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Kavy Ramano, ministre de l'Environnement : «Nous vivons dans l’angoisse d’un cyclone de catégorie 5»

Maurice est le 47e pays le plus exposé aux catastrophes naturelles sur 180. Les mesures sont mises sur pied pour contrer les effets qui nous frapperont dans le futur. Le ministère de l’Environnement ne baisse pas les bras. Kavy Ramano, ministre de tutelle, donne les détails du plan du gouvernment tout en dressant un tableau de la situation. 

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Comment le changement climatique pourrait nous affecter dans les années à venir ?
Maurice est régulièrement cité parmi les pays les plus vulnérables. D’ailleurs, et, selon le dernier World Risk Report, nous sommes classées au 47e rang des pays les plus exposés aux risques de catastrophes sur une liste de 180 pays. Pour preuve, nous subissons chaque année des événements climatiques extrêmes dont des crues soudaines qui ont de graves répercussions sur les Mauriciens. Nous vivons dans l’angoisse de la menace imminente d'un cyclone de catégorie 5 qui pourrait frapper notre île à tout moment en période estivale. En tant que petit État insulaire, Maurice est fortement vulnérable au dérèglement climatique. À titre d’exemple, la température a augmenté en moyenne de 1,2 degré Celsius, au-delà de la moyenne mondiale de 1,0 degré Celsius. D’autre part, le niveau de mer a augmenté de 5,6 mm par année, de 2003 à 2015, alors que la moyenne mondiale n’est que de 3,3 mm par année. Nous continuons à faire face à des événements climatiques extrêmes tels que des inondations. L’érosion de nos plages a atteint presque dix mètres dans certaines régions pendant les huit dernières années. Le futur est encore plus sombre avec des prévisions concernant la réduction de nos ressources en eau de l’ordre de 13% d’ici 2050 et un déclin dans notre production agricole de près de 30% pour la même période.   

Quelles sont les mesures prises et que vous comptez prendre pour contrer cela ?
Maurice s'est lancé dans un certain nombre d'initiatives visant à mettre en œuvre sa contribution déterminée au niveau national (CDN). Nous avons entamé la préparation de notre plan national d'adaptation qui touchera les secteurs de l’eau, la santé publique, l'infrastructure, la protection des zones côtières, l'agriculture et la pêche. En ce qui concerne l'atténuation, nous travaillons sur le développement d'une stratégie et d'un plan d'action pour réduire nos émissions. D’après notre CDN et, d'ici 2030, Maurice, a pris l’engagement de réduire de 30% ses émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, nous avons déjà identifié toute une série de secteurs prioritaires comme l’énergie et le transport.  

Les mesures prises comportent, entre autres, une série de projets novateurs en phase de finalisation à travers le financement du Fonds Adaptation. À travers ce projet (2012–2018) nous avons pu entreprendre des travaux de protection de nos côtes dans les régions de Mont Choisy, Rivière-des-Galets et Quatre-Sœurs. Nous avons mis en place un système d’alerte précoce pour le suivi des raz-de-marée, l’Early Warning System for Storm Surge qui peut générer des prévisions de trois jours (probabilistes) et chaque six heures (déterministes). Nous avons construit un centre de refuge à Quatre-Sœurs pour permettre l’évacuation des habitants de cette région côtière en cas de catastrophes naturelles. Il faut savoir qu’à ce jour, il n’y a que trois autres bâtiments de ce type au monde, dont deux se trouvent aux États-Unis et le troisième au Japon. Nous avons promulgué la « Land Drainage Authority Act » en 2017 cette année, pour consolider le cadre légal et institutionnel pour une gestion intégrée du système d’évacuation des eaux.   

La température a augmenté de 1,2 degré Celsius.

Et les projets en chantier ou à venir ?
Nous avons déjà un ‘National Climate Change Adaptation Policy Framework (2012)’ qui a pour but de nous permettre de nous adapter aux impacts négatifs du changement climatique dans des secteurs-clés comme l'agriculture, l'eau, la pêche et les écosystèmes, le tourisme et la zone côtière. Maintenant, il est temps d’évaluer et de remettre à jour ce cadre stratégique qui est un outil important pour l’adaptation à Maurice. Un projet, au coût de 3 millions de dollars US, est actuellement à l’étude au niveau du ‘Fonds Vert pour le Climat’ pour la formulation de plans d’adaptation pour des secteurs-clés tels que les zones côtières, les infrastructures, la pêche et l’agriculture. 

Mon ministère s’est engagé dans la formulation d’une stratégie intitulée « Low Carbon Development Strategy » et d’un plan d’action « Nationally Appropriate Mitigation Actions (NAMA) » dans le but d’intégrer des mesures pour atténuer les effets du changement climatique au niveau institutionnel.

Nous sommes en train de finaliser la préparation d’une loi-cadre sur le changement climatique, notamment le Climate Change Bill. Elle a pour objectif d’améliorer la capacité de Maurice de s’adapter aux impacts croissants du changement climatique. 

L’intégration du changement climatique dans le secteur du tourisme avec comme porte d’entrée ‘L’Eco-Tourisme’.

Des mesures audacieuses prévus dans les mois suivants?
(a)    Les Assises de l’environnement, prévues en décembre de cette année, s’achèveront sur un plan directeur sur le développement durable (Road Map, 2020 - 2023) ; et 

(b)    L’élaboration d’une stratégie environnementale nationale (National Environment Strategy, 2020-2030) pour aborder les questions écologiques sous l'angle du développement durable.

Est-ce qu’il y aura une campagne plus intense afin de sensibiliser le public sur le changement climatique ?
Nous voulons faire de l’environnement une priorité et une ambition nationale. Notre souhait, c’est que chaque Mauricien agisse comme un soldat de l’environnement (Environment Stewardship – clause 2 de l’Environment Protection Act). Plusieurs matériels de sensibilisation ont été élaborés sous forme de boîtes à outils, de clips vidéo, de jeux de cartes, de panne aux de représentation et de modèles interactifs numériques. Une "Web Platform » - information sur le changement climatique - est utilisée pour diffuser des articles de presse internationaux relatifs au changement climatique aux décideurs et aux autres parties prenantes. La même plate-forme est également utilisée comme un outil innovant par les étudiants, les associations de femmes et de personnes âgées et le grand public pour accéder aux dernières informations sur le changement climatique. 

La sensibilisation est faite de façon soutenue, mais nous allons intensifier une conscientisation à tous les niveaux : individuel, familial et sociétal, sur les effets du changement climatique et une série de priorités environnementales dans les années à venir dans l'optique du développement durable. Avec tout ce qui va remonter durant les Assises de l’environnement, mon ministère viendra avec des campagnes plus ciblées pour les différentes catégories de personnes.     

La participation du public au processus décisionnel en matière d'environnement et du changement climatique est sine-qua-non pour le développement durable. Je veillerai toujours que personne ne soit oublié et que chaque Mauricien bénéficie de tous les droits que nous souhaitons pour le développement durable à travers les Assises de l’environnement et le réseau national pour l'intégration du développement durable (National Network for Sustainable Development).

En quoi les Assises de l’environnement viendront soutenir la campagne du ministère ?
Les Assises de l’environnement’ visent à lancer une discussion structurée autour du thème transversal de l’environnement. L’objectif ultime est d’instaurer une culture de conscience écologique au sein de la population mauricienne et de s’assurer que tout se fasse dans le respect du développement durable. Les discussions axées sur les résultats viseront à améliorer la transparence, l’efficience et l’efficacité des réglementations environnementales. Elles permettront d’identifier les problèmes environnementaux et les solutions potentielles et de débattre sur les perspectives et les idées d'actions alternatives avec ceux qui sont directement touchés par ces problèmes. 

Les vastes consultations qui seront menées contribueront à définir la nouvelle stratégie de résilience de Maurice. Nous ne pourrons atteindre nos objectifs sans la collaboration et l’engagement de tous nos partenaires. Que ce soit les différents ministères concernés, les corps paraétatiques, le secteur privé, les ONG et la société civile, chaque Mauricien a un rôle dans ce processus. Seule une approche collective et solidaire pourra nous permettre d’atteindre nos objectifs.

 

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