Tensions avec les Américains : L’Iran place Diego Garcia dans son viseur

L’Iran menace directement la base militaire de Diego Garcia, utilisée par les États-Unis et le Royaume-Uni, en réponse à la pression américaine sur son programme nucléaire. Téhéran affirme pouvoir frapper cette base stratégique avec ses missiles et drones, intensifiant ainsi les tensions dans l’océan Indien.

Les tensions croissantes entre les États-Unis et l’Iran prennent une tournure inquiétante, avec des menaces directes émanant de Téhéran envers le Royaume-Uni et les États-Unis, concernant l’usage stratégique de la base militaire de Diego Garcia, située dans l’archipel des Chagos. Cette base, actuellement utilisée par les forces britanniques et américaines, fait l’objet d’un conflit diplomatique en raison de son statut, l’île de Diego Garcia étant toujours sous contrôle britannique alors que Maurice revendique sa souveraineté. L’issue de ce contentieux reste en suspens, un accord sur la rétrocession de l’archipel à Maurice étant toujours en attente de signature.

Mais voilà que l’Iran menace la base de Diego Garcia. Selon des articles publiés dimanche par The Telegraph et Iran International, Téhéran a averti qu’il pourrait viser cette base en cas d’attaque militaire américaine. Cette déclaration survient après que le président américain Donald Trump a intensifié la pression sur l’Iran en menaçant d’une action militaire si l’Iran ne parvenait pas à un accord concernant son programme nucléaire. En réponse, un haut responsable militaire iranien, cité par ces médias, a déclaré que son pays n’établirait aucune distinction entre les forces britanniques et américaines si la base de Diego Garcia était utilisée pour une attaque contre l’Iran. « Il ne fera aucune différence si vous êtes un soldat américain, britannique ou turc – vous serez visé si votre base est utilisée par les Américains », a-t-il précisé.

La menace iranienne fait suite au déploiement la semaine dernière de bombardiers B-2 Spirit à Diego Garcia, une installation militaire clé pour les États-Unis, qui a souvent servi de point de départ pour des frappes militaires contre le Moyen-Orient, notamment en Irak et en Afghanistan. Cette base, située à 3 800 kilomètres de l’Iran, abrite également des capacités stratégiques de frappe à longue portée, notamment des bombardiers capables de frapper des installations souterraines en Iran.

Malgré la distance qui sépare Diego Garcia de l’Iran, ce dernier se dit capable de frapper cette base avec ses missiles balistiques, citant des armes comme le Khorramshahr, un missile à portée intermédiaire, et le drone-suicide Shahed-136B, qui pourrait atteindre une distance de 4 000 kilomètres. Téhéran a averti que ses missiles et drones étaient suffisamment avancés pour cibler des installations militaires situées dans l’océan Indien.

Le porte-parole du gouvernement britannique, cité par The Telegraph, a fermement condamné ces menaces, soulignant que la base de Diego Garcia est d’une importance cruciale pour la sécurité britannique et américaine dans la région. Le Royaume-Uni continue de collaborer avec ses partenaires pour encourager la désescalade des tensions dans la région. La base, a-t-il ajouté, joue un rôle fondamental dans le maintien de la sécurité régionale et internationale.

Parallèlement, le différend concernant la souveraineté des îles Chagos, dont fait partie Diego Garcia, demeure un sujet de débat international. Maurice réclame la rétrocession de l’archipel, une question qui est restée en suspens après l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice en 2019, qui a jugé illégale la décolonisation partielle de l’archipel par le Royaume-Uni. Un accord entre Maurice et le Royaume-Uni, censé permettre le retour des îles à la souveraineté mauricienne, est en attente de signature.