Ambitieux, Mahend Gungapersad prévoit de transformer en profondeur le paysage éducatif mauricien. De nombreuses réformes sont en cours de conception et seront déployées en concertation avec tous les partenaires, affirme le nouveau ministre de tutelle.
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Outre les trois « credits » pour accéder au Higher School Certificate (voir encadré) et l’abolition de l’Extended Programme (voir plus loin), Mahend Gungapersad ambitionne d’apporter des changements en profondeur au système éducatif afin d’être aux normes internationales. Le ministre de l’Education souhaite notamment développer des pédagogies innovantes, en s’appuyant sur les technologies de pointe, dont l’intelligence artificielle, pour mieux accompagner les élèves. « Maurice doit s’adapter aux nouveaux styles d’apprentissage. » Son objectif est de pouvoir mieux accompagner les élèves en difficulté, qu’il s’agisse de problèmes d’apprentissage liés à la méthode pédagogique (« learning difficulties ») ou à des troubles spécifiques (« learning disabilities »).
Pour ce vaste chantier, le tout nouveau ministre de l’Éducation prévoit une série de consultations avec les parties prenantes : enseignants, élèves et parents. « Je suis issu du système éducatif, j’en connais bien les rouages », déclare-t-il. Ces consultations ont débuté, lundi 25 novembre, avec les divers syndicats du secteur éducatif. A la rentrée scolaire, Mahend Gungapersad rencontrera également les membres des associations de parents et enseignants des divers établissements, ainsi que les élèves et enseignants. « Je ne compte pas rester dans une tour d’ivoire sans rencontrer personne. En tant qu’ancien recteur, je me sens plus à l’aise dans l’enceinte d’un établissement scolaire qu’entre quatre murs », dit-il.
Le ministre se dit prêt à collaborer avec les organisations non gouvernementales (ONG) pour l’aider dans sa mission. « Si nou tou nou pe get dan mem direksion ek nou anvi konstrir enn Moris meyer, bann ONG pa bizin res an deor laport lekol. Zot bizin gagn drwa partisip dan travay-la », affirme-t-il. Évoquant le problème de la drogue dans les établissements scolaires il est d’avis qu’une approche multidimensionnelle est nécessaire, impliquant réflexion et débat. Il appelle également à une vigilance accrue des parents, des écoles, de la société et des autorités.
Dans la foulée, il souligne que les jeunes en échec scolaire dans le système scolaire « mainstream » sont particulièrement vulnérables face au fléau de la drogue. « Notre travail consistera à les récupérer et à les autonomiser », précise-t-il. La réhabilitation, un autre volet essentiel, devra également être prise en compte avec la collaboration des ONG.
Le problème de la grossesse précoce est une autre de ses priorités. Pour Mahend Gungapersad, il est impératif de renforcer l’éducation des adolescents pour les sensibiliser aux précautions à prendre. « La société a évolué, il faut aborder ce sujet sans tabou et reconnaître son existence. La sensibilisation doit commencer à la maison, dans les écoles, ainsi que dans les institutions religieuses et sociales. » Les ONG prêtes à aider seront les bienvenues, ajoute le ministre.
Pour lui, « l’éducation n’est pas seulement une accumulation de certificats et de diplômes. Nous voulons rebâtir le mauricianisme, qui a été fragilisé par une montée vulgaire du communalisme ». Les établissements scolaires sont, souligne-t-il, le tremplin idéal pour bâtir une nouvelle île Maurice en valorisant le « vivre-ensemble », le respect mutuel et le développement de l’interculturel. D’où l’importance d’accorder plus de temps et de moyens aux classes axées sur les valeurs humaines, comme cela se pratique dans les écoles confessionnelles entre autres. Il envisage d’adopter les bonnes pratiques de ces établissements pour les étendre à l’échelle nationale. Selon le ministre, cette approche contribuera à réduire le problème du harcèlement scolaire. « Nous avons un gros souci concernant le ‘bullying’, la violence et l’indiscipline dans les établissements scolaires. Il faut mettre un frein à cela. »
Pour conclure, Mahend Gungapersad insiste sur le fait que l’éducation ne doit pas se limiter aux aspects académiques, mais qu’elle doit également mettre en avant les valeurs humaines pour développer l’intelligence émotionnelle et promouvoir l’importance du vivre-ensemble.
Le ministre appelle à un changement à la tête de la PSEA
Mahend Gungapersad, ministre de l’Éducation, s’est exprimé devant la presse le 25 novembre, après une rencontre avec la Fédération des managers des collèges privés, tenue au siège de son ministère à Phoenix. Lors de son intervention, il a déclaré que « Shiv Luchoomun devrait céder son poste ».
Selon Mahend Gungapersad, un « mécontentement palpable règne dans le secteur de l’éducation, en raison de l’incapacité du directeur de la Private Secondary Education Authority à répondre aux besoins des élèves mauriciens ».
Contacté, Shiv Luchoomun a indiqué qu’il s’exprimera prochainement.
Révision des cours en ligne
Pour assurer la continuité des apprentissages en cas de perturbations liées aux intempéries (comme les « flash floods » ou les cyclones), le ministre Gungapersad prévoit de généraliser les cours en ligne. Des dispositions seront prises pour équiper tous les élèves des outils numériques nécessaires pour suivre les cours à distance. « Nous allons faire un état des lieux, mais pour cela, nous devons attendre la rentrée scolaire. »
Application des trois « credits » et abolition de l’Extended Programme
Fidèle aux engagements de campagne, le nouveau ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, s’engage à mettre en œuvre le projet des « trois crédits » pour accéder au Higher School Certificate (HSC). « Nous voulons que les élèves ayant trois ou quatre crédits puissent accéder au HSC selon un critère établi : avoir réussi en anglais », explique-t-il. Les aspects légaux de cette réforme sont actuellement à l’étude.
Parallèlement, le ministre annonce la suppression de l’Extended Programme et le lancement d’un nouveau parcours scolaire destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le Primary School Achievement Certificate (PSAC). Ce nouveau cursus sera conçu pour mieux répondre aux besoins et aux difficultés de ces jeunes.
D’autre part, le ministre déclare : « Nous allons faire tout ce qui est humainement possible pour que, dès janvier, tous les élèves aient leurs manuels scolaires et les enseignants dont ils ont besoin. »
Arvind Bhojun plaide pour des réformes éducatives ambitieuses
Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), plaide en faveur de l’élaboration d’un livre blanc sur les lacunes du système éducatif. Ce document, réalisé en collaboration avec l’UNESCO, tel qu’il avait été le cas pour le premier Master Plan sous l’impulsion d’Armoogum Parsooramen, ancien ministre de l’Éducation, permettrait d’identifier précisément les problèmes et de proposer des solutions pérennes.
Il est essentiel, dit-il, que le système éducatif soit au service des enjeux économiques du pays. « L’éducation est un investissement que nous faisons pour avoir des ressources humaines qualifiées et leur fournir la formation requise. Le ministre devrait donc envisager des réformes à court, moyen et long terme pour améliorer le secteur de l’éducation. » Et d’ajouter que les parties prenantes du secteur devraient avoir la possibilité d’être des « acteurs » en apportant leurs idées. « Pour qu’une réforme puisse être mise en œuvre, il est essentiel que les personnes concernées s’engagent et comprennent sa philosophie, afin d’obtenir les résultats escomptés », dit-il.
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