
Des réformes salariales attrayantes
Une politique salariale restructurée qui récompense l’enseignement supérieur et aligne les salaires sur la valeur apportée par les travailleurs qualifiés pourrait contribuer à atténuer la fuite des cerveaux et à motiver les diplômés à rester dans le pays.

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