La rentrée scolaire après le Confinement s’inscrit à un moment où le pays est secoué par des allégations de corruption. Si la pandémie du COVID-19 nous a enseigné une chose, c’est que nous devons nous préparer à un ‘new normal’. Par rapport à tant de domaines, y compris l’éducation, l’ancienne normalité laissait déjà beaucoup à désirer. Du fléau des leçons particulières à l’éducation aux valeurs, en passant par le rythme scolaire et le niveau académique, il y avait déjà tant de choses anormales avec l’ancien ‘normal’.
Les premières semaines de la rentrée post-COVID19 doivent être très flexibles dans la forme comme dans le fond. Il faudra donner du temps aux élèves comme au personnel pour enclencher une transition harmonieuse. Il faudra surtout s’éduquer aux gestes dites ‘barrières’ car c’est à l’école que se forgera une préparation contre une seconde vague, sinon une autre épidémie. Mais ces premiers jours doivent aussi, espérons-le, mener à une prise de conscience que la corruption qui fait la une des médias a ses racines dans notre quotidien. Contre le corruptiō-virus, il faudra se mettre à la distanciation et cela doit débuter avec notre éducation.
La corruption des leçons privées
Comment doit-on appeler un enseignant qui ne fait pas son travail comme il se doit à l’école pour donner son maximum durant les cours particuliers ? Et des parents, comme nous, qui les payons grassement ? Comment est-ce-possible que, sans les cours privés,il semble que toute réussite soitirréalisable ? Faut-il avoir de l’argent afin d’avoir accès à la connaissance alors que l’éducation est dite ‘gratuite et obligatoire’ ? L’éducation serait-elle uniquement le savoir, sans transmission de savoir-faire et de savoir-être ? Le professeur n’est pas le seul fautif car les parents se battent pour que leurs enfants viennent à lui pour des leçons axées sur les examens, même si cela leur coûte très cher. Ils n’espèrent souvent pas grand-chose de l’école ou du collège, une posture que les enfants comprennent vite. C’est pourquoi ils s’absentent, ne se donnent pas à fond, se laissent aller dans le milieu scolaire. L’indiscipline y atteint des sommets.
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Et comme parents, nous sommes souvent les premiers à s’en prendre aux professeurs lorsqu’ils ‘corrigent’ nos enfants. C’est comme de la corruption négative : punir les enseignants qui font leur travail. Que peuvent faire les recteurs et autres administrateurs face à cette situation ? Les ingérences d’en-haut ont fait la une récemment avec la valse de transferts des responsables d’institutions. S’il ne s’agit pas de corruption, strictement parlant, c’est suffisant quand même pour consolider le sentiment d’injustice profonde.
Autant serait-il opportun qu’à l’école une réflexion se fasse sur la corruption, surtout les aspects moindres que nous connaissons au quotidien, autant faudrait-il, qu’à la maison, les parents fassent attention. Les enfants apprennent de ce que font ces derniers.
La corruption du matérialisme
Il y a pire. Nous vivons une époque où, davantage que durant les générations précédentes, les avoirs, le pouvoir et la gloire comme les plaisirs de ce monde sont devenus des objets de culte. Les modes, les films, les média et le consumérisme servent souvent un système économique dominant qui fait de toute chose une marchandise. Il règne une culture de l’apparence. Nous nous retournons dans la rue pour admirer une belle voiture, nous sommes attirés par le portable dernier cri ou nous voulons suivre la dernière tendance vestimentaire. Ce sont souvent les attentes d’un enfant chéri, d’une épouse bien-aimée, d’un mari exigeant, d’une personne que nous voulons séduire ou qui nous séduit qui poussent une personne à transgresser les limites pour avoir ce qu’il ne peut atteindre légalement. Pour aussi dépasser son voisin, voire ne pas être ‘inférieur’ à son prochain qui a aussi la même attitude, car nous vivons dans un monde qui idolâtrise la dimension matérielle.
Rien, absolument rien, ne justifie la corruption et ceux qui le commettent sont les seuls coupables, corrupteurs comme corrompus. Toutefois, soyons satisfaits et contents de ce Dieu nous donne, n’envions pas les autres, restons patients et propres, soyons moins matérialistes et plus solidaires si nous voulons que ceux qui cherchent à nous plaire ne soient pas poussés à faire des compromis, jusqu’à tomber dans la corruption.
Cela peut commencer par accepter un petit cadeau de rien du tout destiné à son enfant, offert gracieusement en reconnaissance de la part de quelqu’un à qui on a fait une faveur. Et finir par acheter des bourses ou donner des pots de vin afin que son enfant puisse entrer dans une université de l’Ivy League. C’est pourquoi, à l’école, il faut se protéger contre le corruptiō-virus qui est cette illusion de succès matériel que donne un certificat, l’accès à une grande école, sinon un diplôme d’une grande université. Partout, mais à la maison surtout devant nos êtres les plus chers, ne tombons pas dans l’amour exagéré de ce monde.
N’aurons-nous pas des comptes à rendre ?
Dr Khalil ELAHEE
Associate Professor à l'Université de Maurice, le Dr Khalil Elahee est détenteur d'un PhD, MA (Cantab) Engineering, Energy. Il est expert en matière d'énergie.
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