Depuis 25 ans, Kishen Ramen collectionne les prix de la chanson dans tous les domaines de la scène hindoustani. Depuis qu’il a décroché le premier prix au concours Star 2012, décerné par la MBC, il a ajouté le karaoké à ses collaborations musicales. Le recours à l’informatique, explique-t-il, ouvre des perspectives inépuisables, mais il reste toujours attaché à la chanson ‘live’ au sein des groupes.
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«J’ai tout donné à la musique, surtout de mon temps. J’ai oublié de me marier », lance, en souriant, Kishen Ramen, rencontré à quelques pas de son poste de travail à la Mauritius Shipping Corporation. L’eau a beaucoup coulé entre sa première apparition publique et la nouvelle ère qui s’est ouverte pour le jeune quadra, aujourd’hui investi dans les soirées karaoke, une voie qui s’est imposée à lui, avec l’essoufflement des bands et l’absence des concours de chants qui ont fait les beaux jours de la MB.
Modeste, attachant et généreux ! Kishen Ramen incarne ces trois qualités propres aux petites gens du Sud de Maurice. à Rivière-des-Créoles, d’où il est issu, l’endroit baigne dans la culture ‘bhojpuri’, où les baitkas assurent l’enseignement de l’hindi. Donc, le petit Kishen s’en appropriera comme une troisième langue, et bien des années plus tard, il en verra les bénéfices.
Chez les Ramen, la famille est nombreuse, les revenus très moyens. Au sein d’une fratrie de six enfants, dont il est l’aîné, il s’emploie à terminer son parcours scolaire au collège Willoughby. Mais, à 12 ans déjà, la musique coule dans ses veines. Il taquine le vieil harmonium de son père, modeste chanteur de gamaat. à 16 ans, après le collège et quelques mois dans la construction, Vijay Mooneesamy l’approche. Ce dernier s’est déjà bâti une solide réputation comme directeur du Sargam Group, une formation qui écume le sud de l’île.
« Il a d’abord voulu me mettre à l’épreuve avec des voice tests. J’étais fan de Kumar Sanu, j’ai donné le meilleur de moi-même. J’ai fait mes débuts sur le podium. Vijay m’a presque tout appris », fait valoir Kishen.
Caudan Waterfront
Sa longévité, il la doit à la rigueur dans ses prestations, dont les répétitions où il tente toujours de trouver le ton juste, et sa capacité d’adaptation aux tendances. Durant une vingtaine d’années, il sera l’une des chanteurs vedettes du Sargam Group. En 1999, alors qu’il a acquis la parfaite maîtrise de son art, il décide de participer au concours La Gamme d’or dans la catégorie hindoustani. Il sera parmi les dix finalistes qui s’affronteront au Caudan Waterfront.
« C’était une bonne expérience. J’étais content de ma participation, même si je n’ai pas obtenu de prix. » L’année suivante, il se rattrape en remportant le premier prix pour une compétition de chansons tamoules. « Comme je connaissais les bases de la chanson indienne, il n’a pas été difficile de m’attaquer à la chanson tamoule. La voix reste la même, seuls la langue et le rythme changent », fait-il observer.
En 2003, il se classe deuxième au concours Sur Sargam et à la Telegum Competition. Rompu aux concours de chants, il se classe en troisième position à Hum Tum. « Au total, j’ai alterné les premières, deuxièmes et troisièmes places en six occasions », dit-il en rigolant
.La seule fois où le producteur du célèbre concours de chants indien Sa Re Ga Ma viendra à Maurice, il est au rendez-vous parmi la fine fleur de nos artistes. Une des prouesses qu’il aime faire ressortir, c’est sa performance lorsque le producteur est venu auditionner les concurrents dans les studios de la MBC, encore à la Rue Pasteur, à cette époque.
« Parmi les Mauriciens, j’étais la voix masculine qui avait été retenue, mais il fallait partir en Inde à mes frais. Comme je n’avais pas les moyens, j’ai dû renoncer au voyage. »
Humant les mutations dans le monde du showbiz à Maurice, il décide de quitter le Sargam Group en 2002 pour se mettre à son compte, en recourant au karaoké. « J’ai commencé par acheter un laptop, puis j’ai investi quelque Rs 175 000 dans les équipements. Ensuite, j’ai recruté les services d’une chanteuse pour élargir le registre des genres. » Pourquoi le karaoké ?
« Parce qu’il y avait déjà une forte demande pour ce type de chansons. Ensuite, les équipements sont légers et on ne se fatigue pas trop. » Mais les bases restent les mêmes, nuance-t-il. « Il faut que les voix soient justes. » Pour se donner toutes les chances, il s’adjoint un ingénieur du son, monte le Ramen Kishen Sound et se recrée une nouvelle identité sans jamais cracher dans la soupe. « Avec Vijay Mooneesamy, j’ai appris comment dompter le trac, affronter le public, chanter en groupe. Je lui dois au moins ça. »
« Une chanson de Balasoopramanian »
En 2012, il confirme ses talents en enlevant le prestigieux concours Star 2012, preuve s’il en fallait qu’il reste une valeur sure de la scène indienne mauricienne. « C’était une chanson de Balasoopramanian que je connaissais bien. Je l’avais en tête, donc j’étais en confiance », explique-t-il. Le seul inconvénient, ce que l’année suivante, il n’avait pas le droit de concourir. « Cette fois-ci, je me suis m’inscrit pour la compétition ghazal, il fallait s’y mettre rapidement. Ça a été mon prochain défi. »
Si la scène musicale hindou-stani ne nourrit pas son homme, elle a tout de même permis à Kishen de se créer une petite réputation à travers Maurice. Ses recettes, mises bout à bout parcimonieusement, lui ont permis de réaliser son rêve : construire sa maison. Et c’est aussi grâce à la chanson qu’il a pu décrocher un emploi durable. Depuis sa quasi-reconversion dans le karaoké, il explique qu’il n’a même plus le temps de souffler.
Toujours à la pointe de l’innovation, il a élargi son répertoire à la chanson européenne, grâce à Anishta, une jeune chanteuse qui a fait ses vocalises dans les reprises de Céline Dion et Adèle, couplées aux prestations de Narin Butaroo, un chanteur et showman qui, apporte une touche ‘old but gold’ grâce aux chansons des films de Shammi Kapoor. « C’est ce genre de spectacle qui est très prisé durant les mariages, c’est la musique, la chanson et le show », explique Kishen.
S’il a réussi sa conversion dans un domaine devenu très compétitif, c’est grâce à la qualité de ses spectacles, assure-t-il. « Les gens paient pour avoir de la qualité, et il faut aussi être inventif, innovateur et coller à son temps », fait-il ressortir.
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