Loga Virahsawmy est de ces auteures peu prolixes, sans doute considérant qu’il leur faut des thématiques, parfois personnelles ou universelles, pour prendre le stylo. Pour son dernier ouvrage, lancé le 29 octobre 2022 et intitulé « Ink Blossoms », elle s’est attelée à une pluralité de thématiques, souvent articulées autour des sujets atypiques ou marginaux.
La douceur, la bienveillance et le sourire, toujours de rigueur, dissimulent chez Loga Virahsawmy, une observatrice aiguë et sans complaisante de la société mauricienne. Mais il y aussi chez elle, une volonté de faire prévaloir une forme d’œcuménisme culturel qui, peut-être, qui s'enracine dans l’ile Maurice profonde et se cherche ailleurs lorsque de jeunes Mauriciens retournent chez eux après des études en Europe. Loga Virahsawmy est loin de la donneuse de leçons, ni non plus n’est-elle une observatrice des salons feutrés. Son dernier livre, qui contient six « short stories » et un « novel », traduit des préoccupations variées. Cependant, l’auteur s’attache aussi à restituer, ce qui sans doute, est un trait de caractère : une certaine idée de la piété et de spiritualité sous la forme de divinités féminines hindoues. Mais à aucun moment, elle ne verse dans une forme d’obscurantisme ou de religiosité qui prendrait le dessus sur ses observations.
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Chitra et Arjuna
Le premier récit porte sur les interrogations que suscite la venue d’un garçon adopté en Inde au sein d’un jeune couple mauricien. Et ce sera le début des attentes et des spéculations. Ici, Loga Virahsawmy fait usage de sa connaissance de la société mauricienne. Aussitôt que Chitra et Arjuna rentrent à Maurice avec le petit garçon, les commentaires les plus négatifs commencent à fuser. « Au lieu d’adopter un enfant dans la famille, ils ont préféré aller en Inde, maintenant toute leur fortune ira à ce bâtard ». Et comme la plupart des parents qui ont procédé à une adoption, Chitra et Arjuna ont pensé au meilleur pour l’enfant en lui donnant d’abord le nom de Ganesh, « celui qui enlève les obstacles et qui est le patron des intellectuels », alors qu’une tante âgée, lisant dans les yeux du jeune garçon, prédit qu’il sera d’une intelligence exceptionnelle.
À l’âge de trois ans, Ganesh se révéla un garçon plein de vie, mais il ne parlait pas, ne répétant que les mots « ma …ma, pa… et Oyi », laissant ses parents inquiets. Chez l’orthophoniste, ce dernier les rassura qu’il n’y avait rien de grave chez Ganesh. Au moment de faire un examen, seule la vue d’un camion provoqua un saut chez l’enfant, lequel prononça les mots « Oyi, oyi ». Bientôt, ses parents eurent des doutes.
« Avons-nous bien fait d’adopter un enfant sans connaitre son passé ? », se demandèrent-ils, poussant la réflexion jusqu’à se demander si le petit Ganesh n'était pas le fruit de la rencontre entre un camionneur et une jeune prostituée des bidonvilles de Mumbai. Cette première « short story » donne une indication des thématiques qui suivront dans le livre de Loga Virahsawmy : aucune complaisance ou de « happy end », mais des personnages centraux aux destins atypiques.
Trafic de drogues
Comme Ramon, le singe qui joue aux enquêteurs afin de démasquer un trafic de drogues. Cependant, il a les mains baladeuses et il est aussi capable de sentir des odeurs de très loin. Il avait l’habitude de s’asseoir aux côtés de Madame Samy lorsque celle-ci faisait ses prières, si bien qu’un dévot arriva à penser qu’il pouvait être une réincarnation du dieu-singe Hanuman. Un beau jour, ce qui devait arriver arriva : le petit singe alla trop loin dans ses taquineries, ce qui força son maitre, Ton Filip à l’enfermer dans une cage. Mais Ramon réagit très mal, se laissa gagner par la faim... Le reste est la suite d’une série de petites aventures qui conduisent le singe sur la piste de trafiquants de drogues.
À l’aide d’un style simple, Loga Virahsawmy décline certaines histoires avec des dénouements tels qu’elle les souhaite et d’autres plus ancrées dans la réalité mauricienne. Ainsi, pour celle intitulée « When Old Friends Meet », elle fait rencontrer trois anciennes amies Sarah, Latah et Zorah, 45 années plus tard, et toutes les trois de confessions différentes. Chacune raconte son itinéraire, avec ses obstacles, conflits familiaux et douleurs et blessures. Il y a, sans doute, une part d’idéalisme chez Loga Virahsawmy, un soupçon de poésie, mais surtout un grand cœur.
« Ink Blossoms », de Loga Virahsawmy (125 PP)
Imprimé par Dragon Printing Ltd
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