Sa vie a basculé en une fraction de seconde... Il rêve de s’endormir et de se réveiller le lendemain en voyant que tout est comme avant. Juanito Béguinot reprend pied après un grave accident de la route survenu en 2010. Cela grâce au soutien indéfectible des siens.
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La perte d’une partie de son corps est l’un des drames les plus cruels que l’on puisse vivre. « L’amputation d’un bras ou d’une jambe n’est pas une situation qu’on accepte facilement. Le soutien et les conseils des médecins, des proches et des amis peuvent alléger votre souffrance, mais pour s’en sortir, il faut avant tout y mettre du sien », affirme Juanito Béguinot, 48 ans, originaire de Tamarin.
À le voir, on ne devinerait jamais qu’il est unijambiste. Juanito pratique en effet le cyclisme et l’équitation. « Je peux même danser », lance-t-il dans un éclat de rire. « Perdre une jambe n’est pas la fin du monde. J’assume totalement cette amputation, et je fais avec. Ma force de caractère m’aide à m’adapter à ma nouvelle vie. »
Retour sur l’accident
On est en 2010. Il est 19 h 30, Juanito est sur sa moto à 200 mètres du rond-point du Domaine Anna. Il file vers Tamarin. Une voiture double un autobus qui rentre à Flic-en-Flac. Juanito est percuté de plein fouet par la voiture. Au sol, il gît dans une mare de sang. Il a le tibia sectionné. La douleur est atroce. Son ami d’enfance se présente sur le lieu de l’accident. Il avertit les proches de Juanito. La police et les secours se rendent sur les lieux. Le blessé est conduit d’urgence à la clinique la plus proche. Sa femme le rejoint. Le médecin propose une alternative pour sauver la jambe de Juanito. « Je ne voulais pas d’implant en métal et de vis. J’ai compris que la meilleure solution était l’amputation », raconte-t-il.
Son séjour à la clinique est un cauchemar. Il y demeure huit jours. Les soins à la jambe blessée constituent un vrai calvaire. Il prend des calmants, subit en silence son amputation. De retour à la maison, il se remet graduellement. Ses amis lui rendent visite, annoncent qu’ils vont jouer de la musique. Juanito, lui, joue de la batterie et il est membre du groupe Sikotmore.
« Je voulais absolument les accompagner. J’en avais marre de rester au lit. Ils m’en ont dissuadé. » Au fil des jours, une obsession s’installe : il veut à tout prix se remettre sur pied au plus vite …
Il affirme être l’un des premiers amputés qui ont reçu une prothèse après 4 à 5 mois de rééducation. La souffrance, l’humiliation de Juanito seront autres : « Je n’ai pas autant souffert de l’accident que des allers et retours devant la justice pour obtenir un dédommagement des préjudices subis. Puis vint la délibération de la cour : la somme obtenue était si ridicule, elle a suffi à peine à couvrir les frais de clinique. » Il lui a fallu de la volonté pour reprendre ses occupations habituelles avec une jambe en moins. Il apprendra à surmonter ce traumatisme pour aller à l’essentiel. « J’ai appris à reprendre ma vie en main, à assumer mes responsabilités familiales. »
Pas facile pour cet enfant de Tamarin. Son père était employé d’hôtel, sa mère femme de ménage. Son Certificate of Primary School Education en poche, il rejoint le Foyer Terre de Paix, centre d’accueil pour les jeunes sans espoir. Il reçoit une formation technique en menuiserie et charpenterie. « Un choix que je re regrette pas, aujourd’hui, je rends à la société ce qu’elle m’a offert généreusement à mes débuts. »
Reconversion professionnelle
Ancien responsable d’un entrepôt d’import et export, il est père de trois enfants âgés de 22, 17 et 16 ans. Après son accident, il a dû se reconvertir professionnellement. Le voilà désormais responsable de l’Atelier technique de Rivière- Noire (ATRN) où il accompagne les enfants démunis âgés de 12 à 16 ans. Engagé social, il est aussi conseiller de village et responsable du club de cyclisme de Tamarin.
Si le destin a bousculé sa vie, Juanito se surpasse pour accompagner les enfants démunis de Rivière-Noire. « Nous les initions aux ateliers de soudure, menuiserie, sculpture et cuisine. Ils pratiquent aussi l’équitation et le cyclisme. Grâce aux bénévoles, ils bénéficient de soutien scolaire, de cours de rattrapage. L’ATRN veut leur donner une seconde chance dans la vie, les préserver des fléaux sociaux si présents dans l’ouest. Les instruire pour les sortir de la précarité, telle est la mission de nos accompagnateurs ».
Espoir pour les jeunes
L’Atelier Techniquede Rivière-Noire accueille des enfants défavorisés qui ont du mal à intégrer le cursus scolaire normal. « Ils viennent de milieux difficiles. La plupart d’entre eux ont été renvoyés de leurs écoles, ont des troubles de comportement, vivent dans la précarité. Nous leur apprenons un métier, au lieu de les voir trainer dans les rues et sombrer dans la drogue et l’alcoolisme », précise Juanito. L’ATRN accompagne les enfants, au-delà de 16 ans, pour les voir intégrer des formations en hôtellerie dans les établissements de la côte ouest.
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