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Kevin Ramkaloan, CEO de Business Mauritius : «Il reste encore du temps pour corriger les anomalies»

Certains points sur la relativité salariale demeurent flous, indique Kevin Ramkaloan. Le CEO de Business Mauritius se dit en faveur de pourparlers avec les autorités et recommande « une solution qui respecte à la fois les lois du pays, les intérêts des employés et notre modèle économique ». 

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Business Mauritius recommande à ses membres de maintenir une nouvelle fois le statu quo. Pourquoi un tel mot d’ordre ?
D’emblée, ce n’est pas un mot d’ordre. Chaque entreprise doit prendre la démarche qui lui convient le mieux vis-à-vis des nouveaux règlements annoncés. Cependant, en tant qu’association patronale, il est de notre ressort d’informer nos membres des consultations et des avis légaux que nous avons sollicités. Ce qui nous revient de ces consultations, comme l’explique l’« information note » circulée à nos membres ce lundi matin, c’est qu’il demeure plusieurs points de flou autour de ces règlements, et qu’il est impératif d’avoir plus de clarté sur ces points avant de pouvoir avancer.

Vous dites que ces règlements pourraient créer un « précédent potentiellement préjudiciable ». Que craint Business Mauritius ?
Comme le dit l’« information note », l’augmentation généralisée n’est pas conforme aux processus établis liés à une révision salariale. Elle ne tient compte ni des structures salariales existantes dans les entreprises, ni de leurs cycles de révision salariale, ni du fait qu’une majorité d’entre elles aient déjà implémenté les mesures de relativité. Nous avons aussi souligné que le processus établi de consultation auprès du National Remuneration Board et du National Wage Consultative Council n’a pas été respecté. Si cette démarche est avalisée, on aura établi un précédent qui permettra à l’avenir aux autorités de prendre des décisions de cette envergure sans passer par les processus institutionnels établis.

En attendant, il y a une certaine attente au niveau des employés depuis l’annonce du gouvernement. L’impression qui se dégage c’est que le patronat refuse de réajuster leurs salaires. Vos commentaires ?
Business Mauritius a toujours été favorable à l’objectif d’une île Maurice à hauts revenus. Le pays n’en est pas à son premier exercice d’ajustement salarial. Ces ajustements ont déjà été faits dans le passé, notamment suivant l’instauration du salaire minimum à Maurice – et cela avait été fait à la démarche et sous la prérogative des entreprises elles-mêmes. Depuis la révision du salaire minimum en janvier de cette année, la majorité des entreprises ont déjà procédé à des réajustements de salaires, en se basant sur leur politique interne de rémunération. La question de la volonté d’ajuster les salaires ne se pose pas – l’ajustement fait partie intégrale des politiques de rémunération des entreprises. La question qui est débattue aujourd’hui, c’est la manière de procéder, où des décisions ont été prises en outre des cadres législatifs prévus à cet effet.  

On note, cependant, que certaines entreprises se sont pliées aux règlements. Il n’est donc pas question de capacité de paiement d’autant plus que l’État a mis en place un plan d’aide pour soutenir les entreprises qui ne pourront pas payer. Qu’en pensez-vous ?
Une entreprise du privé est une entité indépendante et il y a une multitude de raisons qui pousseraient certaines à se montrer « compliant » devant les nouveaux règlements. Certaines peuvent effectivement avoir la capacité de payer et d’autres non. Mais le contentieux, comme mentionné plus haut, n’est pas autour du montant ni de la volonté d’ajuster les salaires, mais porte plutôt sur une question de principe, notamment sur la nécessité de respecter les processus établis, de manière conforme à la loi, et non pas avec une intervention excessive et unilatérale.

Business Mauritius exprime aussi des réserves sur le fait qu’il faut augmenter les salaires de ceux qui touchent plus que celui prévu par les Remunerations Orders. Selon certains syndicalistes et dans le milieu proche du pouvoir, il semblerait qu’il y ait confusion de la part du patronat, car la relativité salariale vise à corriger les récentes distorsions qu’on connaît indépendamment de ce que prévoient les RO. Vos commentaires ?
Ce n’est pas une confusion : l’ajustement salarial, dans le principe, vient ajuster les salaires après une révision du salaire minimum. Il ne faut pas faire d’amalgame entre les différents processus et politiques de rémunération. Ce sont là quelques-uns des sujets sur lesquels se penchent nos équipes légales.

Ne craignez-vous pas que ce genre d’appel à contester une loi - qui serait mal articulée, selon Business Mauritius – risque de paraître comme étant séditieux ?
Nous sommes réconfortés dans notre démarche par nos avis légaux. L’échéance pour les paiements des augmentations n’a pas encore été atteinte. Il reste encore du temps pour corriger les anomalies. 

Business Mauritius se dit prêt à poursuivre le dialogue avec les autorités pour « trouver une solution équitable ». Concrètement, que recommandez-vous ?
Nous recommandons, comme le précise notre communiqué, une solution qui puisse respecter à la fois les lois du pays, les intérêts des employés et notre modèle économique. C’est le principe de base que nous revendiquons ici et autour duquel nous espérons trouver un consensus.

 

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