Les partenaires de l’agriculture doivent accepter que le secteur agricole mauricien est confronté à des défis. Pour la secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture, Jacqueline Sauzier, il est important que l’industrie devienne un pilier moderne de l’économie.
[blockquote]« L’agriculture n’attire pas la jeune génération. Nous avons le devoir de revaloriser le métier d’agriculteur. »[/blockquote]
Le Budget 2016-2017 est annoncé pour le 6 juin. Quelles sont les attentes de la Chambre d’Agriculture ?
Nous avons soumis, comme tous les ans dans le cadre des consultations pré-budgétaires, les requêtes de la Chambre d’Agriculture. Le secteur sucre est confronté à de grands défis et à des difficultés financières. La Chambre d’Agriculture souhaite une révision de la législation afin d’éliminer la différenciation avec d’autres secteurs économiques, en particulier en ce qui concerne le droit du travail. L’industrie sucrière doit être intégrée à l’économie nationale.
Et quid du secteur non-sucre ?
Du coté non-sucre, nos requêtes ont tourné autour du programme Smart Agriculture et la revalorisation du secteur agricole. Nous souhaitons la mise en place de programmes de formation et de sensibilisation pour tous les agriculteurs, ainsi que la certification pour aller vers la réduction de pesticides. Il faut aussi une révision de la législation relative au secteur agricole, à l’enregistrement des agriculteurs, et à l’importation des produits chimiques. Le rôle des institutions liées au secteur non-sucre doit être revue et les produits revalorisés par une commercialisation pouvant assurer la traçabilité des produits.
Ce sont des propositions ambitieuses…
Nos requêtes sont ambitieuses mais tout à fait réalistes tenant compte de l’objectif avancé de mettre à la disposition des consommateurs mauriciens 50 % de produits d’origine bio d’ici cinq ans.
[blockquote]« Il existe dans la loi du travail régissant l’industrie sucrière des contraintes qui ne nous aident pas. »[/blockquote]
Il est question d’harmoniser les lois du travail pour l’ensemble de l’industrie agricole. Pourquoi ?
Le secteur de la canne fait face aujourd’hui à des défis importants. Avec la fin du Protocole Sucre, nous évoluons dans un marché libre et de plus en plus ouvert. Dans ce contexte, nous devons nous montrer réactifs et compétitifs. Nous devons minimiser nos coûts de production. Pour cela nous devons couper la canne au moment de sa production maximale et d’optimiser les frais d’usinage. Il existe dans la loi du travail régissant l’industrie sucrière des contraintes qui ne nous aident pas. Il est important de noter que tous les producteurs, y compris les employés, bénéficieront de cette optimisation.
La production sucrière est en baisse constante. Est-ce toujours à cause des facteurs climatiques ?
Les facteurs climatiques sont effectivement très importants pour une production sucrière optimale. Il est aussi vrai que les variétés plantées sont aussi importantes. D’où la nécessité de trouver des variétés plus adaptées aux changements climatiques. Nous pensons qu’il est important de faire un état des lieux de l’évolution des changements climatiques sur les 15 dernières années. Cette étude nous permettra d’affiner les recommandations variétales en fonction des changements climatiques.
Comment s’annonce la campagne 2016 ?
Elle s’annonce bien. La pousse a été meilleure que l’année dernière dans tous les secteurs de l’île et les résultats des premières analyses de taux de sucrose sont attendus. Nous avons également demandé aux producteurs de nous faire parvenir leurs premières estimations de production au 15 mai 2016 et le Crop Estimates Coordinating Committee se réunira le 17 mai prochain.
Y-a-t-il un manque de cohésion au sein du secteur agricole ?
Le secteur agricole est très vaste. Il y a les secteurs sucre et non-sucre. Dans le secteur non-sucre il y a encore plusieurs sous-secteurs, allant de la culture vivrière à l’élevage. Effectivement, vu de l’extérieur, il semble y avoir un manque de cohésion. Nous pensons qu’il est temps de fixer des priorités et de regarder certaines vérités en face. Le secteur agricole doit devenir un secteur prioritaire du pays pour sa sécurité alimentaire et pour la cohésion sociale. L’abandon des terres agricoles doit impérativement être stoppé. Cela devrait être une priorité des autorités.
La superficie des terres destinées à l’agriculture continue à se réduire. Pourquoi, ce désintérêt de la communauté de planteurs ?
La superficie des terres agricoles reste elle-même assez stable, mais c’est la superficie de terres agricoles qui ne sont plus cultivées qui augmente. Il y a plusieurs types d’abandon selon le secteur, sucre et non sucre.
Quels sont ces types d’abandon?
En ce qui concerne le secteur sucre, la dernière étude réalisée par le Sugar Insurance Fund Board en 2010 sur l’état des lieux de l’abandon des terres, donne de multiples explications : manque de main-d’œuvre pour s’occuper des terres, baisse du prix du sucre couplé à une augmentation des frais de production. La succession n’a pas les moyens de s’occuper des terres, de la spéculation foncière, et des développements immobiliers. Cette étude fait ressortir que 89,2 % des terres abandonnées étaient des plantations de moins de deux hectares. Il serait intéressant de réactualiser ces informations et vérifier s’il y a toujours environ 4 500 hectares de terres à canne abandonnées.
En est-il de même pour le secteur non-sucre ?
En ce qui concerne le secteur non-sucre, la situation est beaucoup plus simple. La population agricole est vieillissante et l’agriculture n’attire pas la jeune génération. Nous avons le devoir de revaloriser le métier d’agriculteur et de trouver des moyens pour ramener cette nouvelle génération vers les métiers de la terre.
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