La Sécurité sociale prise d’assaut : une annonce du ministre Sinatambou provoque la ruée

Comment expliquer que subitement un millier de personnes réclament une allocation à la Sécurité sociale deux semaines après les inondations du 9 avril ? D’après notre enquête, ce qui a mis le feu aux poudres provient d’une information fournie par le ministre Étienne Sinatambou. En effet, le mardi 16 avril au Parlement, il a fait savoir que les victimes de Fond-du-Sac avaient reçu une compensation de Rs 6 000 par adulte et Rs 3 000 par enfant.

Bon nombre de personnes croyaient que le millier de personnes s’étaient déplacées pour réclamer le ‘Foodstuff Allowance’ de Rs 182 par jour. Or, ce n’est pas le cas. Elles étaient là pour l’allocation de Rs 6 000. « Vous pensez vraiment qu’elles sont là à attendre des heures sous un soleil de plomb pour Rs 182 ? Zot pei enn taxi mem zot vinn isi kout Rs 200 ! », lance un officier de la Sécurité sociale.

Selon lui, tout est parti de l’information fournie par le ministre de la Sécurité sociale en réponse à une Private Notice Question (PNQ) il y a deux semaines. En effet, le leader de l’opposition, Xavier Luc Duval, voulait connaître, entre autres, le montant des compensations octroyé aux victimes des inondations du 9 avril à Fond-du-Sac. En sus d’une ‘Flood Allowance’ de Rs 182 par jour, par personne, sur un maximum de trois jours, le ministre Étienne Sinatambou a révélé que des habitants de Fond-du-Sac avaient aussi eu droit à une compensation sous le Prime Minister’s Relief Fund. « In addition, Madam Speaker, a financial compensation is being paid to those 111 households affected in Fond-du-Sac as decided by the Prime Minister’s Relief Fund Board. Rs 6 000 are being paid to each adult while every child under 18 years will receive Rs 3 000 in each household», a-t-il déclaré.

C’est en tout cas ce qui a motivé le déplacement de Prisca que le Défi Plus a rencontré aux abords du bureau de la Sécurité Sociale situé au Astor Court à Port-Louis. « Nou tan dir ban Fond-du-Sac pe gagne Rs 6 000 ek Rs 3 000 roupi. Nou pli couyon nou ? », se demande cette trentenaire de Résidence La Cure, agacée de revenir depuis trois jours au bureau de la Sécu pour se faire enregistrer. Quelques mètres plus loin, Joëlle, une quadragénaire de Tranquebar déplore ce qu’elle considère de politique de deux poids deux mesures. « Ena pe gagne Rs 6 000 roupi, ena pe donn zis Rs 182. Pe get de lizie. Bizin fer enn lanket ! », fustige cette mère de cinq enfants.

Au niveau de la Sécurité Sociale, un cadre soutient que des employés ont eu affaire à des travailleurs sociaux venus avec des groupes de personnes, qui disaient : ‘Ki ariver, lapli la ti tomb zis dan Fondisac sa ?’ Afin d’éviter toute perception de discrimination, nous avons enregistré leurs demandes ? »

Plus d’un millier de demandes à Port-Louis

À jeudi après-midi et rien que dans la capitale, les demandes pour l’obtention de cette allocation avoisinaient un millier. À l’Astor Court, l’on se montre toutefois prudent dans le traitement des requêtes. « Ce chiffre peut contenir des doublons car l’enregistrement se fait manuellement. D’où la nécessité de faire un exercice de ‘screening’ avant d’effectuer le paiement. Ainsi, les données seront insérées sur ordinateur et avec les numéros de cartes d’identité, nous saurons immédiatement si, par exemple, une personne a rempli plusieurs fiches en se rendant dans plusieurs bureaux de la Sécu ou si dans un couple, le mari et la femme ont chacun fait séparément une demande », indique une source.