Ils ont été sur le pied de guerre et ont défendu bec et ongles des causes qui leur tiennent à cœur. Que ce soit dans le domaine de l’environnement, des droits de l’enfant ou des travailleurs du sexe, ces membres de la société civile sont encore plus déterminés à mener leur combat cette année. Quelques-uns nous expliquent quels seront leur cheval de bataille en 2020.
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Marwan Dawood, responsable de communication chez Parapli Rouz : « Il y a beaucoup de préjugés »
Comme l’année dernière, notre thème sera encore une fois celui de la maman et de l’enfant (mama-zanfan). C’est quelque chose de difficile, voire même une rude épreuve. Nous avons eu plusieurs rencontres avec les autorités. Nous allons solliciter la collaboration du ministre de l’Égalité des Genres. Dans de nombreux cas, les autorités arrachent des enfants à leurs mères. Le cas de Sharonne qui a finalement récupéré son bébé avait fait les grands titres l’année dernière. Nous ne voulons plus que des mères souffrent simplement parce qu’elles sont des travailleuses du sexe. Il y a beaucoup de préjugés. Notre combat est justement de casser ces préjugés. Nous voulons aussi encourager les filles à venir de l’avant et dénoncer les injustices qu’elles subissent.
Les gens doivent comprendre qu’on ne peut rabaisser ces filles. C’est un travail comme n’importe lequel. Elles sont rémunérées pour les services qu’elles offrent.
Kunal Naik, Advocacy Officer chez Prévention Information et Lutte contre le Sida (PILS) : « Il faut une réforme de notre système de santé »
L’amélioration de la qualité des soins pour les personnes vivant avec le VIH et un suivi des personnes testées positives mais qui ne sont pas sous traitement restent nos plus grands défis. Nous voulons aussi redynamiser la prévention autour du VIH et autres maladies sexuellement transmissibles, outre le fait de combattre la discrimination et la stigmatisation des personnes souffrant du VIH.
Nous allons par ailleurs militer pour une réforme de la politique sur la drogue afin de mettre sur pied un système qui est fondé sur la santé et un système social qui soit renforcé, tout en mettant l’accent sur le droit humain. La collaboration des tous les stakeholders est importante.
Avec le High Level Drugs and HIV Council, nous espérons que des décisions seront prises pour améliorer notre programme et le système en place pour combattre le VIH et toutes les maladies sexuellement transmissibles à Maurice. Il faut aussi qu’on ait vraiment une réforme de notre système de santé.
Yan Hookoomsing, membre du collectif Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL) : « La privatisation des plages reste notre priorité »
Nous allons continuer notre combat contre la privatisation des plages. L’ancien ministre Mahen Jhugroo avait annoncé que de nouvelles plages seront proclamées. Cependant, il n’y a rien eu de tout cela. Le gouvernement n’a rien dit à ce sujet sauf que les hôtels vont reculer de 100 mètres. À ce jour, les Mauriciens ont accès à seulement 14 % des plages. Soit 46 km sur les 322 km de littoral. Alors que les hôtels et Smart Cities en comptent 90 km. Il faut donc que deux tiers des plages soient rendus publics ou bien transformés en Public Coastal Parc.
Nous réfléchissons aussi sur comment attaquer un autre problème. Une fois le feu vert des Collectivités locales obtenu pour un projet, nul ne peut le contester. On ne peut continuer avec le bétonnage sans que les citoyens n'aient leur mot à dire. Nous allons solliciter une rencontre avec le ministre du Logement et des Terres, Steven Obeegadoo. Une rencontre avec le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano, est aussi souhaitable.
En ce moment, il y a la révision de la National Development Strategy. Il ne faut pas que cet exercice soit opaque. Nous espérons que cela se fera dans le dialogue.
Georges Ah Yan, président du Forum Citoyens Libres : « La construction des 'wetlands' est importante »
Nos thèmes principaux restent l’environnement, l’écologie, le changement climatique et nos droits. Il y a quatre cas qui seront probablement débattus cette année. Surtout pour La Cambuse, nous allons y veiller de près. Nous allons solliciter les ministres Obeegadoo et Ramano pour leur expliquer nos craintes et leur faire part de nos suggestions pour qu’il y ait une meilleure gestion. Il y a plusieurs choses qui méritent une attention. Parmi la construction sur des wetlands.
Pour ce qui est de la carte d’identité biométrique, il y a quelque 12 000 à 15 000 personnes qui n’ont toujours pas la nouvelle carte. Elles doivent avoir une réponse quant à l’utilisation de l’ancienne carte. Nous savons également que les élections municipales et villageoises auront lieu cette année. Nous nous préparons à y participer. Nous voulons que nos membres soient des députés locaux pour qu’ils puissent faire véhiculer les problèmes des gens et essayer de trouver des solutions.
Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, membre du Kolektif Drwa Zanfan Morisien (KDZM) : « Nous sommes inquiets de l’omniprésence de la violence »
En 2020, nous allons d’abord nous centrer sur le Children's Bill, dont la première version présentée en septembre 2019, doit être amendée sur plusieurs points : l’interdiction des châtiments corporels dans les familles et institutions incluant celles de détention et réhabilitation ; l’âge minimal de la responsabilité pénale à 16 ans ; que des définitions concernant le handicap visible ou invisible soient revues ; qu’il y ait un fast track pour les Birth Certificates ; un accompagnement thérapeutique obligatoire pour les auteur(e)s de violence ; etc.
Nous accueillons très favorablement l’annonce de la ministre Kalpana Koonjoo-Shah sur l’âge minimal du mariage à 18 ans. Nous souhaitons aussi que la section 145 du Code civil, section autorisant le mariage des enfants avec le consentement de leurs parents, soit abrogée.
Nous sommes inquiets de voir l’omniprésence de la violence sur le terrain, dans des institutions et familles. En 2019, certaines situations de mineurs de 15 ans en conflit avec la loi, menottés et frappés par certains officiers de police, nous ont été rapportées.
Nous allons donc continuer notre travail de sensibilisation pour continuer d’expliquer les formes de violence et leurs conséquences graves.
Plusieurs enfants sont consommateurs de produits illicites et impliqués dans le trafic de drogue. Le travail d’accompagnement, de sensibilisation et de prévention se poursuivra par certaines ONG.
Il importe que se fasse un dépistage précoce du handicap, par le ministère de la Santé, pour une prise en charge précoce et adaptée de l’autisme, du SAF, etc.
Nous attendons la réforme sur les procédures d’adoption locale et internationale d’enfants mauriciens annoncée depuis plusieurs années.
Sur le plan de l'éducation, nous continuons de nous mobiliser pour des postes pour des professionnel(les) en psychologie et ‘counsellors’ pour des services d’écoute et d’accompagnement qui soient accessibles, gratuits et efficaces.
Dans le secteur éducatif, il y a un Educational Psychologist/Educational Social Worker pour 4 311 enfants dans 1 343 écoles/ collèges (préscolaire, primaire et secondaire) en 2019, cela est loin de suffire pour la prise en charge de la santé mentale des enfants de la République de Maurice.
Membres individuels et ONG, nous continuerons d’investir nos secteurs de travail pour plus de bien-être et de protection des enfants de la République.
Anushka Virahsawmy, Country Manager de Gender Links : « Pas de solutions ‘quick fix’ »
Nous travaillons actuellement sur notre stratégie pour les dix années à venir. Par ailleurs, nous tenons à féliciter la ministre Kalpana koonjoo-Shah qui a bossé dur pour que l’âge pour le mariage soit de 18 ans. C’est extraordinaire. Elle a eu le courage de le faire contrairement à ses prédécesseurs. Cela a été une bataille de longue haleine avec d’autres ONG. Ce dossier a dormi dans un tiroir pendant une décennie.
Maurice, qui est membre de la SADC, n’avait pas signé le protocole de la SADC justement à cause de l’âge du mariage à 16 ans. Maintenant que la situation a été débloquée, j’espère que Maurice va emboiter le pas des autres pays membres.
Nous travaillons aussi pour le 50 : 50. Soit pour qu’il y ait plus de femmes au Parlement. Une représentation équitable est importante. Dans les pays où c’est le cas, on voit qu’il y a une balance dans la prise de décision.
Puis, notre cheval de bataille reste la violence domestique. Il ne faut plus des solutions ‘quick fix’. Mais il faut bel et bien faire un travail en amont. Il faut aller à la source du problème, travailler sur un module sur le sujet pour le mettre dans le cursus scolaire. La sensibilisation commence dès un jeune âge. Il faut qu’il y ait un dégoût pour la violence domestique et que cela s’empreigne dans notre ADN. Nous voulons de plus qu’il y ait un costing de ce fléau.
D’autre part, nous continuons à accompagner toutes celles qui sont dans notre shelter. Nous voulons qu’elles aient la colonne vertébrale solide quand elles partent de chez nous.
Brian Dean, fondateur d’Eco Warriors : « Nous voulons lancer un projet régional »
Nous avons créé le premier jeu éducatif sur la protection de l’environnement. De surcroît, nous sommes le seul projet de l’Afrique qui a eu le patronage de l’UNESCO. Le jeu est disponible sur les tablettes des enfants dans les 471 écoles. Trois mois que le jeu est disponible et on a déjà gagné plusieurs prix.
Ainsi pour 2020, nous voulons lancer le jeu à La Réunion, puis à Madagascar. Nous voulons inclure toutes les îles de l’océan Indien. Notre autre projet est la plantation d’un million de coraux.
Jameel Peerally, porte-parole du Kolectif 420 : « Pour la légalisation du cannabis »
En mars, l’Organisation mondiale de la santé fera connaître sa position sur le cannabis médical. Nous allons organiser une manifestation avant. Le 5 mai on organisera notre marche comme à l’accoutumée. Le message est clair. À travers le monde, de nombreux pays autorisent l’utilisation du cannabis médical. On a vu les avancées, surtout du cannabis médical. Maurice doit aller vers une nouvelle politique de drogue.
En ce qui concerne le cannabis récréationnel, il y a trop de personnes qui se retrouvent derrière les barreaux. Il y a une recrudescence de la drogue. D’ailleurs, la War on drug fait plus de mal que de bien. Ainsi, notre plus grande bataille est un changement des mentalités. Il y a trop de gens qui souffrent à cause de l’ignorance.
Nous allons continuer notre combat pour la légalisation du cannabis et son utilisation à usage médical. Les malades doivent avoir le choix de choisir la médication qu’elles veulent. Le cannabis à usage médical est une alternative.
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