À J-6 du scrutin du 7 novembre, le taux d’indécis est toujours élevé. Les trois principaux blocs politiques ont sorti l’artillerie lourde, axant leur campagne sur plusieurs thèmes, dont la lutte anticorruption, le développement et le combat contre le népotisme. Quels sont les thèmes les plus accrocheurs qui pourraient être décisifs ? Voici ce qu’en pensent des observateurs politiques.
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Jean Claude de l’Estrac : «Il y a une remontée du MMM»
Jean Claude de l’Estrac est catégorique : il y a clairement deux niveaux de campagne. Un premier pan, dit-il, est composé de promesses précises et concrètes ciblant des catégories d’électeurs. « Ces promesses sont démagogiques et ruineuses pour un pays déjà si endetté ? » lance-t-il.
L’observateur politique indique qu’il y a un deuxième niveau qui est celui de la gouvernance. « C’est cette campagne qui porte le MMM. Elle est marquée par les dénonciations réciproques des deux anciens Premiers ministres. Ce déballage est répugnant aux yeux de l’électorat non partisan et disqualifie les deux blocs », explique-t-il.
Du coup, dit-il, le MMM retrouve grâce aux yeux des électeurs sensibles à l’exigence d’une gestion saine. Jean Claude de l’Estrac pense que la campagne centrée autour de la promesse de Paul Bérenger d’un pays « propre » fait mouche. Pour lui, « c’est cet élément qui explique la remontée du MMM. Ce n’est pas encore une vague mais cela commence à faire peur à la fois à Jugnauth et à Ramgoolam ».
L’observateur politique note que l’autre thème de la campagne, c’est-à-dire la question du « vote bloc », est inattendu. Il estime que là encore le vote « panaché » semble pouvoir favoriser le MMM, si on se fie aux appels incessants des dirigeants des deux alliances. Eux-mêmes accréditent l’idée que le MMM est susceptible de récupérer des votes on dans leurs électorats, selon Jean Claude de l’Estrac. Pour lui, c’est pour toutes ces raisons que la remontée du MMM est le Talk of The Town.
Il concède toutefois que c’est une perception. « La réalité est difficile à cerner, d’autant que le taux d’indécis est encore très élevé à une semaine des élections. »
Lindsay Rivière : «Chacun a une approche différente»
Pour Lindsay Rivière, il faut faire la différence entre les mesures et les thèmes. Selon lui, les thèmes qui reviennent sur le tapis ces derniers jours sont nombreux : corruption, mauvaise gestion, abus, népotisme, affaiblissement de la démocratie, remise en état de l’économie, modernisation du pays et endettement, etc.
« Ce sont surtout sur ces thèmes que deux des trois grands blocs font campagne. Je parle là de l’Alliance Nationale et du MMM. Quant à l’Alliance Morisien, il met l’accent sur les grands travaux ainsi que sur la transformation du pays », explique l’observateur politique. Selon lui, « chacun a une approche différente ».
D’un côté, dit-il, il y a une campagne optimiste qui met en exergue l’espoir et l’avenir. De l’autre une campagne plus pessimiste préconisant le grand nettoyage. « L’Alliance Morisien veut braquer les esprits sur l’espoir, l’avenir et la progression sociale. Le MMM capitalise sur le nettoyage. L’Alliance Nationale demande des votes de sanction mettant l’accent sur les scandales, promettant plus de stabilité et s’engageant à mettre des personnes compétentes où il faut. »
Selon lui, le choix des électeurs dépendra de leur vision de Maurice. « Certains choisiront l’espoir et l’avenir. D’autres voteront pour sanctionner. »
Faizal Jeerooburkhan : «Les indécis ne sont pas imbéciles»
Les thèmes qu’on entend souvent ces derniers jours peuvent être regroupés sous six axes : le social, l’économie, l’environnement, l’infrastructure, la réforme institutionnelle et la réforme constitutionnelle. C’est l’avis de Faizal Jeerooburkhan. Pour l’observateur politique, il ne fait aucun doute que le MMM, contrairement à l’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale, a su faire la balance entre ces thèmes.
« Les trois blocs ont beaucoup joué sur le social, notamment la pension de vieillesse, les logements sociaux et l’éducation, entre autres. Mais d’autres problématiques n’ont pas été explorées. Je parle de sécurité et d’unité nationale, entre autres », souligne Faizal Jeerooburkhan.
Il concède que les trois blocs politiques ont abordé la question de l’économie et de l’environnement. Mais il estime que c’est encore une fois le MMM qui sort du lot. « L’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale abordent sommairement cet aspect, tandis que le MMM évoque le redressement de l’économie. C’est dû au fait que cela ne rapporte pas beaucoup de votes », poursuit l’observateur politique.
Il soutient que le MMM a également mis en exergue le thème des infrastructures productives qui peuvent rapporter quelque chose à l’État ou encore la réforme institutionnelle qui vise à mettre un frein au gaspillage et à favoriser une meilleure gouvernance. « Les deux alliances misent surtout sur le social. Tandis que le MMM propose un meilleur équilibre entre les six axes qui sont tous importants », précise Faizal Jeerooburkhan.
Il est d’avis que les thèmes pèseront lourds dans la balance. « Les indécis ne sont pas des imbéciles. Ils réfléchissent toujours. Si un parti identifie des failles et propose des solutions, cela peut les influencer dans leur choix », estime-t-il.
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