Mardi, les hindous célébreront la grande nuit dédiée au dieu Shiva, les prières durant jusqu’au lendemain matin. Riche en symbolisme, cette fête religieuse donne lieu à un pèlerinage au lac sacré de Grand-Bassin.
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Les derniers rayons du soleil tirent leur révérence dans le ciel orangé de Trianon. Déposant leur kanwar sur le trottoir, une dizaine de jeunes de Goodlands poussent un ouf de soulagement qui témoigne de leur fatigue après avoir parcouru des kilomètres à pied.
C’est Roshan Mattapullut, 31 ans, qui mène cette petite équipe : « Cela fait plus d’une dizaine d’années que nous effectuons ce pèlerinage. Chaque année, c’est avec la même ferveur que nous le faisons. »
Et, comme pour la majorité des dévots, pas question de se rendre au Grand-Bassin sans le traditionnel kanwar : « Nous le fabriquons depuis plusieurs semaines. La première étape, c’est de trouver un design. Une fois, qu’on est tous d’accord sur le modèle, il nous faut trouver du bambou que nous récupérons à La Nicolière. Puis, nous procédons à l’assemblage », explique Jacky Kistoo, un des membres de l’équipe.
L’assemblage, c’est ce qui prend le plus de temps, mais c’est surtout ce qui coûte également le plus d’argent : « Il faut savoir qu’un kanwar c’est beaucoup de décoration. Pour le décorer, nous comptons beaucoup sur les sponsors, mais quand ce n’est pas le cas nous le finançons nous-mêmes. Et pour celui-ci, il noua bien fallu dans les Rs 15 000. Ce qui est bien, c’est qu’à la fin du pèlerinage, on récupère une partie des décorations », explique Roshan.
En parlant du pèlerinage, le plus difficile c’est l’aller, selon Roshan : « À l’aller le corps cherche encore ses repères, alors qu’au retour, l’organisme est déjà bien rodé. Puis, il faut aussi se dire qu’à l’aller, il y a des montées, alors que pour le retour nous bénéficions des descentes, c’est ce le qui rend relativement plus facile. »
Tradition à perpétuer
Également originaire d’Anse-la-Raie, au Nord, Ankush Narain, en est à son 7e pèlerinage : « C’est toujours une joie de prendre la route jusqu’à Grand-Bassin. C’est surtout une tradition que la jeune génération veut continuer à perpétuer. »
Cependant, le pèlerinage n’est qu’une infime partie de la célébration. Et pour cause, quand on parle du Maha Shrivaratri, c’est surtout la nuit de prière qui commence dans la soirée de mardi.
Mais pour comprendre les célébrations, il faut remonter loin dans la philosophie hindoue, comme nous le raconte le pandit Sanjay Sohahee : « Tout commence avec la peur qu’avait le roi Indra de la mort. Il envoya ses disciples trouver un élixir qui allait lui donner la vie éternelle. Ces derniers allèrent chercher le précieux liquide au fond d’un océan. Sauf qu’à la place, c’est un poison qui a commencé à faire surface mettant ainsi en péril la survie même de l’humanité. »
C’est alors qu’intervient le dieu Shiva : « Les disciples d’Indra sont partis voir Shiva pour solliciter son aide. Ce dernier a alors bu le poison pour sauver le monde. Ainsi, pour soulager sa douleur on a commencé à verser de l’eau sur lui. Shiva leur a alors demandé de verser de l’eau sur le shivling, qui n’est autre qu’une représentation du dieu lui-même », explique le pandit.
Maintenant, cette grande nuit de prière se déroule en quatre phrases, comme nous l’explique le pandit Sonahee : « La prière est divisée en quatre parties. La première tranche se déroule de 18 heures à 21 heures. Puis, de 21 heures à minuit. À partir de minuit, les dévots continueront à prier jusqu’à 3 heures du matin et la séance de prières s’achève à 6 heures. »
Et pendant la prière, les dévots s’adressent à Shiva : « Dans la première partie, les dévots demandent à ce qu’ils demeurent très ancrés dans leur religion. Puis, ils demandent à vivre dans l’opulence. Après quoi ils demandent à Shiv de réaliser leurs vœux avant de lui demander de les guider vers le paradis. »
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