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Ivan Collendavelloo: «On aurait pu éviter ces soubresauts au sein du gouvernement»

Ivan Collendavelloo, leader du Muvman liberater
La situation au sein du gouvernement, le malaise Bhadain-Lutchmeenaraidoo, ou encore la fuite des documents bancaires. Ce sont là autant de points soulevés dans cet entretien avec Ivan Collendavelloo, leader du Muvman liberater et No 4 du gouvernement. Venons en maintenant au dossier énergétique. Le spectre du blackout vient de ressurgir avec les coupures d’électricité survenues au courant de la semaine… Il ne faut pas croire le fruit d'hystérie de certaines personnes qui ne comprennent rien à ce qu’ils disent. Il n’y a pas de blackout et cela décontenance l’opposition qui avait brandi le spectre du blackout en décembre dernier. Ils sont déculottés et avaient reporté le blackout pour le mois de mars de cette année-ci. L’on veut tout simplement prendre une panne passagère comme prétexte pour crier au blackout.
Venons-en aux faits : Mardi dernier une ligne très importante de 66 KV dans le sud du pays a connu des dérangements, ce qui a privé 30 000 abonnés d’électricité. Immédiatement le Central Electricity Board (CEB) est intervenu et a fait entrer en jeu deux turbines d’urgence. Premièrement celle de Nicolay et de Plaine-Champagne ce qui a permis à ces abonnés d’être reconnectés seulement trente minutes après.
[blockquote]« Je regrette qu’il ait décidé de quitter les Finances pour les Affaires étrangères. »[/blockquote]
Ensuite dans la nuit, le CEB est allé inspecter l’origine de cette panne. Une malheureuse chauve-souris s’est empêtrée dans un transformateur, ce qui a grillé tout le réseau. Cela arrive. Le CEB a tout réparé. Maintenant on vient dire qu’il y a eu d’autres pannes. Il y a eu des interruptions volontairement causées par nécessité de maintenir et de reconstruire le réseau. Lorsque j’ai assumé la responsabilité de ce ministère, je me suis attelé au dossier du réseau électrique. J’ai en ce sens nommé Gérard Hébrard à la tête du CEB et je lui ai dit que sa première mission devra être d’inspecter le réseau électrique, car j’avais reçu un rapport accablant à ce sujet. Je lui ai aussi demandé de se pencher sur un programme afin de prévenir contre les cyclones, ce qui n’a jamais été fait au temps du Parti travailliste. Et évidemment lorsqu’on reconstruit le réseau, il faut interrompre le courant pour procéder à des réparations, au cas contraire on est exposé à des risques d’électrocution. Je regrette de constater qu’il y a des personnes qui sont en train de dénaturer les faits afin de créer de la panique dans le pays. Les récentes déclarations de Sangeet Fowdar ainsi que le mini remaniement ministériel sont-ce des signes d’une crise au sein du gouvernement de l’Alliance lepep ? C’est un passage obligé pour tout gouvernement et cela ne se passe pas qu’à Maurice. Evidemment il y a des soubresauts que l’on aurait pu éviter, mais qui sont dans le cours naturel de toute organisation. En ce qu’il s’agit du Muvman liberater (ML), la position du parti est clair : Vous ne pouvez pas être au gouvernement et à la fois en dehors du gouvernement. On a le droit d’être mécontent et on peut bien avoir des choses à dire, mais la solidarité vis-à-vis du parti est un élément essentiel. Fowdar s’est donc lui-même exclu du parti et je trouve cela étonnant quand il vient dire qu’il est toujours au sein du ML. En ce qu’il s’agit de la polémique entourant Vishnu Lutchmeenaraidoo, l’affaire est actuellement entre les mains de l’Independent Commission Against Corruption (Icac), nous observons comment cela se passe. Quant à moi je ne vois rien d’anormal dans cette affaire. Je dois cependant dire que je regrette qu’il ait décidé de quitter les Finances pour les Affaires étrangères, mais un remaniement est un exercice tout à fait normal. Les documents bancaires de l’ancien ministre des Finances ont fuité dans la presse au même moment où il se trouvait en situation de délicatesse au sein du gouvernement. Simple hasard ? D’abord je trouve cela scandaleux qu’un document bancaire puisse sortir de la State Bank of Mauritius (SBM) pour se retrouver dans la presse. C’est du jamais vu. Il faut une enquête. Il faut que la SBM prenne ses responsabilités et agisse immédiatement. Le secret bancaire ne peut être levé que par un ordre d’un juge et ce au profit d’une institution bien définie telle que le Commissaire de police ou l’Icac. Dans ce cas précis que voyons-nous ? Il y a quelqu’un à la banque qui prend le document d’un client et qui va le donner à la presse. Si j’étais l’avocat de Vishnu Lutchmeenaraidoo j’aurais conseillé des poursuites immédiates contre cette banque. Quel était le but de cette manœuvre selon vous ? Allez poser la question au responsable de la fuite. Vous le connaissez ? Non. Mais j’aurais bien aimé le voir devant moi uniquement pour voir à quoi ressemble un filou. Revenons maintenant à la situation de Sangeet Fowdar. N’y aurait-il pas une part de vérité dans ses propos ? Là n’est pas la question. Même si tout ce qu’il dit est fondé, ce n’est pas à lui de le dire, car il ne peut avoir un pied dans le gouvernement et l’autre pied en dehors. C’est lâche et ce n’est pas le rôle d’un député du gouvernement. Lundi après la réunion du comité exécutif du ML, certains membres ont déploré le fait que les dirigeants du parti ont agi comme des dictateurs en privant le député Fowdar de son droit à la parole ? Je n’ai aucun commentaire à faire à ce sujet. Mais les points soulevés par Sangeet Fowdar ne vous interpellent-ils pas comme No 4 du gouvernement ? C’est évident que cela m’interpelle. Mais ce n’est pas un débat qui doit être fait en public. C’est un débat qui doit être mené dans les instances du parti. Si vous voulez en débattre en public vous n’avez qu’à rejoindre l’opposition. Si on n’est pas content à l’intérieur d’un parti faites comme moi. Lorsque je n’étais pas d’accord avec le Mouvement militant mauricien j’ai eu le courage de démissionner et d’aller créer mon propre parti. Il demeure cependant un fait que plusieurs projets d’envergures ont pris du retard et que cela semble aujourd’hui avoir des conséquences sur la fourniture d’électricité… Il y a eu du retard je le concède. Mais ne mettez pas ça sur le dos du ministre. J’ai dans un premier temps refusé d’utiliser l’Emergency Clause car j’estimai qu’il n'y avait pas d’urgence. Le blackout n’étant pas pour demain. Il y a eu, avec l’appel d’offres pour l’achat des moteurs à la station de Saint-Louis, plusieurs lacunes avaient été découvertes, ce qui fait que le Central Procurement Board a dû tout annuler et avec raison. Il y a donc eu un deuxième appel d’offres qui a aussi buté sur des litiges devant l’Independent Review Pannel. J’ai par la suite demandé au CEB de signer le contrat avec la BWSC. J’ai pris mes responsabilités, l’avenir dira si j’ai eu tort et j’aurai à ce moment là à subir les conséquences. Un autre dossier prioritaire de votre ministère se trouve être la privatisation de la Central Water Authority (CWA). Du nouveau ? C’est un projet qui fait son chemin. Mais lorsqu’on parle de privatisation, il ne faut pas croire qu’on est en train de vendre la CWA à une entreprise ou à une personne. Ce n’est pas le cas où devrai-je dire ce n’est certainement pas le cas. Je récuse les structures actuelles de la CWA, qui sont dépassées. On ne pourra continuer avec un tel galimatias. C’est une structure qui est allée d’échec en échec. Aujourd’hui la CWA est endettée de plusieurs milliards de roupies. Je dois m’attaquer au mal. Cela se fera bien évidemment dans le consensus. J’attends le rapport de la Banque mondiale, qui me sera remis à la fin du mois de mars ou avril.
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