Forcément brillant et intéressant, au moment où Maurice célèbre les 50 ans de son indépendance. L’économiste Eric Ng, dans son nouvel ouvrage, intitulé Fifty Economics Steps, The Economy of Mauritius from 1968 to 2017, brosse à grands traits les étapes qui ont marqué l’histoire économique de Maurice. C’est une démarche qui a surtout valeur de pédagogie, car si le pays récolte encore de bons points des agences de notation au niveau de l’Afrique sub-saharienne, toutes ces belles performances prennent leurs racines dans des décisions qui s’échelonnent sur la période de 1968 à 2017.
Publicité
L’auteur énumère les faits les plus saillants, qui sont à mettre au crédit des hommes politiques, des décideurs économiques, souvent des visionnaires, qui ont su fermer la page sur la période pré-indépendante caractérisée par les bagarres raciales et des élections générales menant par une courte tête à l’indépendance de Maurice. L’histoire de Maurice moderne, on se plaît souvent à le répéter, part sur les prémices lugubres de l’économiste James Meade (Prix Nobel d’économie 1977). Missionné par l’administration britannique en 1961, après le passage du cyclone Carol, il avait conclu qu’en l’absence de ressources naturelles, à l’exception de la canne, conjuguée à une démographie galopante et au chômage, le pays était condamné à l’échec. Rien de tout cela n’est arrivé.
Qui sont ceux qui ont travaillé au succès (’miracle’) économique de Maurice, cette période qui viendra couronner plus de deux décennies de décisions économiques qui prennent en compte les contraintes citées par Meade pour les retourner à l’avantage du Maurice ? Éric Ng cite en premier une décision majeure qui aura un impact décisif sur l’avenir de Maurice : le contrôle avec succès des naissances en 1963. Dès lors que la croissance démographique de l’île était maîtrisée, les différents gouvernements qui dirigeront Maurice pouvaient s’atteler à la mise en œuvre de leurs réformes.
Bâtir sur des acquis
L’auteur cite 50 étapes qui seront franchies avec plus ou moins de bonheur, l’objectif étant de bâtir sur des acquis qui remontent à la période avant et après l’indépendance : la monoculture de la canne et le secteur du tourisme. Ce sont des visionnaires rassemblés autour d’une seule ambition – celle de construire un avenir pour un pays indépendant et prive de ressources naturelles – qui relèveront ces défis, mais leurs point de départ s’articule autour d’un compromis entre l’état keynésien et un libéralisme modéré, un realpolitik dont nos dirigeants ont su surmonter les contradictions.
Cinquante ans après l’indépendance et après avoir attiré vers lui les yeux de Chimène des Européens (pour le sucre, le tourisme et le textile), des Américains (le textile), des Chinois (les infrastructures) et récemment des Indiens (le metro express), Maurice doit résolument approfondir ses relations avec l’Afrique pour réussir sa nouvelle phase de mutation-diversification. Cette perspective, selon Eric Ng, s’inscrit dans un processus long de 50 ans. Pour y arriver, ce dernier évoque la nécessité, entre autre, d’un nouvel pacte privé-public, en tenant compte des mutations rapides technologiques, dont la digitalisation qui est appelée à modifier profondément tous les aspects de notre vie. L’auteur ponctue ses propos par cette réflexion consensuelle : « Will also be essential for Mauritius a new political elite with leadership of top quality, who has the courage to undertake disruptive reforms necessary to transform the country into a high-income economy. »
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !